pour Charles Mespoulède et Henri Lamy
d’après une étude publiée en 1927
par Gaston Guillaumie
agrégé de Grammaire et natif d’Atur
1. Avant-propos 2.
Introduction |
4. Glossaire : I. La nature II. La terre et ses aspects III. L'eau IV. Routes V. Le règne végétal VI. Le règne animal VII. La maison VIII. L'ordre et le ménage IX. En dehors X. Les travaux rustiques XI. L'activité XII. La propriété |
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5. Lexique 6. Version imprimable (pdf : 2,85Mo) |
Les mots composant le glossaire ont été exclusivement recueillis sur place, dans le canton de Saint-Pierre de Chignac, […].
V. LE RÈGNE VÉGÉTAL
1) La plante et ses parties
Ne disent germe et germã que les paysans affectant de parler français ; le vrai nom du germe est lou jitou, et quand la germination commence, on dit co jitolo ! Le germe de la pomme de terre s’appelle lou tudèu, et on dit tudelã, au lieu de jitolã. […] Quand il s’agit d’une petite pousse au printemps, on dit : un bissou (verbe : bissounã) ; pousser se dit aussi greiã, et pousser de nouveau : regreiã ; on dit aussi : rejitounã. Croître, se développer se dit rarement creisse, le vrai mot est froujã (qui s’emploie aussi pour la croissance des enfants et pour les souhaits Diu te frojo ! Quand la pousse est développée et devient une tige, on l’appelle : uno jieto, uno flaio et, dans la zone S.E., uno gueisso. La sève est la sabo, et quand l’écorce se sépare du bois, on dit : sabã (les enfants enlèvent alors l’écorce à la tige du châtaignier en frappant avec le dos du couteau, pour faire des chalumeaux ou chabreta). L’écorce ne se dit guère eicorso : on dit la peù et la rusclo. La racine ne se dit pas rasino, mais : rai ; une grosse racine est un reijau et lou reijun désigne les radicelles, le chevelu ; prendre racine : reijã (zone S.E. : gueissã). Quand une touffe d’herbe se développe au pied d’une tige, on l’appelle uno pauto et pautejã : former des touffes par rejetons, au pied. Les boutures s’appellent : la barbada.
Le bourgeon, c’est lou boutou, lou bouiou et lou bourrou, avec les verbes correspondants : boutounã, bouioulã, bourrounã (sauf pour la vigne : belaujã) ; flour, flourido, désignent la fleur et la floraison. Pour dire éclore, on emploie indifféremment les verbes eisi, eipeli et eipana (plutôt s’épanouir) ; blasi et frousti voulant dire se flétrir. La bauquèlo ou la chapolo est le capitule ou l’ombrelle (verbe : chapoulã) et eiripoulã, c’est enlever les graines d’un capitule. Le minou est le chaton du saule.
2) Quelques « simples » [je peux en fournir bien d’autres pour les intéressés]
alarge chardon à feuilles tendres
alèdo œillet du poète
ander (ou couparet, couparolo) coquelicot
autrujo ortie
baumo menthe sauvage
blavè centaurée bleue
boulo de nèvio obier
brouto-chabro chêvrefeuille
bè de graulo renoncule des moissons
bourrajou vipérine
catapuço euphorbe
caraflè (ou girofleio) giroflée
centaureio (ou gentiano) gentiane
cinq cota plantain
coto (ou peto-rosso) centaurée
couo de renar vulpin des champs
coucu primevère
couchou pissenlit des vignes
couriado liseron
creipo d’aigo (ou sieto d’aigo) nénuphar
dedau (ou gant) digitale
edro lierre
eitranglo-ché colchique
erbo de la rato laurier blanc, scolopendre
erbo a la coupura valériane
erbo de la jaunisso bardane
erbo de Sen Jan armoise
erbo d’or hélianthème
erbo sacrado (ou varvèno) verveine
faroucho trèfle incarnat
flour de mar violette
flécho d’aigo sagittaire
gau (au pluriel seulement doù gau) pissenlit
gratareù renoncule des moissons
grapaudino renoncule aquatique
guimauvo guimauve
gui (ou vé) gui
guissaho clématite
jounquilho (ou courbo-dono) narcisse
lengo de bióu pulmonaire
leri lys
luzarno luzerne
malino de coucu primevère
margarito (ou pinpanèlo) marguerite
mauvo mauve
mento menthe ordinaire
milocro (ou trigalan) millepertuis
mossié fraisier des bois
paradèlo patience
paùto-loubo bouton d’or
pebrilho thym
pè de lauveto pied d’alouette
pirèto chrysanthème
pimpenèlo pimprenelle
pensado pensée
pivoino pivoine
pinèu prêle
sauvio sauge
soulei tournesol
tin batar (ou trifoulé) serpolet
tranuso chiendent
ulhet (ou damo) œillet
vierjo campanule feuilles de pêcher
3) Champignons (commestibles) [je peux en fournir d’autres pour les intéressés]
champignou (ou curnorèu)
boutarèu bolet commun
dounjau oronge
filho (ou filholo) lèpiote élevée
girilho (ou girodèlo) girolle chanterelle
lengo de biou fistulaire
la morilha les morilles
musca (ou rosa) agaric [rosée] des prés
lou piblè bolet raboteux
4) Plantes alimentaires
artichau artichaud
bledo (bledarado ou juto) betterave
bleido blette
caroto carotte
coujo (ou couio) citrouille
choù chou
celeri céleri
chicou laitue romaine
chicoureio chicorée
chapolo oignon monté
cosso (ou calofo) gousse
cufèlo gousse vide
coursounèlo scorsonère
douçèto mâche
eiricèu persil
eisarmino cerfeuil
eichaloto échalote
favo fève
fanouei fenouil
garaubo (ou jerzèlo) gesse
gausso ail
ignou oignon
letujo laitue
mounjeto haricot
nentilho lentille
pipou pourpier
pesèu pois
pourrado poireau
poumo de tèro (zone S.E.: poumpiro) pomme de terre
rabo rave
rabanèlo le raifort
rafe (plus souvent : lou rafei) radis
5) Fruits
Un fruit se dit : un fru ; les fruits en général : la frucho, la fruchalho. La fructification est la fruchado. Fructifier : fruchã. Quand un arbre produit pour la première fois, on dit se fruchã. Cueillir les fruits se dit bien culã, amassã, mais on dit aussi deifoulã. Cueillir les fruits avant leur maturité se dit deiverdiã (ce verbe veut dire aussi, en général faire quelque chose de prématuré ; une fille mariée trop jeune est dite deiverdiado). Un fruit hâtif, précoce est appelé : proumeirou (féminin : proumeirolo) et, au contraire, tardif : dareirou (féminin : dareirólo). Dans la zone S.E., le fruit précoce est appelé abouriu (féminin : abourivo). Laisser dessécher les fruits sur l’arbre se dit regauti ou regouti (de la cirija regautida). L’arbre fruitier (aubre fruchié) est appelé annadié s’il ne produit pas tous les ans et tari, s’il est stérile. Gauler les fruits s’exprime par les verbes latã et surtout abalhã, la gaule est la lato ou la vinzèlo. On dit brandi un prunié (secouer un prunier).
La corbeille où l’on entasse les fruits s’appelle ordinairement uno daisso, mais on dit également uno benisso, et dans la zone S.E. : uno garbèlo. Si la corbeille est très grande et clayonnée, c’est une bousso (diminutif : un boussou). Une pleine corbeille est une benissado ou une garbelado. Pour faire sécher les fruits, on les étend sur une claie ou clesso (féminin pluriel : la clessa).
Pour désigner le noyau du fruit, on ne dit pas : noujeù ni noujau, mais un (z)o et quelquefois (zone sud-est) : la cleco.
Madur (féminin : maduro) veut dire que le fruit est mûr ; asse (féminin : asso) qu’il est sur, apre, agre : acerbe ; aisse (féminin : aisso) : acide ; agrichou (féminin : agrichoto) : aigre. L’âpreté s’exprime par les adjectifs jabre (féminin : jabro) ou sourbareù (sourbarèlo). Si le fruit est blet, on l’appelle chaupi (chaupido) ou chaupre (chaupro) ; chaupreja : devenir blet.
Se bonifier se dit se bounifia ou abounesi ; se moisir : moueisi, bourra ou prene bourro. Le sauvajun est le goût sauvage. Un fruit de bonne espèce se dit de bouno espeço ou de boun seme. Quand le fruit se pourrit, on dit bien se puri, se gatã, mais surtout se cussounã, le cussou, étant le ver du fruit […]. Le ver de la cerise est lou moutou ou lou beli (moutounã : se gâter, en parlant de la cerise).aussanelo (ou peirouli) fruit de l’aubépine
amèlo amande
amélié amandier
amouro framboise
bigarrèu bigarreau
birbiri groseille
cirijo (et cireijo) cerise
cirijo troumpo-jai cerise blanche
cireija cueillir les cerises
coudouei coing
fijo figue
lou fijié le figuier
freso fraise cultivée
maufo (ou mausso) fraise des bois
remaussié fraisier sauvage
nousilho noisette
nousilhé noisettier
pero (ou perou) poire
perou eitivous poire d’été
presé pêche à noyau adhérent
preseje pêche à noyau non adhérent
la(s) prouseja autre mot pour désigner les pêches
meneplo nèfle
meneplié nèflier
6) Noix
Le noyer s’appelle un noujié, et noujareù, s’il est petit. La noujarèdo est une noiseraie. La noix est lou cacau, et uno cacauda est une grosse noix. Lou cacalou est la petite noix que font circuler les amoureux dans les veillées. Un cacau courdura est une noix à coque très dure avec des rugosités prononcées […] ; un cacau bufeù est une noix vide. La coquille est lou tè (on les brûle et les cendres servent à la bujado : lessive) ; lou tessilhou désigne les débris de coquilles quand on a fini d’énoiser. La coque verte est la calofo ou la tanoto. […]. Un cerneau s’appelle un nougalhou. Le zeste de la noix s’appelle la cloueisou, ou la clia ; un lobe : uno cueisso, […]. Ouvrir une noix : drubi un cacau.
Gauler les noix, c’est abalhã. Pour énoiser, on dit indifféremment einousilhã ou nougalhã, et les personnes employées à ce travail lou(s) einousilhairei. Le maillet est la masseto ou la malhocho […]. Casser les noix se dit cassa mais souvent trija.
Pour désigner le pressoir, il y a plusieurs mots : lou treur (cf. buti lou treur : pousser le pressoir) ; lou troulhadour ; lou chauchadour. […].
Le verbe usité pour désigner l’action de presser est troulhã ; presser une seconde fois, c’est retroulhã et lou troulhé : celui qui presse, le meunier. Une pressée se dit uno troulhado, uno sarrado, uno passado. Le résultat de la pression : lou troulhadi. Faire l’huile au tiers, c’est tarsiã. Le résidu est la racho d’oli ; le marc est lou nouja ; boueirã lou nouja, c’est brasser le marc, et racliã, c’est le racler. L’huile s’appelle : oli blan (vierge), oli negre, oli de chalei. On met l’huile dans un cruchon appelé busou. La lie qui se dépose s’appelle la pouto (on y trempe des hampes sèches du bouillon-blanc ou de l’asphodèle pour faire de petites torches appelées lou blau, qui servent à la messe de minuit).Locutions et proverbes :
ma cervèlo ei plugnado coumo cacau que van troulhã
un cacaudaire : amateur de noix
rire coumo un toumbo-cacau : rire à faire tomber les noix
uno fenno cacaudo : femme appétissante comme une belle noix
qu’ei dou coumo machadi de cacau : comme si on mâchait une noix
7) Châtaigne
On dit dans tout le canton la chatigno, sauf dans la zone S.E. (la castagno). La bogue épineuse est lou pelou. Uno pelounièro est un tas de châtaignes recouvertes de feuilles contre la gelée ; eipelounã, c’est enlever la bogue. On ramasse parfois les châtaignes avec de grosses pinces en bois : lou forfei (cf. la locution proverbiale fã lou forfei, fabriquer des pinces à châtaignes, signifie : s’occuper à des riens). Quand la châtaigne s’élance de bonne heure hors de son enveloppe, on dit la chatigno s’eicalo. La châtaigne avortée est : uno bobo, uno froutino ou uno meissounjo. A demi-avortée, elle est appelée gro-tiou. Le tégument externe est la peù ou la calhofo ou la curalho. Le tégument interne est lou tan, et eitanã, c’est couper cette peau. Chatignã, c’est récolter les châtaignes, la chatignasou (la récolte) ; on fait sécher les châtaignes sur une claie ou cledié [ou cléié], et, pour éplucher les châtaignes sèches (verbe : trussã), on les secoue dans un sac appelé : trusso ou trussadour. Le crible à clisse pour blanchir les châtaignes est uno grelo. Blanchir se dit eichauvã, eiviroulã ; l’outil-brassoir pour blanchir est le deiboueiradour, ou eichauvadour, ou eiviroulaire. La châtaigne bouillie dans sa peau est la boursado. La marmite oulo [on emploie aussi un toupi]. Les châtaignes grillées s’appellent virous ou chauveil.
On ne doit pas faire griller de marrons avant que le blé ait germé, de peur que le blé ne soit atteint plus tard du purridié.
8) Les bois
Lou bouei signifie les bois ; on dit : a la ribo dóu bouéi (à la lisière du bois). Pour désigner l’arbre, on dit : l’aubre (diminutif : aubrissou, aubrilhou) et l’aubralho, c’est l’ensemble des bois. Un taillis : un talhadi, et un taillis de chênes, uno borgno, de châtaigniers : un picadi. Un fourré, c’est un fourra, mais aussi uno gorso ou uno frouchado, un hallier est un rounzenié ; la broussaille : la broudicho (adjectif : broudichous-ouso). V. broudichã (agiter les broussailles). Les mots brando, brujo, servent à désigner la brande, la bruyère. Un champ de bruyères est uno brujiéro ou un brujau, et deibrujã, c’est défricher. Foujièro, c’est la fougère.
Une souche est uno cosso, et uno coussujo ; si elle est creusée par le temps, c’est uno cagorno, ou uno cadorso. On appelle caborno l’excavation qui s’est creusée dans un vieux tronc, qui est dit cabournu (féminin : cabournudo). Le tronc est appelé trounso, et la cime de l’arbre la quincarolo. L’enfourchure des branches est uno cafourcho (ce mot désignant aussi un carrefour).
Pour désigner la branche, le mot brancho est du français [déformé]. On dit uno brocho, la brocha ; une petite branche : un brouchou ; et quand elle est bien sèche : un coudoursou. La brouto signifie les branchages des jeunes taillis. Un rameau se dit un rampan […]. Sa bidoursã se dit d’une branche qui se replie.
La feuille se dit felho, la felha ; boueirejã din(s) la felha, c’est faire du bruit dans les feuilles ; on dit aussi eifoulhassã : chercher sous les feuilles. Verdesi et verdejã, c’est devenir vert, verdoyer ; capi c’est pourrir (dóu bouei capi, ou dóu bouei cussouna ; lou brenadi, ou lou cussounadi, c’est la poussière des vers.
Le bûcheron s’appelle un bucho-bouei ; dans la zone sud-est, on dit : un buscaire, et le charbonnier : lou charbounié, qui habite dans une cabane en chaume ou glojo. Sa hache est l’acho, et la cognée : lou deitrau. Il fend des bûches avec des coins ou picassou, cougnassou. Cette opération s’appelle bien bouchã, mais on dit aussi asclã et eiclassã.
Le verbe eiclopã ne s’emploie que pour fendre en menus morceaux ; on dit aussi eiclapounã et un eiclapou est un copeau. Le mot riban ne désigne que les copeaux ou rubans des menuisiers.
Un éclat de bois s’appelle : asclo (masculin), jardo (féminin), et, quand il est tout petit : uno eitrinclo. Le bois menu, c’est la baudeio, dont on fait lou fago. La branche qui sert à attacher les fagots s’appelle : uno redorto ou uno brocho de redoundo.
Pour les grands travaux des bois, on dit : eiboueijã (déboiser), l’eiboueijamen, et uno boueijo est une partie déboisée ; eitrouncã : couper les grosses branches ; eibarrancã : ébranler ; eichabessã : étêté ; deifelhã ou deiramã : défeuiller ; eicoussã ou eissoutã : enlever les nouvelles pousses ; eissoulhã : faire tomber les pousses avec le dos de l’outil. Broussalhã ou broudichã, c’est ramasser du bois mort.Mots employés seulement par les très vieux paysans :
ruclã : passer du bois vert dans le feu pour enlever l’écorce ; chapujã : dégrossir une bille de bois à la hache ; brounde (féminin : broundo) : cassant, en parlant d’une branche sèche ; marn : grosse branche, marnadi (enfourchure de deux grosses branches) ; rascolã sur un aubre : grimper sur un arbre.
Proverbes :
onte un aubre ei toumba lou mounde fai soun faï
lou fio din t’uno vielho cosso ey pu maleisa de tuã que dint’uno jóuno flaio (à propos des vieillards amoureux).
9) Arbres et arbrisseaux
l’ajou ; aleje (ou alejou) l’ajonc ; petit ajonc
l’aubar le saule
l’aubarèdo la saulaie
l’assalè, eissalé le petit saule
l’azerau l’érable
lo balaio le genêt
lou betou le bouleau
lou bouei-blan la viorne
lou bouei carra le fusain
lou boueissou blan l’aubépine
lou boueissou negre le prunelier
lou bouei de poudro la bourdaine
lou brouto-chabro (ou lechro-chabro) le chèvrefeuille
lou chaupre le charme
lou chatan le châtaignier
lou cirié le cerisier
lou coudounié le cognassier
lou fraisse le frêne
lou faiar le hêtre
lou gaboulhan (ou l’agrafer) le rosier sauvage
lou grafuei ; lou bregou le houx ; le petit houx
la guissabo la clématite
lou janébrié le genèvrier
lou jarri le chêne
uno jarrissado une chênaie
(on dit lou casse dans la zone S.E. ;
on appelle encore le chêne un rouveù, un rouveù glandié ;
un petit chêne rabougri s’appelle un tausi, ou jarri blanchié (le chêne truffier) ;
lou meiran est le bois de chêne pour les futailles ;
le gland se dit l’aglan)
lou nousilhé le noisetier
lou noujié le noyer
l’ourmè l’orme
lou pudi le troène
lou périé le poirier
lou poumié le pommier
lou pressejié le pêcher
lou pible (ou lou tiblo) (la tiblei) le peuplier
lou pinié le pin
un pinareù un jeune pin
lou rampan le buis
la roundrei les ronces
lou sueicau le sureau
lou vergne l’aune
uno vergnasso une aulnaie
lou vime (ou lou velissou) l’osier
(l’osier pour les paniers s’appelle l’assalè)
la vimenièro l’oseraie
10) Céréales
Le maïs s’appelle lou gro bla, lou bla d’Espagno ou lou blespagno. Dans certaines parties du canton, on dit lou bigarrouei (un champ de maïs : uno bigarrroueino ; on attribue son introduction en Périgord à un évêque venu du pays de Bigorre) ; l’avoine : l’avèno ou la vèno ; le seigle : la segle ; l’orge : l’orge ; le sarrazin : lou bla negre ; l’orge d’hiver : la balharjo. Le tuyau de l’épi de maïs s’appelle lou tudeù ; le spathe : la panoulho ; la rafle de maïs : un cacaro, ou uno coudouflo. Dans les veillées, on détachait les grains du maïs en frottant vivement les épis sur la queue d’une poêle ; cette opération s’appellait : eigrunã lou gro bla.
Dans tout le canton, le blé se dit : lou bla, et emblaver : bladã. Une emblavure : uno bladado ; la semence : bladadi. Ensemencer se dit aussi : semenã (lou semenage) ; les semailles : la semena, ou encore : la sennasou, la bladasou. Le semeur : lou sennaire ou lou bladaire, et le panier où il met le grain : un panié sennadour. Une terre abondante en blé est uno tero bladiero, et, quand on l’emblave tous les ans, on dit : chadran ; la terre ensemencée est dite : cuberto.
L’épi de blé est uno eipijo ; quand le blé commence à mettre des épis on dit : lou bla eipijo. La barbe de l’épi est la bardolo ou la jardo ; l’épi bien grenu se dit : eipijo pleno ou granudo, ou un eipijou boutelha. Pour désigner un blé très lourd en épis, qui courbe la tête, on dit : doù bla muralha, doù bla pina, doù bla que fai lou cóu d’aucho. Un champ de blé où les épis sont drus et denses, se dit : doù bla founzous ; devenir dru : drucã, drujã. On appelle le blé de mars : bla marsè (féminin : marsècho, de la civado marsècho).
Un grain se dit : un gru (diminutif : grusilhou). La barbule des grains de blé se dit : la jarboulo ; la bale : la balo, la balufo, la palhoco et, si elle est menue : la palharjo. Un blé qui produit beaucoup de paille est dit : palhous (féminin : palhouso).
Moissonner se dit meitivã, medre ; couper le blé à la faucille : sejã ; le moissonneur : lou meitivaire ou lou sejaire ; la moisson : la meitivo, quelquefois : la meitivasou. On se sert de la faucille (faucilho), appelée parfois voulan, dont l’étui se nomme uno badoco. Lou javèu ou la javèlo est une javelle ; la gerbe se dit : gerbo.
Lier la gerbe se dit : eitosã ou lhã (avec un lhan). Pour entasser les gerbes en meules, on dit : plugnã la gerba ; engerbã signifie aussi en faire un gros tas. Le verbe gerbeia et l’adjectif gerbeious (gerbeiouso) veulent dire abonder, abondant en gerbes.
Pour désigner une meule de gerbes, on dit : uno gerbiero, un plougnou, plugnou ou plugna. Si le tas est petit et ne contient que cinq ou six gerbes, on dit : un bauchié, et abauchounã, c’est faire plusieurs de ces tas. La réunion de plusieurs bauchié est uno malho (verbe : malha). La fête de la moisson s’appelle la gerbo-baudo.
Glaner se dit : glanã ou eipijã, et le glaneur : glanaire ou eipijaire.
[…]
L’aire de battage se disait : la solo (très rarement, les vieux paysans disaient l’eirau).
On désigne par boueiro un mélange de blé, d’orge et de seigle. Un bassa est un grand sac de blé en réserve. Mesurer le grain se dit eiminã. L’eimino est une mesure de 16 litres, et la raso la mesure de 4 litres ; la mouderiero est le sixième du sac et la carto, le quart.Locutions et proverbes :
- eran a souladas : être épais et nombreux comme les grains dans l’aire ;
- tant de cops la calho chanto l’eitiu, tant de cartous de bla i óuro dins l’annado ;
- qui trabalho minjo la palho, qui fai re minjo lou fe ;
- tourna blã sus rastoul : semer à nouveau du blé sur un sol non déchaumé ;
- a la prumiera javèla, lou coucu quito la tèra.Légende :
Il ne faut pas cuire ni manger de marrons ou viróus avant que le grain ait germé, sinon le blé sera atteint de la maladie du purrigié (pourriture des grains).
11) Vigne
On dit la vigno, mais bien plus souvent la vi. Un vignoble est un vignau ou uno vignèro ; une vigne sauvage : uno rasinièro. Les boutures racinées : la barbada. Les marcottes : lou santabou. Une souche est uno coussujo ; si elle est très biscornue, on l’appelle uno dorgno. Une branche coursonne s’appelle un co. Le cep : uno cosso ou un vi. La treille : la trelho. Le sarmant est l’eissirmen. L’œil de la vigne est lou bourrou ; belaujã : être en fleur. Le raisin : lou rasin (verbe : s’enrasinã, se couvrir de raisins). Le raisin en fleur : la formo ; l’inflorescence : la mano. Quand le raisin cède sous le doigt, on dit : poulsã ; quand il devient vert et transparent : veirã ou albeirã. La grappe est la grapo, mais le grapillon : un arlo (verbe : arloutã, grapiller). La grappe qu’on suspend au plafond de la cuisine, pour la faire sécher, est uno pinèlo.
Les principaux travaux de la vigne : vimenã : attacher avec l’osier l’échalas (carassouno, ou peisseù) ; soubrelhã : relever la vigne sur l’échalas ; proubeinã : marcotter ; eissoubrelhã : épamprer la vigne ; poudã : tailler (l’outil est la poudo) ; lou poudaje ou la poudasou : la taille de la vigne ; lou poudaire : celui qui taille. Quand on laisse produire une vigne sans la tailler, on dit : manã ; eimaiensã signifie ébourgeonner.
La vendange : la vendègno (verbe : vendegnã) ; le vendangeur : lou vendegnaire. La corbeille est un daichou ; le banneton : un benissou ; la hotte : uno brindo (le porteur : un brindaire) ; la comporte : uno manaucho. Ecraser le raisin dans la comporte : frousti, et la rafle : l’arpe.
12) Truffe
C’est la trufo (uno trufièro : champ où on la trouve). La truffe médiocre, qu’on trouve au pied du houx est dite : grafoulhado. En général, on la trouve au pied d’une variété de chênes dits : jarri negre, quelquefois du charme (chaupre) et du noisetier (nousilhé). Un semis de truffes est un sennadi. En avril, on remue le sol (foueire) avec la trencho. En mai, on commence à trouver la trufo griso, c’est-à-dire sauvage, blanche, avec un cœur grisâtre). Puis la terre prend un aspect brûlé, au début de l’été : co grilho, un grilhadi. Vers la Toussaint, on trouve la trufo negro. On observe des craquelures du sol (tero cracado) et on peut trouver la truffe en suivant la fente : a la fendo, ou en observant les moucherons (mouchous), qui décèlent sa présence. Ordinairement, on la cherche avec une truie (troio) qui remue le sol avec son groin (verbe : bousilhã, fousilhã, moudelhã), et le paysan fait sauter la truffe du sol avec un outil, bâton d’un mètre de longueur environ, terminé par un fer de lance de 15 centimètres (anji), en creusant (chovã).
La truffe encore garnie de terre est : bourrudo ; avec des trous de vers : cussounado ; le paysan bouche les trous avec des boules de terre : barã lou cros en dóus chavilhous de tèro. Le panier à truffes, à double couvercle est : uno daicho.