HISTOIRE DE L'EGLISE

Ste CATHERINE

DE BLIS ET BORN




Le Cœur La Chapelle de la Vierge Le Baptistère
St Saturnin St Jean-Baptiste St Pierre

Le Prieuré jusqu'à la Révolution
Le Prieuré au cours et après la Révolution
Liste des Prieurs, curés, chanoines de Born
Rapport d'intervention, Peintures murales
Lexique


Il y a maintenant deux ans que le premier fascicule des "Etudes Historiques sur Blis et Born", concernant la toponymie de notre commune, vous a été remis. Vous avez pu y retrouver les anciens noms des lieux de la paroisse, noms qui furent constamment utilisés par les Anciens. Aujourd'hui c'est l'histoire de notre église que je vais vous raconter avec monsieur Louis Grillon, que je remercie pour sa précieuse collaboration et qui s'est chargé de la première partie concernant le Prieuré jusqu'à la Révolution et je me suis chargé de la seconde concernant les périodes suivantes. C'est en préparant la publication du Cartulaire de l'abbaye de Chancelade (avec monsieur Bernard Reviriégo) que Monsieur Louis Grillon prépara son texte sur le prieuré Ste Catherine de Born, dépendance de cette abbaye jusqu'à la Révolution.

La préparation de ce fascicule fut très longue car les recherches furent parfois très difficiles, les documents étant dispersés dans plusieurs séries des Archives départementales. Certains, pour les périodes les plus récentes se trouvent à la Mairie, et certaines informations concernant notre siècle me furent transmises par des Blis et Bornais. Nous remercions ici le personnel du service des Archives de Périgueux qui a tant facilité nos recherches ; Madame Carreau et Monsieur Bussy qui ont toujours apporté une attention particulière à mes demandes au niveau de la Mairie, concernant ses archives ; Mesdames Chaumande, Delphin, Dumas et Messieurs Delphin et Mespoulède pour le temps qu'ils m'ont accordé avec grande gentillesse et les éléments de réponses qu'ils ont bien voulu apporter aux nombreuses questions que je leur posais.

Pour rendre compréhensible ce texte, il a fallu faire également des recherches sur l'histoire de nos institutions religieuses et de l'Etat, examiner des textes officiels, des textes de lois, de nombreux journaux locaux et nationaux, de nombreuses revues spécialisées et des ouvrages de synthèse dont celui du Père Pierre Pommarède sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en Périgord. Nous nous sommes efforcés de donner le maximum de nos sources tout au long de ce travail. Par moments, la lecture de ce texte peut paraître difficile car de nombreux termes ont disparu de notre langage, c'est pourquoi vous trouverez en fin de texte, un lexique donnant la définition de ces termes marqués par * dans le texte. Nous avons transcrit (entre guillemets et en italique) les textes d'archives en utilisant les expressions et l'orthographe adoptée dans les originaux et ce qui pourrait apparaître comme des fautes d'orthographe ou de français n'est pas de notre fait mais des auteurs de ces mêmes originaux ; il ne nous appartenait pas de les corriger. Le cas le plus marquant est certainement la lettre du maire de Blis et Born au préfet (p.22) au sujet du Père Pouyaud.

Il me reste maintenant à vous souhaiter bonne lecture, en attendant le troisième fascicule des "Etudes Historiques sur Blis et Born".

Thierry Tillet
Les Césareaux
(Le Ségelard)
le 23 Août 1997

 

Le Prieuré jusqu'à la Révolution

En l'an 1128, Guillaume d'Auberoche, évêque de Périgueux, concéda à l'abbaye Notre-Dame des chanoines réguliers de Chancelade, en la personne de son premier abbé, Géraud de Monlauu, le lieu de Born sur la paroisse de Saint Saturnin de Blis. Il y bénit en outre l'emplacement d'un cimetière. L'abbé Géraud avait commencé à bâtir en ce lieu l'église d'un prieuré dédié à Sainte Catherine et comprenant notamment un autel consacré à la Vierge Marie ainsi que nous l'apprend le cartulaire de Chancelade. Ce fut ce même abbé qui y célébra la messe pour la première fois en la présence du même évêque (Le récit de la fondation du prieuré de Born se trouve à la Bibliothèque Nationale, Fond Périgord, L.33, folios 1-4 et dans Gallia Christiana Ecclesia Petrocorensis). Le cartulaire nous fait connaître en outre le nom de deux des premiers prieurs. D'abord le frère Géraud de Monlauu qui assistait, en cette qualité, comme témoin à la rédaction d'un acte ; il devint abbé en 1168 comme l'avait été précédemment son oncle, dom Géraud 1er. Avant lui ou après lui - je ne saurais le préciser - le frère Hélie Bellet fut prieur de Born avant de devenir prieur claustral de l'abbaye (Cartulaire de Chancelade : pour Géraud de Monlauu, folios 1-4, 7 vo, 8 ro, 9 ro, 20 ro, 22 ro, 37 vo, 64 vo ; pour Helie Bellet, codem loco, folios 11 ro, 22 vo, 39 vo, 41 ro, 59 ro, 84 ro). En 1149, vingt ans après la première donation à Born, l'abbaye reçut encore des mains d'un autre évêque, Géraud de Mareuil, l'église Saint-Saturnin de Blis. C'est ainsi que l'abbé de Chancelade acquit le droit de patronage de cette église qu'il conserva jusqu'à la révolution de 1789.

De nombreuses autres donations durent suivre. Malheureusement les actes originaux en ont disparu ; nous en connaissons quelques-uns par des résumés bien éloignés dans le temps. "L'an 1217 /.../ Robert de Seneleus et son frère donnèrent à l'abbaye de Chancellade un setier* froment de rente annuelle qu'ils avoint sur le moulin de Redroux (Moulin de Rédrol au Change : note de l'auteur), et ce en reconnaissance de ce que ladite abbaïe avoit reçu pour religieux un de leurs frères ; ils donnèrent par le même acte en propriété les terres joignants le moulin. Raymond de Chanlazac prieur de Born et Jean de Lajac ont signés comme témoins de ladite donation. /.../ Le Moulin neuf autrement de la Borde a été donné à l'abbaïe de Chancellade l'an 1225 par Géraud Aimeri d'Auberoche avec quelque séterée de terre sise prez le moulin, /.../ RETENTO IN EISDEM MOLENDINIS UNO SEXTARIO FRUMENTI /.../ Robert chevalier et son épouse donnèrent à l'abbaïe de Chancellade une partie du ténement* de Belesmas l'an 1225 (voir pour Belesmas p.6 du 1er fascicule des Etudes Historiques sur Blis et Born, concernant l'Atlas toponymique). L'autre partie lui fut donnée par Foucaud Desteners d'Auberoche vers 1233 ; le reste par Bernard et Raymond de Souilhac vers le même tems ; ces trois objets renferment les deux corps ci-dessus" (Archives St Sernin : Mémoire pour Monsieur l'abbé de Chancelade, p.3, 4 et 5). Une maison priorale avait été construite près de la chapelle Sainte-Catherine. Le Mémoire du Père Antoine Teyssandier, qui utilisait des sources anciennes encore existantes à son époque à Chancelade, ou du moins leur Répertoire, signale formellement l'existence d'un tel logis en 1256, date à laquelle l'abbé Arnaud passa "un acte d'achapt d'un sextier froment de rente sur la maison du prieur de Born".

La nomination à la tête de ce prieuré devait conférer à son titulaire un certain prestige puisque plusieurs abbés de Chancelade étaient prieurs de Born au moment de leur élection au siège abbatial. Le Mémoire relève, par exemple, le nom de Pierre Raymond qui devint abbé de 1292 à 1304. La même source attribue à la première année de cet abbatiat, 1292, "la sentence arbitralle rendue par Raymond, évêque de Périgueux, entre l'abbé de Chancelade et le prieur de Born" (Archives du Périgord, 2 J 935 ; édité dans la Revue Mabillon dont tiré-à-part, E. Aubin, Ligugé 1927 : Mémoire sur l'abbaye de Chancelade et la succession de ses abbés. Sur son auteur, le Père Teyssandier, voir Mémoire de la Dordogne n°3, article de L. Grillon). Cette charte nous est inconnue à moins qu'il ne s'agisse de la suivante qui serait victime d'une erreur de date de la part du Père Teyssandier.

Les revenus du prieuré de Born avaient certainement été considérables à l'origine puisque ses rentes annuelles pouvaient couvrir en grande partie l'entretien des chanoines réguliers de l'abbaye. Mais un différend avait surgi, au début du quatorzième siècle, entre le prieur de Born et le recteur laïc de Blis, à la suite duquel une grande partie de ces revenus avait été perdue. Il fallait impérativement trouver une solution nouvelle et équitable.

Bien que rien ne vienne le prouver, il est permis de supposer que la première idée d'une annexion de bénéfices naquit à Chancelade qui s'était considérablement appauvrie depuis sa fondation. L'abbaye avait de la peine à se suffire et à accueillir, comme elle aurait dû, les hôtes, les pauvres et les mendiants, qui affluaient de la ville si proche. Ces raisons - vraies ou exagérées pour les besoins de la cause - furent exposées au chapitre cathédral. Celui-ci, après consultation d'experts, proposa à l'évêque l'annexion des revenus de Born et de Blis à la mense* de l'abbé et du monastère. L'acte est du 31 janvier 1336.

L'évêque, Raymond, prit le temps d'une enquête et d'une réflexion personnelles avant de dicter ses propres conclusions quelques semaines plus tard, le 19 mars 1336. Reprenant, parfois mot-à-mot, les considérants de ses chanoines, il décréta l'annexion proposée, toutefois sous certaines clauses importantes qu'il convient de préciser nettement.

Aucun préjudice ne serait porté à l'encontre du prieur de Born et du recteur de Blis jusqu'à leur décès ou leur démission. L'abbé de Chancelade présenterait à l'évêque les recteurs successifs de Blis qui jouiraient de leur part des revenus. Cette part consisterait en la moitié des fruits décimaux* perçus sur la paroisse en grains, vin, prémices*, rentes, poules, etc. ; elle comprendrait en outre toutes les offrandes en argent ou en nature. Mais, en revanche, le recteur devrait prendre avec lui un chanoine régulier qui l'aiderait pour le service et auquel il assurerait l'entretien et le vestiaire.

Chancelade percevrait à la fois la moitié des rentes de Blis et la moitié de celles de Born. Mais, en contrepartie, l'abbé devrait admettre à l'abbaye trois religieux de plus que ceux qui y vivaient à cette date. Les dimanches et jours de fête, la messe conventuelle serait célébrée par un chanoine assisté par deux confrères, l'un en qualité de diacre* et l'autre de sous-diacre* ; un autre assurerait le service accoutumé en de telles cérémonies. L'abbé devrait avoir à perpétuité dans l'abbaye un maître chargé de l'instruction de ses religieux dans les disciplines essentielles. Le prêtre qui célébrerait, durant chaque semaine, la messe à l'autel de Saint Michel dans l'église de l'abbaye, devrait faire une commémoraison particulière pour l'évêque et ses prédécesseurs.

Quant au prieur de Born, il aurait la moitié des revenus, dîmes*, rentes, acaptes*, émoluments* des moulins, outre les vignes du prieuré, à charge toutefois d'entretenir avec lui deux confrères à l'exception de leur vestiaire qui devrait être fourni par l'abbé (Archives St Sernin : acte du 31 janvier 1336, reçu par Maître Itier Barraud). Une bulle du pape Clément VI confirma toutes ces dispositions.

Les bâtiments du prieuré devaient alors avoir quelque importance pour pouvoir abriter trois religieux, plus sans doute celui qui était l'auxiliaire du recteur de Blis, et vraisemblablement quelque frère convers* ou personne laïque assurant le service quotidien. Comme ses devanciers, le titulaire du prieuré jouissait toujours de quelque notoriété parmi ses confrères. En 1349 le prieur était Aymeri de Bescle ; on le voit passer en compagnie de l'abbé Arnaud quelques baux de fermage pour les moulins de Redroux, del Chambre (ou Chambier) sis dans la justice d'Auberoche (Archives St Sernin : deux feuillets papier, résumé d'actes datés de 1336 à 1644). En 1359 le prieur s'appelait Aymeric de Bothela (à moins qu'il ne s'agisse encore du précédent, l'un ou l'autre de ces noms ayant fait l'objet d'une mauvaise lecture) ; il devint abbé de Chancelade cette année-là et le resta jusqu'en 1367 ; Jean Joubert, lui aussi précédemment prieur de Born, fut abbé en 1416 à 1459 (Au sujet des noms de ces deux prieurs de Born devenus abbés de Chancelade, voir Mémoire du Père Teyssandier).

Il fut remplacé à la tête du prieuré par Antoine d'Escure que l'on voit, le 5 mars 1461, affermer le maynement* de Blanzac sur la paroisse du Change pour deux boisseaux* de froment, deux d'avoine et trois sols*. Le premier août de la même année, il affermait aussi le maynement* appelé Belesmas (voir pour Belesmas p.6 du 1er fascicule des Etudes Historiques sur Blis et Born, concernant l'Atlas toponymique) et la Richardie ainsi qu'un pré d'un journal*, le tout sis sur la paroisse de Blis pour un setier* de froment "mesure de ladite abbaye" à la Saint Michel, cinq sols* et deux gélines* à Noël plus une livre de cire d'acapte* "à la mouvance de chaque côté". Antoine d'Escure eut un différend avec son abbé ; il soutenait que celui-ci ne devait pas exiger la moitié des dîmes* et revenus du prieuré. Le prieur, ayant versé à Chancelade, pour l'année 1461, deux charges de froment et une charge d'avoine, l'abbé ne s'en contentait pas et il fut convenu entre eux deux qu'ils s'en remettraient à l'arbitrage du sieur Hélies Adhemar, procureur de l'abbaye. Un accord fut signé le 3 août 1461 par lequel, semble-t-il, le prieur perdit ses droits sur les moulins de Redroux et de Gouteblave que l'abbé fut seul à acenser* désormais. D'ailleurs l'abbé Geoffroy de Pompadour, par ailleurs évêque de Périgueux, afin d'éviter que le prieur ne revienne sur la cession de l'acense* du moulin de Redroux, préféra lui donner à ferme toutes les dîmes* de Blis et lui laisser la moitié des revenus et devoirs du prieuré sous le devoir de deux pipes* de froment, une pipe* de mêture* et une pipe* de vin, le tout conduit à l'abbaye (Archives St Sernin : feuillets séparé 1336/1644).

Messire Jean Dupuy, sans doute un prêtre séculier* qui avait obtenu la commende, devint prieur à son tour et transigea aussi avec Geoffroy de Pompadour qui abandonna le devoir ci-dessus contre douze livres* de pension. En 1528, à la mort de cet abbé, le syndic de l'abbaye obtint des lettres royaux contre ce prieur et le Parlement de Bordeaux reçut injonction de casser la transaction susdite. Après quelques atermoiements, un arrêt définitif intervint en 1541. "L'abbaye est rentrée dans la moitié des fruits décimaux* de la vicairie perpétuelle de Blis qu'elle avait abandonné pour très peu de choses /.../ et l'arrêt du Parlement adjuge /.../ la moitié des dîmes* et autres revenus a l'abbaïe de Chancellade sans aucune réserve de novales* au vicaire perpétuel de Blis parceque dans ce tems là il fut beaucoup question de nouveaux défrichements entre les curés primitifs et les vicaires perpétuels" (Archives St Sernin).

Malgré son état défectueux, un document nous apprend que N... de Chabans, religieux, fit insinuer* sa prise de possession du prieuré le 29 juin 1575. Le 5 février 1578 il demandait procuration pour résigner* en faveur de maître Pierre Charrieres, sans doute un commendataire*, qui prit possession à son tour le premier mai suivant (Archives du Périgord, cote ANC 4 H 1).

L'abbé Arnaud de Solminhac devait se retirer au prieuré de Born après qu'il eût résigné* sa crosse en faveur de son neveu Alain de Solminhac qui devait réformer l'abbaye. Arnaud de Solminhac s'éteignit le 29 octobre 1620 (E. Sol, Le vénérable A. de Solminhac, Cahors, 1928).

En parcourant les registres de la paroisse de Blis (Archives du Périgord, BMS de Blis et Born, cote EC 5 E 43/1), on ne voit sur une soixantaine d'années que les signatures de membres de la famille de La Salle, bien implantée dans la région, suivies de la mention sans équivoque de "prieur de Born et curé de Blis" (Les de La Salle étaient, entre autres, Seigneurs de la Faurie, près de Born). Au début on relève un Blanzac de La Salle ; en 1643 et 1644, on voit un de La Salle, curé de Saint-Vincent, signer comme témoin de quelques actes et d'autres signer comme "escholiers*". Et, le 11 mai 1656, "après avoir reçu tous les saints sacremens de lesglise est décédé messire Jean de Lasale prebstre a été enterré dans esglise de Born au devant du grand autel ou ont assisté messieurs les prebstres et curés soussignés". Aucun membre de la famille de La Salle ne se dit chanoine régulier* de Chancelade. L'un d'eux, peut-être déjà curé de Blis, a obtenu, on ne sait comment, la commende du prieuré de Born. La preuve s'en trouve dans un Mémoire pour Mr l'abbé de Chancellade rédigé au siècle suivant, où l'on peut lire : "Traité de partage entre l'abbaye de Chancellade et le Sr La Sale vicaire perpetuel de Blis et prieur commendataire* de Born, des rentes foncières directes, tenences* et meinements* communs entre lesdites parties dependants du prieuré de Born. Dans ce traité ledit prieur et labbaïe de Chancellade doivent chacun jouir de certaines rentes sur divers tenemens* jusqu'à la concurrence d'une égalité parfaite. Lesquels tenemens* assignés pour un chacun, ils seront libres de les jouir par eux-mêmes ou d'affermer à leur gré les lots n'étant plus confondus ; et comme il se trouvoit dans les lots qui demeuroint à labbaïe de Chancellade trois boisseaux* froment deux boisseaux* avoine geline* une argent 2 de plus que dans le lot du prieur, labbaye pour faire l'egalité a cédé audit prieur sur la tenence de la Poussardie (voir pour La Poussardie p.24 du 1er fascicule des Etudes Historiques sur Blis et Born, concernant l'Atlas toponymique) une même quantité de rente en sorte que par ce moyen il n'y a aucune lézion de part ni d'autre. Ce contract de partage est du 9 décembre 1631 reçu par de Lagarde notaire royal.
Cet arrangement avec le Sr La Sale semble avoir prevenu toute contestation, la justice y a été exactement observée.

On remarquera que s'il y avoit quelque lézion ; elle seroit au détriment de l'abbaye de Chancellade qui devroit jouir d'une charge froment qui avoit été acquise d'un prieur de Born pour l'entretien de la sacristie de Chancellade et qui n'en jouit pas" (Archives St Sernin : Mémoire pour Mr l'abbé de Chancelade, p. 5-6 ; acte du 9 décembre 1631 reçu Lagarde, notaire royal).

Il est donc évident que, durant une certaine période, le titre de prieur a échappé à l'abbaye au profit de notables de la région ; l'abbaye s'est-elle laissé prendre de vitesse en cour de Rome ou n'avait-elle pas à ce moment les sujets voulus en ces débuts de sa réforme pour remplir la charge et a t'elle autorisé le curé, présenté de toute façon par l'abbé, à prendre la commende ?

Arrive l'année 1680. On peut voir encore dans les registres un de La Salle signer "jadis prieur de Born" et un Jacques de La Salle, sieur de Blanzac "prieur de Born et curé de Blis". Mais voici qu'à compter de cette date des chanceladais, bien connus par ailleurs comme tels et qui font suivre leur paraphe* des mots "chanoine régulier*" ou de leur abréviation : "ch. reg.", commencent à papillonner autour du prieuré. Le Père Galand signe comme prieur de Born et curé de Blis ; le Père Vidal, curé de Cubjac, vient en voisin ; le Père de Valet se dit "faisant pour le curé" ; de même le Père Petit. Et puis, au milieu de cette même année 1680, surgit le Père Pierre Gisbert qui se déclare à son tour prieur de Born et curé de Blis. Tout semble donc démontrer que Chancelade faisait alors des tentatives afin de récupérer des bénéfices qui lui avaient appartenu de droit jadis (Archives du Périgord, BMS de Blis et Born, cote EC 5 E 43/1). D'ailleurs un document, de peu postérieur, vient confirmer cette hypothèse : Jacques de La Salle et le Père Pierre Gisbert se disputèrent la possession du prieuré, chacun d'entre eux prétendant avoir la signature indispensable de Rome. Encore fallait-il la produire et l'affaire dut être portée devant le juge-mage, François-Philibert Duchene, chevalier, Seigneur de Montréal, en 1687 ; le verdict fut en faveur du chanceladais (Archives du Périgord, cote ANC B 196).

On ne peut comprendre ces différends ni les faits qui en découlent si l'on perd de vue que les deux bénéfices étaient distincts à l'origine. Le prieur du prieuré régulier* simple, c'est-à-dire sans charge d'âmes, devait être un religieux de Chancelade alors que le vicaire perpétuel de Blis qui avait, lui, la charge des âmes de la paroisse, était un prêtre séculier* présenté par l'abbé à l'évêque et confirmé par celui-ci. Mais rien n'empêchait que le curé de Blis puisse être un chanceladais comme rien n'empêchait non plus que soient réunis sous une seule tête les deux bénéfices en question.

Au sujet du Père Pierre Gisbert on relève dans un Mémoire pour Monsieur l'abbé de Chancellade que "Gisbert vicaire perpétuel de Blis au temps de Mr de Valbrune imagina de jouir aussi d'une part des novales*. Il assigna l'abbé et le syndic à les lui céder. L'abbé nota que Gisbert devait opter pour la congrue de 300 livres* avec ses novales* selon la déclaration royale de 1686 ou de la moitié des dîmes* et fruits dont il jouissait". On a tout lieu de penser qu'il préféra la seconde solution pour ne pas perdre au change (Archives St Sernin : papiers Pastoureau).

Quoiqu'il en soit le Père Pierre Gisbert décéda avant le 11 juillet 1692. A cette date, en effet, l'official* de Périgueux, Pierre de Meredieu, notait dans son Livre-journal (Archives du Périgord, cote ANC 2 E 1823/20, p. 37-38, 53, 78) une demande présentée par le Père Pierre Bonheure pour obtenir le prieuré de Born que le Père François Dhuglas aurait détenu indûment "sous le prétexte qu'il lui a été confié par son abbé comme uni à ladite cure de Blis quoyqu'il ne soit pas". En clair, le Père Pierre Bonheure voulait obtenir le prieuré simple de Born en le déclarant distinct de la cure de Blis. Un accord dut intervenir entre les deux parties - on ne sait sous quel arbitrage - puisque, quelques mois plus tard, le 25 septembre 1692, l'official* notait que le Père François Dhuglas résignait le prieuré sous réserve d'une pension de 150 livres* ; il était devenu "prieur claustral d'une abbaye en Médoc", sans doute celle de Verteuil qui était devenue l'un des prieurés de Chancelade.

Le Père Pierre Bonheure semblait donc devoir être solidement pourvu et du prieuré de Born et de la cure annexe de Blis. Or, deux ans plus tard, il allait avoir en face de lui un autre contestataire. Le 23 mars 1694, le Père Jacques Dunoyer prenait date à l'officialité sur le prieuré-cure de Born et son annexe Blis qu'il prétendait "vacant sur ce que ledit prieuré est possédé comme bénéfice simple par Mr P. Bonheure /.../ quoyqu'il soit prieuré-cure et que Blis soit son annexe". Et, deux ans plus tard, le 2 mars 1696, le même religieux renouvellait sa démarche mais cette fois-ci la raison invoquée, pour être exactement le contraire de la précédente, n'en était pas moins spécieuse. D'après elle, le Père Pierre Bonheure aurait certes obtenu Born comme prieuré simple et donc sans charge d'âmes qu'il avait jadis postulé, mais il gérait cependant la paroisse de Blis ; or, jamais auparavant, Born n'avait été considéré comme prieuré-cure ! Que devait penser l'official* de ces différends juridico-écclesiastiques entre religieux ? Le Père Pierre Bonheure conserva les deux bénéfices (eodem loco quo supra). Il y fit quelques fondations :

"Messire Pierre Bonheure prieur de Born et curé de Blis sur la fin du dernier siècle et jusqu'en 1715 qu'il fut transféré au prieuré cure de Merlande fit plusieurs petites acquisitions qu'il joignit à l'enclos du prieuré par un titre de fondation du 3 janvier 1715 par lequel il établit à perpétuité trois messes de Requiem pour lui et pour les âmes les plus délaissées de la paroisse. Et comme les parens d'un de ses vendeurs avoint déjà établi sur un morceau de terre un obit* de trente sols* pour trois messes, ces deux obits* forment six messes d'obligation pour le prieur à raison de l'enclos. Plus ledit Sr Bonheure par le meme acte établit une rente de dix huit livres* en faveur des pauvres de la paroisse et particulièrement des pauvres filles pour contribuer à leur dot..." (Archives St Sernin : papiers Pastoureau).

Le Père Pierre Bonheure avait en outre certaines activités en dehors de sa paroisse. En 1705 et 1707, par exemple, on le voit prêcher chez les Ursulines de Périgueux pour la prise d'habit puis pour la profession de la soeur Jeanne de Lambert (E. Roux : Les Ursulines de Périgueux ; Périgueux, t. I (1905), t.II (1915) ; Soeur Jeanne de Lambert devint supérieure à deux reprises, entre 1742 et 1757).

Le 20 octobre 1711, l'official* enregistrait sa résignation de Blis et de Born en faveur d'un sien neveu, lui aussi chanceladais, le Père Antoine Roubene, fils de sa soeur Anne et Hélie, sieur de Lacombe "sous la réserve de 200 livres* de pension annuelle et viagère franche et quitte". A cette date il était devenu lui-même prieur-curé de Saint-Jean-de-Merlande (Archives du Périgord, cote ANC 2 E 1823/20, p.193). Vers l'an 1730, oncle et neveu agissaient de concert contre Jean Chassarel, écuyer, seigneur de la Roche. La sollicitude de l'oncle ne s'arrêta pas là puisqu'il résigna à nouveau Merlande en faveur du neveu. Celui-ci, quant à lui, résigna Born et Blis à son tour en faveur du Père Raymond Orfaure, le 28 mars 1737 (Archives du Périgord, cote ANC D 1071 et E. Roux, op. cit.).

Le Père Raymond Orfaure, fils de Pierre, maître apothicaire* de Périgueux et de Marie Giles, était entré à Chancelade alors qu'il était déjà prêtre ; il était en outre docteur en théologie. Il était fort entendu en affaires mais rencontra quelques difficultés à assurer une des rentes assignées par le Père Bonheure, celle concernant les pauvres et particulièrement les pauvres filles.

"Cette rente de dix huit livres* messire Reimond Orfaure mon prédécesseur immédiat faisoit grande difficulté de s'en charger parcequ'elle étoit fondée en grande partie sur plusieurs vieux batimens dont l'entretien étoit fort couteux. Les principaux habitants de la paroisse voyants cela s'assemblèrent au sortir de vêpres le 18 janvier 1739 ; l'acte reçu par Vigier notaire royal, après avoir délibéré consentirent que ledit sieur prieur présenta une requête à Monseigneur l'évêque pour qu'elle fut réduite à dix livres*.

Jean Chrétien de Macheco de Premeaux évêque de Périgueux voyant cette délibération et une requête du Sr Reimond Orfaure curé de Blis et prieur de Born, a réduit et modéré la rente provenant de ladite fondation destinée à payer les dots des pauvres filles de la paroisse de Blis à la somme de dix livres* par son ordonnance du 18 mars 1739" (Archives St Sernin : papiers Pastoureau).

On connait quelques actes passés par ce prieur et concernant surtout des baux et des affermes de fruits décimaux* (eodem loco quo supra).

Le 15 mai 1762, "mourut muni des sacrements de leglise Raymond Orfore, prieur-curé de leglise et parroisse de Blis et Born chanoine régulier*, ordre de Chancelade. Ledit Orfore âgé d'environ soixante-deux ans. Ledit a été enterré dans le sanctuaire de son église de Born en présence de Monsieur Jean de Chassarel et Pierre Puyjarine marguilier. Ledit sieur de Chassarel a signé avec Messieurs les curés voisins non ledit marguilier pour ne savoir de ce enquis" (Archives du Périgord, BMS de Blis et Born, cote EC 5 E 43/2). Parmi les signatures d'ecclésiastiques présents, une seule provenait d'un chanceladais, celle du Père Pierre Pastoureau, syndic de l'abbaye, qui allait succéder à son confrère défunt.

Le Père Pierre Pastoureau était né à Nontron, alors au diocèse de Limoges, le 23 novembre 1727 ; il était fils d'Antoine Pastoureau et de Pétronille Bonamour. Il était entré à Chancelade où il avait été admis au noviciat le 8 juillet 1744 et à la profession le 11 août de l'année suivante. Il était étudiant au prieuré de Sablonceaux, diocèse de Saintes, lorsqu'il reçut la tonsure dans la chapelle du séminaire de la ville des maints de l'évêque du lieu. Ses études le conduisirent au doctorat en théologie qu'il avait déjà dû obtenir lorsqu'il reçut le sous-diaconat*, le 22 mars 1749, au même lieu et des mêmes mains. Syndic de Chancelade, il dut gagner dans ces fonctions une connaissance des affaires et surtout des titres de l'abbaye qu'il avait été maintes fois à même de consulter. Il ne mit donc pas longtemps à rechercher les documents concernant prieuré et paroisse à lui désormais confiés et à revendiquer des biens qui lui semblaient devoir leur appartenir (sur le Père Pierre Pastoureau, voir Archives du Périgord, ANC 2 E 1823/20 ; Archives St Sernin : liasses le concernant, dont les lettres d'ordination mentionnées ; voir R. Bouet).

Dès 1765, il voulut reprendre la requête du Père Gisbert au sujet des dîmes* des novales* de la paroisse. Il reçut la même réponse que celui-ci une jurisprudence ayant été en outre invoquée : le Parlement avait tranché en faveur de l'évêque de Blois, curé primitif de la Sauve, diocèse de Bordeaux, contre le vicaire perpétuel de cette paroisse. Il fallait choisir entre la congrue et les novales* ou la moitié des fruits décimaux*. En sa qualité de prieur de Born, le Père Pastoureau réclama à l'abbé la moitié des revenus des moulins auxquels il était fait allusion dans l'acte d'annexion de 1336 ; or il n'existait plus aucun moulin sur la paroisse. Il avait bien existé jadis "le moulin pointu" (voir pour Le Moulin pointu, p.22 du 1er fascicule des Etudes Historiques sur Blis et Born, concernant l'Atlas toponymique) sur le ruisseau du lieu mais il s'était ruiné par vétusté ou à la suite d'inondation et les restes en étaient passés à la famille de Lardimalie. Mais comme l'acte de 1336 portait le mot de "molendina" au pluriel, le Père Pastoureau s'imagina qu'il pouvait désigner les moulins de Redroux, de Gouteblave et de Moulin neuf ou moulin de la Roche. Abbé et prieur consultèrent chacun de son côté à ce sujet. On objecta à celui-ci que le terme "molendina" pouvait s'appliquer aux meules d'un même moulin : on connaissait d'autres exemples de cet emploi. Quant aux moulins cités par lui, ils appartenaient bien à Chancelade qui en conservait les titres mais il n'y avait pas d'exemple de partage de leurs revenus. Il semble bien que le Père Pastoureau ne manqua pas de ténacité puisque, après 1774, l'abbé lui céda 300 livres* sur les dîmes* de Blis à cause de leur différend sur les novales*.

Il essaya dans la mesure de ses moyens d'accroître l'enclos du prieuré :
"Moi même j'ay pris en paiement d'arrérages* de rente foncière de Marie Deglane épouse de messire François de La Salle cent quarante deux escats* de fond de terre, et comme ladite Marie Deglane avoit une fondation obituaire de deux messes sur tous ses biens, elle a voulu qu'elles fussent établies sur le morceau de terre et que les prieurs de Born en fussent chargés à l'avenir ; le tout réglé par un double* en date du premier juin mil sept cens soixante huit et le septième juillet mil sept cens soixante quatorze Mr Foulcon de La Borie m'a cédé en paiement de lots et ventes par un simple billet un demi-journal* de bien mauvais fond et les deux morceaux de terre ont été joints aux anciennes vignes du prieuré par une haie ainsi qu'aux acquisitions de Mr Bonheure prieur de Born et curé de Blis, ce qui forme l'enclos du prieuré...".

Le Père Pierre Pastoureau se fit représenter à l'assemblée du clergé préparatoire aux Etats généraux par Charles Maigne, curé du Change. Il prêta tous les serments requis mais, en revanche, refusa par avance, le 21 mars 1791, toute élection à une cure en invoquant une raison de santé.

La déclaration de revenus qu'il fit le 4 janvier 1791 au Directoire du district de Périgueux est intéressante. En ce qui concerne la paroisse de Blis, il percevait la moitié des dîmes* qu'il affermait soit 900 livres* en deux pactes annuels, l'argent de l'afferme des enclaves de la Jaye et de Chignaguet soit 1100 livres* en deux pactes également, 4 paires de chapons, 4 pintes* d'huile de noix et 1 pot de vin de 96 livres* "non inséré dans le contrat". Mais, en tant que fermier de l'abbaye pour l'autre moitié des dîmes* de la paroisse, il percevait encore 200 livres*, 4 paires de chapons, 4 pintes* d'huile de noix et 10 livres* 13 sols* de pot de vin annuel ; au total cela faisait 210 livres* 13 sols*, 4 paires de chapons, 4 pintes* d'huile, 30 livres de laine vendues 15 sols* la livre soit 23 livres* 10 sols*, 131 boisseaux* de froment une fois les dîmeurs payés, 75 boisseaux* de méture : seigle, baillarge*, pois grisons* et orge, 9 boisseaux* d'avoine, 9 picotins* de fèves, pois et lentilles, 110 quintaux de paille, 35 sacs de blé d'Espagne (maïs), 6 barriques de vin fin pressé toujours une fois les dîmeurs rétribués, 30 livres* de chanvre et 9 picotins* de sénevé*.

En ce qui concernait le prieuré de Born, il déclarait percevoir 57 boisseaux* de froment, 21 boisseaux* de seigle, 32 boisseaux* 4 picotins* d'avoine de rente foncière directe "mesure de Cujac" (Cubjac), 17 gélines* et demie, 9 journaux et demi d'homme (main d'oeuvre), argent 6 livres* 10 sols*, huile 2 pintes* "la majeure partie de ces rentes /.../ située dans la paroisse de Blis, le restant dans celle du Change", lods et ventes 3.500 livres* en 28 années et quelques mois de présence soit 125 livres* par année. Il jouissait en outre sur le Change d'un pré (à Bosredon) donnant 16 quintaux de foin "d'une qualité bien médiocre" mais il devait débourser 10 livres* pour le faire faucher, 9 livres* pour le faire sécher ; il en avait vendu 24 quintaux à 30 sols* chaque. Le prieur avait joui autrefois de "quelques lopins de vigne joignant la maison et la chapelle du prieuré".

Quant aux charges, le Père Pierre Bonheure avait acquis, le 3 janvier 1715, plusieurs petites pièces qu'il avait jointes à l'enclos du prieuré, acte par lequel il avait établi trois messes de Requiem "pour lui et les âmes les plus délaissées de la paroisse". Les parents de l'un des vendeurs ayant déjà établi un obit* de 300 sols* pour trois messes sur un des morceaux de terre, les deux faisaient six messes d'obligation.

En conclusion de sa déclaration, le Père Pierre Pastoureau montrait que le tout n'excédait pas 3.000 livres*, qu'il devait garder le prieuré de Born et la paroisse de Blis réunis sous sa seule tête et que son traitement devait "être le même que celui de tous les curés de la Nation". Quelqu'un lui avait fait un brouillon de déclaration où se trouve une précision concernant les charges : "plus au même titre un morceau, une grange et écurie qu'il a bati luy-même sur des mazures achetées par un de ses prédécesseurs qui les laissa à charge de messes". Et, de la même main un bilan :

"Recettes 1416 livres* 9 sols*
Charges à savoir pauvres, messes et
imposition du 20eme : 244 livres* 6 sols*
Reste 1172 livres* 0 sols*
"

Les officiers municipaux de Blis avaient à certifier la véracité de cet état le 15 mai 1791 ; la page est demeurée blanche : pourquoi ? Un autre état signé, cette fois le 9 octobre 1791, à la suite d'une demande de précision effectuée par le District de Périgueux, ajoutait en ce qui concerne le pré du Change (à Bosredon) : "38 quintaux de foin sur quoi il faut observer que jay donné six livres* pour la fauche et deux petits repas, même dépense pour le sécher et le serrer, de plus j'ai mis douze charretées de bale pourrie et trois charretées de bon terreau, il faut observer de plus que mon jardin n'a pas la contenance que donnent les décrets ainsi que l'observe Mr de la Palisse étant sur les lieux".

Comme dans bien d'autres communes de la Dordogne le bruit courut et persista longtemps que le dernier prieur de Born avait été pendu dans un bois lors d'un soulèvement populaire et que l'on détruisait alors l'église de Blis pierre par pierre. Il n'en fut rien du moins en ce qui concerne le Père Pierre Pastoureau. En effet, le 24 octobre 1793, il se retira dans sa ville natale où il perçut sa pension. Le 16 vendémiaire an IV (8 octobre 1795), il exerçait le culte à Nontron et y prêtait le serment de Fidélité à la Constitution de l'an III. En l'an IV, il prêta le serment de haine à la Royauté afin de pouvoir exercer le culte à Notre-Dame de la ville. Il décéda à Nontron le 19 nivôse an VI (8 janvier 1798).

Plan 1 : Plan du prieuré sous la Révolution

 

La présente étude avait été entreprise dans le cadre d'une autre, plus générale, sur les prieurés de Chancelade et leurs vicissitudes au cours des siècles. Il s'agissait d'y saisir la façon dont les chanceladais chargés de paroisse vivaient loin de leur abbaye, comment ils géraient les biens de leur église, pratiquaient leur voeu de pauvreté etc... et en quelle mesure les abbés pouvaient intervenir dans les nominations des prieurs et leur maintien en place ; les considéraient-ils comme inamovibles ? Mon intention était en outre de relever les changements qu'avait apportés la réforme de Alain de Solminhac aux modes de vie antérieurs notamment par l'introduction de la quatrième promesse solennelle propre à sa congrégation. Malheureusement les documents utiles sont encore si rares et si dispersés que leur comparaison serait prématurée et conduirait à de fausses conclusions. Seuls les prieurés de Saint-Jean-de-Merlande et celui de Sainte-Catherine de Born, peut-être à cause de leur proximité de l'abbaye, offrent pour le moment des données, bien que lacunaires, plus intéressantes que celles, par exemple, du groupe des trois prieurés de la région d'Eymet. L'étude de celui de Born pourra peut-être suggérer une piste de réflexion ou de comparaison utile à des chercheurs locaux.

L. GRILLON


Supplément ajouté au texte ci-dessus de Louis Grillon


C'est sous le ministère du Père Gisbert que se tint, en 1688, la visite canonique de Blis et de Born. Pour l'église de Blis, voilà quel était son état : "Gisbert curé. Est dans un champ. Ledit curé réside au prieuré de Bord qui est éloigné d'une petite demy-lieue*. Sanctuaire vouté, pavé et petit et ne se peut agrandir à cause d'un ban qui joint la balustre. N'y a d'ornement et ledit les apporte dudit prioré. La nef n'est voutée, planchée par le haut. Cymetière ouvert. N'y a de maison (sans doute presbytérale) que de très anciennes masures. Le Saint-Sacrement n'y repose". Quant à celle de Born, voici comment elle était décrite : "Ledit Gybert, prieur, y tient le Saint-Sacrement. Sanctuaire lambrissé, pavé, mal vitré. Sacristie assez bien garnie d'ornements lesquels sont à la paroisse de Blis. La nef lambrissée, pavée. Les vitres gastées. Cymetière ouvert. Maison priorale en bon état" (E. Roux : Visite canonique du diocèse de Périgueux, Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1928, LV, p.239)

Un inventaire des cloches fait par Jean de Hautefort en 1530 précise (Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1894, XI, p.325) :

"Eglise paroissiale de Blis = trois cloches du poids de huit quintaux de métal"

"Chapelle de Born, annexe de Blis, deux petites clochettes du poids d'un quintal de métal chacune"

Dans son étude sur les Paroisses du Périgord, l'Abbé Brugière donne l'information suivante concernant Blis et Born : "A l'époque de la Révolution plusieurs paroisses dont les cloches étaient fèlées ou de trop petites dimensions obtinrent en échange celles des chapelles ou églises supprimées ; la cloche de Blis et Born a très probablement la même provenance ; voici son inscription :

"JE SUIS A MESSIEURS LES PENITANTS B.L.E.V.X de PERIGVEVX DOMINE Y.N.Y.S"

 

 

Le Prieuré au cours et après la Révolution

Le dernier prieur de "l'Ancien régime" fut le Père Pierre Pastoureau. Père Chanceladais, comme la grande majorité des prieurs de Born - et bien avant curé de Blis -, il arrive à Blis et Born en 1762 et abandonne la cure de notre paroisse en 1793, à 65 ans, lorsque les "Biens Nationaux de première origine", ceux appartenant jusque là au Clergé, et en particulier ceux de Blis et Born dont il avait la gestion et la jouissance, commençaient à être vendus aux enchères.

Les "Biens Nationaux", correspondant aux anciens biens du Clergé, sont, en Périgord, vendus aux enchères dès février 1791 et sont acquis, en très grande partie, par des bourgeois locaux qui agrandissent ainsi, à des prix modestes, leur patrimoine. Les nobles sont, eux, soit émigrés et voient ainsi leurs biens confisqués (devenant des "Biens Nationaux de seconde origine"), soit racheteurs des biens de parents émigrés.

Les biens dépendant du Prieur de Born (Curé de Blis et Born) s'étendaient jusqu'au Change puisque le Prieur tirait les revenus d'une terre située à Bosredon. Il ne faut cependant pas oublier, comme il est dit dans le texte ci-dessus, que la moitié des revenus revenait à l'Abbaye de Chancelade. Sur le plan immobilier, ses biens à Blis et Born étaient constitués du Prieuré de Born avec maison, granges, écurie, volière, four, pigeonnier, jardin et cour, et des masures proches de l'ancienne église en ruine de Blis.

La maison du Prieur de Born (le presbytère) correspondait à la Mairie d'aujourd'hui avec l'appartement qui lui est attenant, le tout appuyant sur l'église et se poursuivant par un petit appendice (aujourd'hui disparu) à l'opposé, au-dessus des caves. Elle était composée d'un salon avec cheminée de 25,38 m2, d'une salle à manger avec cheminée de 25,59 m2, d'une cuisine de 21,20 m2, de deux chambres dont l'une, avec cheminée, de 28,25 m2 et l'autre de 27,79 m2, enfin d'un vestibule, office et chambre de servante de 15,54 m2. A l'avant, dominant la cour, la galerie couverte, encore présente de nos jours, comportait alors 4 piliers de pierre (remplacés en 1855 par 7 poteaux en chêne). Sous la maison du Prieur (ou presbytère) se trouvaient des caves, dont l'une, voûtée, fut découverte récemment.


Le Presbytère (aujourd'hui mairie de Blis et Born)

De la galerie, l'escalier de pierre (encore aujourd'hui en place) permettait d'accéder à la cour du presbytère, au milieu de laquelle trônait le puits que nous connaissons. Une allée, bordée de charmilles, allait du bas de l'escalier à la voie publique, en passant par la trouée, dont le passage est fermé depuis l'ouverture du restaurant actuel. A la place du restaurant, se trouvait une grange transformée en maison au début du XIXème siècle, avec petite cour intérieure et, contre l'allée, un four (cour et four se situaient à l'emplacement du bar d'aujourd'hui). De l'autre côté de l'allée, en face du four, se trouvait l'écurie du Prieuré, suivie d'une maison attenante avec un poulailler à l'arrière, du côté cour. Cette cour était bordée par l'église prolongée d'un mur du côté nord et par un mur prolongeant vers l'est le pignon du corps de bâtiment comportant l'écurie et une seconde grange, et l'arrière du poulailler.

L'église s'ouvrait sur une petite place à laquelle on accédait par deux marches. Cette petite place était contiguë au cimetière, sur lequel se trouve aujourd'hui le monument aux morts. Le Prieur accédait à l'église par une petite porte en bout de la galerie extérieure.

Une première partie des biens du Prieur à Born fut vendue aux enchères par le District de Périgueux le 29 décembre 1792, comme "Bien National de première origine". Voici le texte du document de vente (Archives du Périgord, cote MOD O Q 935, p.36) :

"Le vingt neuf décembre mil sept cent quatre vingt douze, l'an premier de la République à deux heure de l'après midi, le citoyen sieur sindic du district de Périgueux assisté des administrateurs a fait procéder à la vente d'une grange (correspondant actuellement au Restaurant), d'une pièce de terre, pré et vigne. Le tout situé au Bourg de Blis de Born. Le tout estimé la somme de /aucune indication de chiffre sur l'acte mais espace blanc en prévision de son inscription ultérieure/. Mais d'autant que le jardin du curé est insuffisant il sera distrait de la vente le terrain necessaire et le mieux à portée de linage* dudit curé, pour completter ledit jardin jusqu'à la concurrence d'un demi arpents* conformement à ceque prescrit le décret :

Cette vente fut annoncée pour ce jourd'hui par affiches ainsi que la justifié le sieur sindic et le citoyen sieur sindic de la commune de Blis de born (il s'agit de Pierre Prouilhac dont nous allons parler ci-après).

Indépendamment du prix de la vente l'adjudicataire sera tenu de rembourser au curé actuel (il s'agit de Pierre Pastoureau) le montant d'une partie de l'enclos qu'il avoit acquis. Vente qui ne pouvoit être faite à luy attendu qu'il étoit assugetti à la main morte* comme etant Chanoine regulier et d'un ordre de moine auxquel il etoit prohibé d'acheter. Mais le sieur sindic ayant representé que le fond acquis par ledit curé ne pouvait être vendu, qu'au contraire l'acquéreur n'ayant caractere pour acheter, le vendeur pourroit rentrer dans son fond en remboursant le prix sur quoy le directoire ayant délibéré, a arreté que les fonds seulement de la cure cy dessus désignés seront aliénés distraction* faite du terrein reservé pour completter le jardin, et distraction* faite egalement du terrein acquis par ledit curé.

La grange à vendre confronte au cimetiere, et l'entrée actuelle sera murée. L'adjudicataire pratiquera une ouverture au nord et contre le chemin qui conduit du bourg à Cujac, c'est ainsi que les limites et confrontation ont été designées par le sieur sindic de la commune dudit Born. Les crier* étant faites lesdits fonds à vendre ont été portés par le citoyen Jean Lamy de cette ville (Périgueux) à 1 300 livres*.

1ere bougie*
Pendant la première bougie*
Par Jean Texerau à 1 310 livres*
Par Lamy à 1 320 livres*

2° bougie*
Il a eté allumé un second feu*
pendant lequel le citoyen Proulhac
la porté à 1 400 livres*
Par Lamy à 1 410 livres*
Par Texerau à 1 415 livres*
Par Lamy à 1 420 livres*

3° feu*
Pendant le troisième feu* par
Le citoyen Valette de Tournepiche à 1 430 livres*

4° feu*
Pendant le quatrieme feu* porté par
Proulhac à 1 440 livres*
Par Lamy à 1 450 livres*
Par Proulhac à 1 460 livres*

5° feu*
Pendant le cinquième feu* par
Lamy à 1 470 livres*
Par Valette à 1 500 livres*
Par Lamy à 1 510 livres*
Par Proulhac à 1 520 livres*

6° feu*
Pendant le sixième feu*
Porté par Lamy à 1 530 livres*

7° feu*
Pendant le septième feu* porté
Par Proulhac à 1 550 livres*

8° feu*

Pendant le huitième feu* ny ayant de sur enchère l'adjudication est faite au citoyen Pierre Proulhac sieur sindic de la commune de Blis de Born habitant au lieu de La Golferias paroisse dudit Born moyennant la somme de quinze cent cinquante livres* sur laquelle il sera payé dans quinzaine pour premier acompte celle de cent quatre vingt six livres* et le restant dans douze ans en douze pactes égaux avec interet dont et du tout acte fait et dressé le présent procès verbal en présence du citoyen Jean Texeras officier municipal et commissaire délégué dudit Born qui a signé avec l'adjudicataire le sieur sindic, les administrateurs et le secrétaire.

Proulhiats, Teysseyract, Bruneaud, Laterriere, Sudrie, Jean-Baptiste Gille " (Secrétaire)

Ce document est important car nous apprenons par ailleurs, grâce à un document de justice de 97 pages (Archives du Périgord, cote MOD 24 L 45), que le dit Pierre Prouilhac aurait acquis frauduleusement le dit bien. En effet, après dénonciation, suite à de nombreux brigandages (que je vous raconterai dans un autre fascicule) perpétrés par Pierre Prouilhac et sa bande, François Victor Dauriac, juge de paix et officier de police du canton d'Antonne (pendant la Révolution, Blis et Born dépendait du canton d'Antonne) convoque les 7 et 10 messidor an 3 de la République (25 et 28 juin 1795) plusieurs habitants de Blis et Born pour faire son enquête. Tous rapportent que le dit Prouilhac (alors syndic de Blis et Born) avait ordonné à Jean Couret, greffier de la municipalité, de n'apposer les affiches devant annoncer la prochaine vente aux enchères des dits biens du presbytère, sur la porte de l'église, que lorsque la messe serait commencée et de les retirer avant la fin du dernier évangile. Ainsi, la population de Blis et Born, assistant à la messe, ne pouvait être informée de la dite vente et donc y participer. Un certain Guillaume Lavaux, habitant à La Lucie, rapporte que Pierre Prouilhac lui avait demandé de "venir faire l'enchère" sans monter au-delà de 1 400 livres*. Ailleurs, nous apprenons qu'un certain Duradieu, mendiant, était aussi convié par Pierre Prouilhac à cette prétendue vente aux enchères. On raconte même que Jean Couret aurait obtenu, pour sa participation à cet acte de prévarication, une paire de souliers offerte par Pierre Prouilhac.

En fait, si effectivement les affiches n'avaient pas été correctement placées sur la porte de l'église, comme l'avoue Jean Couret, ni Guillaume Lavaux, ni Duradieu n'apparaissent sur l'acte de vente présenté plus haut.

Il s'ensuit de cette affaire, que Jean Couret fut emprisonné le 23 messidor an 3 de la République (11 juillet 1795) et jugé et condamné le 14 thermidor de la même année (1er août). Pierre Prouilhac, alors Maire de la commune, fut également condamné pour ces faits et bien d'autres. Il aurait été emprisonné également s'il ne s'était sauvé avant l'arrivée de la maréchaussée, le 30 messidor an 3 de la République (18 juillet 1795), chez lui à "Las Golfarias" (Les Golferies). Pierre Prouilhac avait alors environ 46 ans au moment de la révélation des faits et il est décédé 13 ans après, le 7 juillet 1808, dans sa maison des Golferies, mais le régime avait alors changé et le pays était alors sous le 1er Empire. Quant à Jean Couret, il est décédé presque un an après Pierre Prouilhac, le 4 juin 1809, également à Blis et Born.

Un acte notarié (devant Maître Jean-Baptiste Gilles-Lagrange de Périgueux) du 11 janvier 1793 (Archives du Périgord, cote NO 3 E 2731), nous apprend que Pierre Prouilhac vendit les dits biens si frauduleusement acquis, à Jean Savignac, cabaretier à Born, par subrogation*, à la charge à l'acheteur de payer les 1 550 livres* que devait le vendeur, au receveur du District de Périgueux.

Revenons au Presbytère et aux biens du Prieur de Born qui ne furent pas acquis par Pierre Prouilhac, c’est-à-dire l'écurie, une grange attenante, le poulailler, la cour du presbytère et le jardin qui se trouvait à l'emplacement du parking actuel. Ces biens furent "baillés à ferme" le 27 ventôse an II (17 mars1794) au même Jean Savignac, acheteur de Pierre Prouilhac (Archives du Périgord, cote MOD 0 Q 935).

Le 25 germinal an IV (14 avril 1796), une petite partie de ces biens "baillés à ferme" auparavant à Jean Savignac furent vendus aux enchères à Léonard Chiorogeas, qui les obtint pour 32 livres* (le premier prix, proposé par Gilles Mezcau d'Antonne fut de 25 livres* 10 sols*) (Archives du Périgord, cote MOD 0 Q 999).

Le 2 messidor an IV (20 juin 1796), le reste des biens à vendre du Prieur à Born, c’est-à-dire la plus grande partie, fut vendue à Jean Foulcon de Laborie (bourgeois de Périgueux et sieur de Laborie de Limeyrat) par l'intermédiaire de Pierre Duverger. Ces derniers biens se composaient des ruines de l'église de Blis, du cimetière attenant et du presbytère de Born avec "cour, grange, écurie, volière, boulangerie, pigeonnier, puy, jardin". A ces biens, s'ajoutaient les biens de la cure de Limeyrat et une terre située à la Fontaine de Limeyrat. Le tout fut acquis pour 3 180 francs (Archives du Périgord, cote MOD 0 Q 168).

Les biens situés à Born furent revendus à Pierre Lagorce de Blis et Born, le 10 thermidor an XI (29 juillet 1803), par Jean-Baptiste Foulcon de Laborie, fils aîné de Jean, ce dernier décédé le 17 prairial an V (5 juin1797) (Archives du Périgord, cote MOD 270 Q 3). Ce même Jean-Baptiste Foulcon, revendait également les biens situés à Blis, le 28 thermidor an XI (16 août 1803), à Jacques Froidefont, chirurgien au Change (Archives du Périgord, cote MOD 270 Q 3). Quant aux parties du presbytère vendues par Cornu, Gauthier du Defeix et Vachier (en 1817 - 1820) à la Commune de Blis et Born, je n'ai pas trouvé les traces écrites de la manière dont ces derniers les avaient acquises...

En l'an 11 (1802-1803), c'est un bien triste sire qui fut le premier prêtre de notre commune républicaine. Voici, en effet, ce qu'écrivait au Préfet, le Maire de Blis et Born (Lacoste), le 9 prairial an XI (29 mai 1803) au sujet de Bernard Pouyaud (les expressions et l'orthographe qui sont celles de l'original, rendent très difficile la lecture et la compréhension du texte) (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 20) :

Citoyen Préfet,

Je viaint de notifier au prètre Pouyaud, d'avoir à cesser ses fonctions jusquau préalable il n'ay prouvé avoir une justification canonique de monsieur l'éveque, et en même temps je va vous citer du fait que vous me démandés et vous indiquer des témoins comme vous me le marquer par votre lettre du premier de se mois. Voila qu'eles sont les horreur qu'il commet continuelemant ; lors qu'il fait des entéremans ; cest daller se souler avec ceux qui portent le cadavre a la vérité on le paye presque toujours de coup de baton. Il pretand qu'il n'y à point de messe bonne que celle qu'il dit, et tres souvent il luy arivé d'en vénir aux coup avec ceux qui voudrait le luy contéster. Il y à environ quinze jour qu'il leva une fille de notre commune sous condition quelle le suivrait dès le soir même. Dans le premier soir qui se trouva Pouyaud voulut en faire sa femme, mais elle ne voulut par rétrograde et san rétourne chez elle. Il aussi vray quil y à peu de temps qu'il avait une servante qui avait eut cinq ou six enfans. Ils furent l'un et l'autre enprisonnés, et aussi de chauses, les plus àbominables. Cependant parot (probablement Pouyaud) ne resta quanviron trois mois ; Il a dans sa vie porté les mains ou baptu sa maire, qui dans son état est une bien réspectable femme ; Il y à quelque temps, quil se fit un mariage et le plus pauvre du payier ou monsieur Pouyaud fut diner. Il y entre des assiéte pour tous ecepter monsieur le curé qui fut sérvi d'un couvercle de pot qu'il se servit toute la journée. Il est vray que le soir, on le paya de quelque coups de baton. Il y à quelque temps qu'il fit un baptème ou il fut invité à diner : la métresse de la ayant acouché de la veille tres fatiguée du lait moyennant douze sols monsieur Pouyaud la laissa. Les faits que je vous avouse sont assér commun, mais encore je luy esparniér bien des causes plus consequantes, et si je me desidé a vous démander ce que j'ay fait, c'est que Pouyaud se flatais que vous l'uy aviér donné votre parolle qu'il réstérait déservant dans la commune, ce que je n'ay jamais cru.

Je croy maintenant dévoir vous donner avis de la demarche que j'ay ténu après la notification que j'ay fait à Pouyaud, qui lors de sa prise de fonction démandait pour achétter les ornemans, et qu'il ressu largant pour cella j'ay donc cru dévoir invantorier ses memes ornemans, et drésser un proces verbal que je vous vous envoye, mais non pas les ornemans les plus prétieux qui étais entre les mains de la femme de Guilhaume Audy qui cest fortement réfusé à nous les montrer, que j'espere que vous voudrês me donner le pouvoir de luy en demander le compte pour en suitte vous le transmettre. Je dois aussi vous observer qu'ne partie des habitans sont très privé de labsanse de se curé ayant coutume de se souler avec luy et j'espère meme que quand il vous serait fait quelque réclamation pour ce pretre vous aurés la bonté ce qui sapelle les honnettes jens de la commune.

J'ay lhonneur detre avec les centimans les plus respectueux.


Ce prêtre ne resta pas dans la commune, cependant, malgré l'interdit de l'évêque, il célébrera encore la messe à Cubjac (sa ville natale) et à Brouchaud où il sera demandé puisque cette commune était toujours sous l'effet d'une punition de la part de l'évêché depuis la décapitation du Père Léger Limoges le 13 floréal an II (2 mai 1794) à Périgueux.

Le 26 octobre 1807, le Père Jean Bost pris possession officiellement de la cure de Blis et Born. Il fut introduit par le Père Jean Delesme Paulignac, curé de Saint Pierre de Chignac. La cure de Blis et Born était son premier poste en tant que curé (Archives de l'Evêché de Périgueux)...

Dans les Notes de voyages en Périgord de Monsieur de Mourcin (1824-1828), nous lisons : "Plus haut, dans le même vallon, et au bas du lac de Bœuf, est l'église de Blis ; elle est en partie détruite. Sa construction parait remonter vers l'an 800 (sic) ; on y voit quelques vestiges de peinture. Tout en petites pierres placées en assises peu régulières. Dans le sanctuaire, sont deux renfoncements en arcades de chaque côté. La porte d'entrée avait été refaite ; elle est détruite. La chapelle latérale est, je crois, du XVème siècle. Il y avait quelques constructions en avant de la porte" (Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1877, IV, p.207). Monsieur Jean Secret aurait photographié au début des années 60, à l'église de Blis et Born, un calice et sa patère en argent paraissant avoir appartenus à Martial Bouchier de Vignéras, chanoine de Saint Front de Périgueux (XVIIIème siècle) (Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1963, XC, p.108). Il s'agit du calice encore conservé dans le tabernacle de l'église.

Une ordonnance du Roi, datée du 18 décembre 1816, autorise à la Municipalité de Blis et Born, l'acquisition pour 2 380 francs de la maison presbytérale appartenant alors à Front Gauthier des Defaix, Pierre Lagorce de Born, François Cornut (dit "Minet") de Born et Jean Vachier de Brouchaud. Cette ordonnance stipulait également "l'imposition en dix ans de la somme de 3 745 francs 25 centimes pour acquitter le prix du presbytère avec les faux frais ainsi que les réparations à faire à ce bâtiment et à l'église". L'achat du presbytère par la Commune fut effectivement fait pour 2 380 francs, devant Maître Parrot, le 18 octobre 1817. La partie du presbytère appartenant à Léonard Chiorogeas, fut vendue pour 1 316 francs à la Commune de Blis et Born le 29 mai 1820, par Marie Mourniac épouse Chiorogeas. La Commune était alors autorisée à faire cette acquisition par une ordonnance du Roi datée du 22 décembre 1819. Cette ordonnance prévoyait également l'imposition en trois années de la somme de 1 780 francs pour l'achat et en effectuer les réparations.

Le 26 juin 1822, une nouvelle ordonnance du Roi autorise le Maire de Blis et Born "à vendre, au nom de cette commune, au sieur Parot, un petit terrain de vingt sept mètres quarrés et estimé cent francs, à la charge par l'acquéreur de faire à ses frais les réparations à l'église, évalués à cent vingt cinq francs" (Archives de la Commune de Blis et Born).

Le 10 mars 1844, le Conseil municipal de la commune de Blis et Born au grand complet ("Brouillet, Richard, Labrousse, Pauly, Pradelou, Rebierre, Mournaud, Faure, Gautier du Defeix"), assisté par les 9 citoyens les plus imposés de la commune ("Richard Pierre, Lestrade, de Teyssiéres, Chariéras, Moulinard, Leynie, Desplat, Lagorce, Choury François"), votent la création d'un impôt foncier extraordinaire de 800 francs, à percevoir en quatre années, pour les réparations de l'église et du presbytère ("consistant à réparer ce qui est déjà fait et non à faire de nouvelles constructions"). Les travaux à réaliser à l'église consistaient en la réfection des murs, de la charpente des chapelles, des plafonds, de la pose de pavés et des crépissages. Ceux à faire au presbytère consistaient en la réfection de la charpente. Il était prévu également la réfection de la charpente de l'écurie.

L'administration des cultes, auprès du Ministère de l'Instruction publique et des Cultes, accorda le 19 avril 1855 une aide financière de 1 200 F pour la réparation de son presbytère.

Le cahier des charges a été dressé par l'architecte départemental (A. Bouillon) et signé par le Préfet de la Dordogne le 6 juin 1855, voici quelques articles :

Article 12 : L'entrepreneur ne fournira que de bons matériaux chacun dans son espèce. Monsieur le Maire ou son délégué aura le droit de faire enlever du chantier tous les matériaux qui lui paraîtraient de mauvaise qualité, et si malgré cet examen quelques mauvais matériaux venaient à être placés, il sera obligé de les enlever et de les remplacer à ses frais.

Article 13 : L'administration se réserve le droit de renvoyer les ouvriers reconnus incapables ou indélicats.

Article 15 : Les travaux devront être entièrement terminés au mois de Mai prochain sous peine de dix francs pour chaque jour de retard, à moins de cas de force majeure légalement constaté par Monsieur le Maire. Les travaux seront exécutés en deux séries de telle sorte que l'entrepreneur sera tenu d'en terminer une avant de commencer l'autre, de manière à ce qu'il y ait toujours un logement pour Monsieur le Curé ; toutefois la série terminée sera agréée avant la prise de possession de cette série.

Article 16 : Dans le cas où l'entrepreneur retardataire serait reconnu dans l'impossibilité de continuer son entreprise, il sera mis en demeure, et il pourra sans autre formalité préalable être mis des ouvriers et fourni des matériaux à ses frais et à ceux de la caution pour terminer les ouvrages.

Article 20 : Il sera fait place nette de tous les gravats qui se trouveront sur le chantier après l'exécution des ouvrages, ce qui sera constaté dans le procès-verbal de réception.

Un appel d'offre fut lancé par annonces dans le journal "L'Echo de Vésone" et par affiches placardées dans plusieurs communes, en juin 1855. Cependant, un devis estimatif des travaux à faire avait été dressé dès le 4 mars 1844 par un certain Joseph Pompougniac. Ce devis s'élevait à 2 700 francs, après un rabais de 12 francs. Le 8 juillet 1855, à midi, le Maire de la commune, assisté de deux membres du Conseil, ouvrit un pli déposé en séance, en réponse à l'appel d'offre, et déclara que celui-ci proposait "...un rabais de vingt francs sur le total du prix du devis qui, y compris les cas imprévus, est de deux mille quatre cents quatre vingt cinq francs". Le Maire concluait : "...attendu que cette somme est inférieure à celle portée en notre plis cacheté et déposé sur le bureau ; attendu en outre que le signataire réunit toutes les conditions voulues. Avons déclaré d'ajudication acquise à M. Pierre Latour, menuisier, demeurant à la ville de Périgueux, pour la somme de deux mille quatre cent quatre vingt francs y compris la somme à valoir pour des imprévus, avec cette observation que cette dernière somme en sera acquise en tout ou en partie à l'adjudicataire, qu'au cas où se produiraient des travaux non compris au devis"...

Le 28 février 1865 l'architecte départemental de la Dordogne dressait un nouveau devis estimatif, cette fois pour la construction d'une annexe à l'église (chapelle de la Vierge) de 12 m sur 3,10 m et les réparations de celle-ci. L'annexe avait déjà existé mais il n'en restait que les ruines des murs. Le devis se montait 4 200 F (1 669,57 F pour la chapelle de la Vierge, 2 042,01 F pour les réparations de l'église, 185,58 F d'honoraires et 302,84 F de somme à valoir pour travaux imprévus). Ces travaux comportaient :

- Pour la chapelle de la Vierge = les fouilles du secteur considéré, la maçonnerie, un dallage en pierre de taille, la charpente, la couverture en tuiles creuses (sic) les vitraux et le plafond.

- Pour les réparations de l'église = la maçonnerie ordinaire, la maçonnerie de pierre de taille, le parement vu sur pierre de taille, le ragréage et jointement des piliers laissés libres, l'enduit en plâtre, le plafond, les corniches, le rejointoiement en ciment, le repiquage de la couverture et la peinture à l'huile à 3 couches.

Le cahier des charges stipulait entre autres :

- dans l'article 2 : que les moellons proviendraient des carrières voisines ; il est précisé dans l'article 3 : que la pierre de taille proviendra des carrières de Fonbrejade et sera tirée dans les meilleurs bancs de ces carrières ;

- dans l'article 4 : que la chaux proviendra des fours voisins ;

- dans l'article 5 : que le sable pour les crépissages et la maçonnerie de pierre de taille proviendra de l'Auvézère et sera exempt de matières terreuses ;

- dans l'article 6 : que l'arène pour les maçonneries ordinaires proviendra des bonnes minières des environs ;

- dans l'article 8 : que le ciment romain pour "rejointoyer" sera tiré des fabriques de Vafsy ou de Poulhy ;

- dans l'article 9 : que les bois pour charpentes seront de droit-fil sans aubier, nœuds vicieux ou autres défauts ;

- dans l'article 13 : que le mortier pour les maçonneries de moellons bruts sera composé d'une partie de chaux grasse et trois parties d'arène, celui pour la maçonnerie en pierre de taille sera composé de 1/3 de chaux et 2/3 de sable de rivière ;

- dans l'article 15 : que les plafonds seront faits sur lattés en sapin ou en châtaignier.

Le 31 mai 1867, le Directeur de l'administration des Cultes informait le Préfet de la Dordogne que le Ministre de la Justice et des Cultes accordait à la commune de Blis et Born une aide de 1 000 F pour l'aider à payer la réparation de son église. D'autre part, le 16 octobre de la même année, et pour les mêmes raisons, le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'intérieur du Second Empire (La Valette) autorisait la commune de Blis et Born :

1) à emprunter la somme de 1 800 F, remboursables en 7 ans ;

2) à établir un impôt extraordinaire pour 7 ans à partir de 1868 pour le remboursement de l'emprunt.


le porche avant 1865




le porche entre 1865 et 1874

En 1874, la construction du pignon d'entrée et du clocher actuel de l'église fut lancée par le maire de l'époque (de Tessière) et le 3 mars de la même année, un devis de 6 000 F fut établis (ce devis comprenait : les terrassements, les maçonneries, la charpente, la couverture, les menuiseries, la ferronnerie, la serrurerie, les plâtreries, la peinture, la vitrerie, les honoraires de l'architecte et la somme à valoir pour les dépenses imprévues). L'administration des cultes octroyait, le 11 juin, une subvention de 2 000 F à la commune.


L'église avant les modifications de 1874 ; A : coupe longitudinale, B : plan

 


A : le fronton actuel, B : plan de la charpente du clocher

 

Le 23 janvier 1877, le Ministère de la Justice et des Cultes accorda à Blis et Born une aide de 250 F pour l'acquisition d'un autel...

Le Concordat de l'an IX, signé par Bonaparte et Pie VII, conclu le 15 juillet 1801, réglait les rapports de la France avec le Saint-Siège et de l'Etat avec l'Eglise jusqu'à la loi du 9 décembre 1905. En effet, à la fin de la Présidence d'Emile Loubet (3ème République), la République se radicalise, ce qui entraîne un renforcement de l'anticléricalisme. La séparation de l'Eglise et de l'Etat entraîna dans toute la France des conflits sociaux et des répressions brutales. Cette crise majeure en début de ce siècle, ne va pas épargner notre Département (le Père Pierre Pommarède à fort bien présenté cette mini-révolution en Périgord, 1974, et 1976 aux éditions Pierre Fanlac) et tout particulièrement notre Commune, si paisible depuis la Révolution. Comme le dit Gérard Fayolle dans son "Histoire du Périgord" (1984, éditions Pierre Fanlac, t.2, p.261) "Le Périgord du début du XXème siècle n'est pas un pays de foi vive et très combative. La pratique religieuse ne témoigne pas d'un zèle excessif, mais la religion ordonne cependant la vie quotidienne de l'écrasante majorité des habitants qui tiennent aux rites, aux traditions et à la présence, jusque dans les hameaux les plus reculés, de l'Eglise romaine".

Les premières actions républicaines contre les congrégations religieuses remontent à la fin de l'année 1879 lorsqu'une enquête fut menée par le préfet de la Dordogne au sujet du "Domine Salvam fac Rempublicam" (Dieu sauve la République) que l'on devait chanter au cours de la messe comme l'ordonnait le Concordat signé par Bonaparte et Pie VII. En effet, il semble que de nombreux curés oubliaient volontairement cette obligation, ce qui amena de nombreuses plaintes auprès de la Préfecture (Pommarède, op. cité, p. 75). Pour cette raison, le 5 mai 1894 le préfet se plaignit contre le curé de Blis et Born (Soulacroux) (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 58).

La crise s'accentue en 1901 et 1902 avec les lois interdisant l'enseignement religieux, ce qui entraîne le face à face conflictuel prêtres - instituteurs laïques de villages. Le mouvement catholique du "Sillon" prend alors de l'essor, surtout à partir de la tenue de son Congrès de 1905 (justement en Dordogne, à Bergerac). De nombreuses conférences sont organisées par ce mouvement, à travers tout le département, dont Blis et Born, Le Change et Eyliac (Pommarède, op. cité, p. 135). En dehors des membres du clergé, les sillonnistes sont pour la plupart des notables. Un établissement congréganiste existait dans notre commune ; il dépendait de la congrégation de Saint-Joseph des Verseaux à Aubenas en Ardèche (Pommarède, op. cité, p. 296). Il fut ouvert au début de l'année 1888 par Sœur Zénaïde Dours (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 266). Le même type d'établissement, de la même dépendance, existait aussi au Change. L'établissement congréganiste des Sœurs de Blis et Born (ancienne maison Gouzon ; construite en 1882 par le Père Soulacroux, cette maison école fut vendue en 1914, après la mort du Père, à Pierre Chastaing, maréchal à Ste Ursanne en Suisse et père de feue Mme Gouzon) fut fermé en juillet 1902 par l'administration (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 256), en même temps que 47 autres du département (Pommarède, op. cité, p. 308, note 1189). Le Conseil municipal de l'époque, dirigé par son maire Pierre Richard, donnait les raisons de son refus à la réouverture de cette école, le 20 octobre 1902 (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 256) :

"Considérant que l'école laïque, pour laquelle la commune s'est imposé de lourds sacrifices, est plus que suffisante pour recevoir tous les enfants de la commune ; qu'il n'est donc pas utile de fonder une nouvelle école ;
Considérant d'ailleurs que la rivalité de l'école laïque et de l'école congréganiste, crée un état de division et a l'une des haines dont souffre la commune : (pour n'en citer qu'un exemple, mais récent, ne voyons-nous pas certaines personnalités hautaines qui voudraient cependant passer pour des champions de la liberté et chercher à affamer des ouvriers (ce qui est le pire des appressions) parceque ceux-ci n'ont pas voulu signer une pétition demandant le maintien des soeurs)
Considérant qu'autoriser les religieuses à enseigner comme avant serait creuser sciemment le fossé qui sépare les deux fractions de la jeunesse, et serait, de ce fait, un acte anti-républicain et anti-patriotique
Considérant enfin que le personnel laïque est digne à tous égards de donner l'instruction et l'éducation à tous les enfants de la commune et peut largement suffire à cette noble tâche ;
Dans un but de pacification et d'affranchissement, émettons l'avis que l'autorisation demandée soit catégoriquement refusée.
Cette proposition est adoptée à l'unanimité moins une voix, celle de Faure, parce que dit-il, l'école congréganiste ne coûte rien à la commune
".

Dans une pétition de protestation, datée du 18 juillet 1902, 53 électeurs de notre commune demandaient pour leurs religieuses, "deux pauvres et saintes femmes sans gîte et sans pain qui ne se sont pas révoltées", de rouvrir l'école. "La consternation est grande dans la commune" (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 256 ; Pommarède, op. cité, p. 310, note 1200) fut envoyée au préfet.

Le 16 août 1903, le journal catholique, la Semaine Religieuse donne une liste d'une cinquantaine de ces écoles fermées, dont Blis et Born (liste appelée "liste de deuil") (Pommarède, op. cité, p. 314, note 1238). Les poursuites s'ensuivent et le Tribunal Correctionnel de Périgueux condamne à des amendes, le 8 août 1904, pour délit de reconstitution de Congrégation dissoute, deux sœurs institutrices (Marceline Chourentin et Julie Saumier) et une épouse de notable de Blis et Born. Le 4 novembre 1904, la Cour d'Appel de Bordeaux confirme la condamnation et ordonne la fermeture de l'école dans les quinze jours (Pommarède, op. cité, p. 322, note 1317).

Une pétition en faveur du maintien du Concordat, en particulier pour le maintien du budget des cultes, est lancée par les opposants à la nouvelle loi républicaine, en même temps que celle-ci devait être en discussion et votée à la Chambre des Députés, le 23 mars 1905. Des affiches contre et d'autres pour la pétition furent placardées et des tracts distribués. En Périgord, cette initiative contre la loi fut soutenue avec vigueur par Monseigneur Delamaire. Les résultats de cette pétition furent publiés le 5 août par La Semaine Religieuse : 56 % des électeurs des localités où cette pétition fut présentée l'avaient signée. Il faut dire que cette pétition ne fut pas présentée dans 86 paroisses et que dans 59 autres, seuls les hommes l'avaient signée. Il convient d'ajouter que de nombreuses personnes aux champs, aux foires, aux marchés... n'avaient pu la signer, même si elles l'avaient souhaité (Pommarède, op. cité, p. 335). A Blis et Born, nous avions en 1897, 169 électeurs et en 1905, 180. Les électeurs signataires sont au nombre de 110 et les femmes (n'oublions pas que les femmes n'avaient pas encore le droit de vote) signataires sont au nombre de 104, ce qui fait un total de 214 signataires. Les 70 électeurs non signataires ne le sont que parce qu'ils n'ont pu signer la pétition car aucun électeur n'a refusé sa signature (Pommarède, op. cité, p. 371).

L'organisation des Inventaires des biens de l'Eglise en 1906, fit monter d'un cran la crise. Le clergé, bien évidemment s'opposa à de tels contrôles et il fut alors suivi par un bon nombre de catholiques. Des incidents, parfois très violents, s'ensuivirent et la maréchaussée dut intervenir dans de nombreuses communes. Des églises furent fermées, leur porte scellée ; des manifestations organisées par les opposants et contre-manifestations des partisans de cette loi républicaine engendrèrent dès querelles de clocher dignes de "Clochemerle". Les églises deviennent de vraies forteresses gardées par les pro-Concordat. Selon le maire de Blis et Born (Richard), l'abbé Raymond Marton, curé de la commune, s'écria : "Venez sans craindre les peines corporelles ni les peines morales, venez défendre votre église" (Pommarède, op. cité, p. 442). Dans le clocher de notre église, des pierres sont amassées pour accueillir ceux qui souhaiteraient faire l'Inventaire et le maire avertit le Préfet "que le clocher de l'église est garni de pierres qui tomberont par enchantement sur ceux qui procèderont à l'Inventaire, que le curé a invité les manifestants au presbytère à boire à tire larigot". Cependant, dans une seconde lettre (lettre du 17 mars 1906 : Pommarède, op. cité, p. 502, note 1846), en "sincère républicain de Blis et Born" il dénonce ces faits et gestes : "...Le curé est parti à la promenade vers trois heures, il était de retour à cinq heures ; il fait le catéchisme chez lui /.../ malgré cela on sonne (l'angélus) malgré la barricade ; je vais vous donner la clef de l'énigme : derrière l'église il y a une autre petite porte qui aboutit aux appartements du presbytère. Est-il roublard notre curé !" (Pommarède, op. cité, p. 454). Lorsque le jour de l'Inventaire arrivera (16 février 1906), les paysans de notre commune viendront s'y opposer, munis de bâtons noueux et de gourdins (Pommarède, op. cité, p. 446). L'inventaire de la Fabrique* de Blis et Born, empêché ce jour-là, fut fait néanmoins le 21 mars à 6 h du matin, par le sous-inspecteur Masson, en présence de Jacques Jourde et Louis Eymard (employés de commerce à Périgueux.

Fragment de l’ancienne porte de l’église, détruite par la maréchaussée le 21 mars 1906

 

Voici le contenu de celui-ci (Archives du Périgord, cote MOD 0 V 189) :

Chapire Ier : Biens de la Fabrique*

Dans l'église :

- 100 chaises estimation : 40 F
- chemin de croix en papier " 10 F
- 8 bancs en bois " 8 F
- 1 confessionnal en bois blanc " 8 F
- 1 chaire mobile, bois blanc " 12 F
- 1 horloge, oeil de boeuf " 5 F
- 1 tapis de pied " 15 F
- 1 drap mortuaire " 10 F
- 1 lustre en cuivre " 5 F
- garniture du maître-autel : 1 Christ et 6 chandeliers 10 F
- garniture de l'autre autel : 1 Christ, 4 chandeliers 6 F
- 1 lampe de sanctuaire " 2 F
- 1 vestiaire en bois " 20 F
- 1 ornement de chaque couleurs liturgiques, violet, blanc, rouge, noir, vert, plus un deuxième ornement violet 60 F
- 2 chapes, une noire et une blanche " 30 F
- 1 voile huméral*, en soie blanche " 3 F
- 1 thabor* en bois " 1 F
- 2 aubes " 3 F
- 1 bannière " 1 F
- 1 croix de procession " 5 F
- 1 encensoir et sa navette " 2 F
- 4 tabourets " 2 F
- fauteuil du célébrant " 2 F
- 1 calice paraissant en argent " 50 F
- 1 ostensoir paraissant en argent " 80 F
- menus linges pour le culte " 5 F
- 1 missel et un porte-missel " 5 F
- 3 canons* d'autel " 1 F
- sur notre demande M. Marthon Raymond, desservant nous a déclaré que le tabernacle contenait un ciboire en argent qu'il estime 30 F
et un calice en même métal d'une valeur de 20 F
_____
Total du chapitre 1er 451 F

Chapitre II : Biens de l'Etat, des Départements et des Communes dont la Fabrique* n'a que la jouissance

L'église de Blis et Born se compose d'une nef au bas côté gauche, d'un chœur et d'une sacristie.
Au-dessus de la porte d'entrée s'élève un clocher dans lequel se trouve une petite cloche.

Autres immeubles par destination

Bénitier en pierre, cuve des fonts baptismaux en pierre dans une niche, vitraux en verres blancs sauf celui des fonts baptismaux (baptême du Christ) et les trois éclairants le bas côté (St Joseph, St Pierre et évêque, station de la Vierge, de St Joseph et de St Antoine-de-Padoue), en stuc sur des consoles.

Maître-autel en maçonnerie et plaques de marbre gris ; autel de la Vierge en marbre blanc ; grilles en fer séparant le chœur de la nef et la chapelle de la Vierge du bas-côté ; placard en bois scellé dans le mur - Statue de Ste Catherine.

Estimation du sol, terrain à bâtir 50 F

Le presbytère attenant élevé sur un rez-de-chaussée et environ 10 ares de jardin 2 500 F
_______
Total 2 550 F

Le desservant sans nous présenter de comptabilité nous a déclaré que la fabrique* ne possédait comme actif qu'un titre au porteur de rente sut l'état 3 % de trois francs.


Par suite de l'absence des représentants légaux de la fabrique, la prisée a été faite par l'agent des Domaines seuls.

Les choses ne se passaient pas très bien entre le "parti clérical" et la municipalité "républicaine" : le Père Marton ayant refusé de payer le loyer élevé demandé par la municipalité pour l'utilisation du presbytère, le maire demanda, le 5 mars 1907, l'éviction du curé du presbytère au préfet (Archives du Périgord, cote MOD 12 O 63).

Du fait que la loi du 9 décembre 1905 transformait l'organisation publique des cultes en organisation privée, s'instituèrent les "associations cultuelles" "dans le délai d'un an après la promulgation de la présente loi, les biens des établissements publics du culte seront transférés par les représentants légaux de ces établissements aux associations qui, en se conformant aux règles d'organisation générale du culte dont elles se proposent d'assurer l'exercice, se seront légalement formées" (Pommarède, op. cité, p. 553). Ce genre d'association fut condamné par le clergé et en premier lieu par le Pape Pie X, le 6 janvier 1907. Blis et Born fut tardif pour créer son "association cultuelle catholique" : elle fut créée le 28 avril 1907 déclaration au Journal Officiel le 9 mai 1907) et s'est dissoute le 17 mai 1908. Elle n'aura donc existé qu'un peu plus d'une année. Il faut dire qu'il y eut des problèmes de dévolution des biens de l'ancienne Fabrique* : la municipalité, en date du 5 mai 1907 l'accordait gratuitement à l'association (sauf le presbytère qui serait loué), alors que le Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes la refusa ; la demande ayant été faite cinq mois après l'expiration du délai légal. Un bail de 18 ans fut néanmoins signé, le 14 juillet 1907, entre la municipalité et l'association cultuelle.

Bien que l'association cultuelle ait eu la jouissance de l'église et d'un jardin, l'abbé Marton pouvait néanmoins officier, ce qu'il fit peu de temps puisque le 10 février 1908 il était rappelé par l'Evêque et envoyé à Saint-Crépin-de-Richemont.

Pour terminer, voici quelques derniers travaux effectués tant à l'église qu'au presbytère. Ce dernier fut pendant longtemps une source de revenus puisque sa partie gauche fut louée à des particuliers (ce qui est toujours le cas). La partie droite était réservée au curé pour le catéchisme, jusqu'à l'installation de la Mairie seulement depuis les années 50.

Le 4 février 1911, un devis de 449 F (approuvé le 8 mai suivant par le Maire de Blis et Born, toujours Richard) était établi par la Fonderie Spéciale de Cloches Emile Vauthier de Saint Emilion (Gironde) pour la refonte de la cloche cassée de la commune de Blis et Born. La cloche pesait 200 kg et la nouvelle fera le même poids.

En mai 1922, de nouveaux travaux étaient engagés, cette fois pour restaurer la charpente et la couverture du clocher ainsi que la pose d'un paratonnerre. Le coût total était de 6 000 F (charpente et couverture = 40968,09 F, somme pour cas imprévus = 531,91 F, honoraires des architectes à 7 % plus frais de déplacements = 115 F).

En décembre 1938 une réfection des plafonds et de la toiture du presbytère et d'une partie de l'église (coté sud) est assurée par René Chiorozas du Jalagier, pour 6 650 F.

Enfin, en juin 1949, de nouvelles réparations du clocher de l'église ont coûté 72 372 F à la commune. Les travaux ont été réalisés par l'entreprise P. Audy de Milhac d'Auberoche.

Th. TILLET

LISTE DES PRIEURS, CURES, CHANOINES DE BORN

Géraud de Monlauu : Fondateur du prieuré en 1128, abbé en 1168.

Hélie Bellet : Prieur au XII° siècle.

Raymond de Chanlazac : Prieur en 1217.

Pierre Raymond : Abbé de 1292 à 1304. Prieur de Born à la même époque.

Eymeri de Bescle : Prieur en 1349.

Aymeric de Bothela : Prieur de Born en 1359 avant d'être abbé de Chancelade de 1359 à 1367 (peut-être s'agit-il d'Eymeri de Bescle ?).

Jean Joubert : Prieur de Born avant d'être abbé de Chancelade en 1416.

Antoine d'Escure : Prieur de Born en 1461.

Jean Dupuy : Prieur de Born en 1528.

N.... de Chabans : Prieur de Born du 29 juin 1575 au 5 février 1578.

Pierre Charrieres : Prieur de Born en 1578.

Arnaud de Solminhac : Abbé de Chancelade,oncle d'Alain de Solminhac. Il se retira à Born mais nous ne savons pas s'il en était le Prieur. Il s'éteignit le 29 octobre 1620.

Bernard (Blanzac) de La Salle : Non chanceladais. Prieur de Born et Curé de Blis de 1621 à 1636.

Jean de La Salle : Non chanceladais. Prieur de Born jusqu'à sa mort survenue le 11 mai 1656.

R. De Blanzac : Prieur de Born en 1674.

Jacques de La Salle : Non chanceladais. Prieur de Born et Curé de Blis de 1680 à 1687.

....... Galand : Chanceladais. Prieur de Born et Curé de Blis en 1680.

....... Petit : Chanoine faisant pour le curé de Born en 1680.

Pierre Gisbert : Curé de Blis à partir de 1686 et Prieur de Born à partir de 1687 et jusqu'à sa mort survenue le 11 juillet 1692.

François Dhuglas : Curé de Blis. Prieur de Born en 1692.

Pierre Bonheure : Prieur de Born de 1693 à 1715.

....... Lacroix : Chanoine régulier officiant à Born en 1693.

........ Rousseau : Chanoine régulier officiant à Born en 1693.

Antoine Roubenne : Neveu du Père Bonheure. Prieur de Born et Curé de Blis de 1715 à 1737. En 1732, il installa la cure à Born, celle de Blis étant alors en très mauvais état.

Raymond Orfaure : Prieur de Born et Curé de Blis (puis Prieur-curé de Born) de 1737 à 1762.

Pierre Pastoureau (Patoureau) : Né le 23 novembre 1727 à Nontron ; décédé le 19 nivôse an VI (8 janvier 1798) à Nontron. Prieur-curé de Blis et Born de 1762 à 1793.

Bernard Pouyaud (Pouyadou, Poujol) : Né le 21 février 1757 à Cubjac ; décédé le 16 décembre 1828 à Cubjac. Prieur-curé de Blis et Born en 1802. Le 23 brumaire an VIII (14 novembre 1799) un mandat d'arrêt fut lancé contre lui : "ex-prêtre, marchand qui a tenté de détruire trois enregistrements civils des trois enfants de Marie Blois qu'elle a eu depuis qu'elle est sa servante" (R. Bouet, 1994 : Le Clergé du Périgord au temps de la Révolution Française, p. 254).

Jean Bost : Né le 19 août 1742 à Bourdeilles ; décédé le 21 janvier 1831 à Eyliac. Prieur-curé de Blis et Born de 1803 à 1811. En 1819, il est écrit sur lui : "bonne moralité, a prêté tous les serments et a dû sa tranquillité à sa nullité ; il n'est ni bon ni mauvais ; fut intrus dans plusieurs communes" (R. Bouet, 1994 : Le Clergé du Périgord au temps de la Révolution Française, p. 117).

Bernard Labrousse : Né le 27 mai 1760. Curé de Blis et Born de 1819 à 1836 (jusqu'à sa mort). Il venait de Fossemagne.

Louis Toussaint Rigaud : Né à Saint Junien (Haute-Vienne) le 1er novembre 1807. Curé de Blis et Born de 1836 à 1842. Avant Blis et Born, il était curé de Manzac et après Blis et Born il officiait à Plazac. Il est mort en 1882 à Beaumont.

Jean Lally : Né le 25 octobre 1806 à Thalamy près de Tulle (Corrèze). Curé de Blis et Born de 1842 à 1857. Il venait de Corgnac et a quitté Blis et Born pour Eglise Neuve d'Issac. Il est mort le 5 octobre 1889 à Mouzens.

Guillaume Noyé : Né le 23 février 1823 à Espalier près de Rodez. Curé de Blis et Born de 1857 à 1860. Il venait de Mouleydier et quitta Blis et Born pour Aubas. Il est mort le 23 novembre 1871 à Vieux Mareuil.

Louis M. Joseph Bonnafous : Né le 20 avril 1830 à St Jean de Mareil. Curé de Blis et Born de 1861 à 1868. Il venait de Creyssensac et quitta Blis et Born pour Grolejac. Il est mort le 20 mai 1896 à Saint Nexans.

Jean Marie Joseph Soulacroux : Né le 21 février 1828 à Caillac. Curé de Blis et Born de 1868 à 1902. Avant de servir la cure de Blis et Born, il était professeur dans une école cléricale de Bergerac. Après Blis et Born, il se retira et décéda le 2 novembre 1911 à Périgueux.

Ferdinand Lapierre : Né le 8 décembre 1874 à Ligueux. Curé de Blis et Born de 1902 à 1903. Il venait de Bergerac où il était vicaire. Il quitta Blis et Born pour Saint Sulpice d'Excideuil et décéda le 19 février 1928 à Larochebeaucourt.

Raymond Marton : Né le 12 mai 1876 à Saint Saud. Curé de Blis et Born de 1903 à 1908. Il venait de Thiviers où il était vicaire (Pierrefiche). Il quitta Blis et Born en 1908 pour Saint Crépin de Mar.. Il est mort à la guerre le 1 janvier 1918.
Après 1908, Blis et Born n'a plus eu de Curé résident ; les curés des paroisses du Change puis de Cubjac desserviront notre commune.

 

LEXIQUE

Acaptes = Droit de mutation dû au seigneur à la mort du tenancier, par son héritier, à cause de l'investiture que le seigneur lui donnait.

Acense = Bail acense. Acenser : donner, prendre à cens. Le cens était une redevance payée au seigneur.

Apothicaire = Se disait autrefois pour pharmacien.

Arpent = Ancienne mesure agraire de 50 ares.

Arrérages = Ce qui est dû, échu d'une terre affermée, d'un revenu quelconque.

Baillarge = Non donné en quelques régions du centre de la France à l'orge de printemps, caractérisée par ses épis à deux rangées de grains (on dit aussi "baillorge" = l'orge du baille). Le mot "baillard" (variétés d'orge) est de la même origine.

Boisseaux = Ancienne mesure de capacité pour les matières sèches, de contenance variable suivant les villes (13 litres).

Bougie = Les ventes aux enchères se faisaient (comme elles se font encore quelquefois) en utilisant une bougie allumée. Les enchères se faisaient tant que la bougie était allumée. S'il n'y avait plus d'enchérisseurs, il fallait néanmoins attendre que la bougie s'éteigne pour décréter effectivement la vente faite. Tant qu'il y avait des enchérisseurs, on rallumait la bougie, ce qui explique qu'il y avait plusieurs feux*.

Canons = Cartons que l’on posait sur l’autel et qui comportaient des textes latins que le prêtre devait réciter.

Cartonnée = Ou Quartonnée. Superficie. Se divise en 8 picotinées ou 96 escats* ou 1 248 pieds carrés : approximativement 1/6 d'hectare.

Commendataire = Qui est pourvu d'une commende. La commende était autrefois la collation d'un bénéfice ecclésiastique (abbaye, prieuré).

Convers = Religieux employé au service domestique (frère convers ; sœur converse).

Crier = Publier : crier une annonce ; crier une vente, proclamer les enchères.

Décimaux = Fruits décimaux : sujets à la dîme*.

Diaconat = Le second des ordres sacrés, conféré aux diacres*.

Diacre = Qui a reçu l'ordre immédiatement inférieur à la prêtrise.

Dîmes = Impôt. Dixième partie des récoltes qu'on payait au clergé ou aux seigneurs. Celle-ci fut abolie par la Révolution.

Distraction = Action de séparer une partie d'un tout.

Double = Chose qui vaut une fois autant.

Emoluments = Avantage, profit.

Escats = Ancienne mesure de superficie. 96ème partie de la cartonnée*.

Escholiers = Ecolier

Fabrique = Autrefois, biens, revenus d'une église.

Feu = Voir "Bougie".

Geline = Poule.

Grison = De couleur grise.

Huméral = Rapport au bras (à l'humérus)

Insinuer = Faire enregistrer une nomination.

Journal = Ancienne mesure indiquant la quantité de terrain qu'un homme pouvait labourer en un jour.

Lieue = Ancienne mesure linéaire de valeur variable. Lieue kilométrique, lieue de 4 kilomètres. Lieue de terre ou lieue commune, lieue de 4 km 444.

Linage = En rapport avec "alignement".

Livre = Monnaie dont la valeur a varié suivant les temps et les lieux et qui a été remplacée par le Franc à la Révolution.

Main morte = Ou mainmorte. Etat des moines qui sont privés de la faculté de disposer d'un bien.

Meinement = Ou meynement.

Mense = Revenu d'un curé, d'une communauté.

Mêture = Ou Mesture ou Méteil. Mélange de froment et de seigle, de blé ou d'orge. Appelé parfois aussi "champart".

Novale = Dîmes perçues sur un terrain récemment mis en culture.

Obit = Service religieux anniversaire pour le repos de l'âme d'un défunt.

Official = Juge ecclésiastique, délégué autrefois pour exercer la juridiction contentieuse.

Paraphe = Signature abrégée.

Picotin = Mesure d'avoine pour un cheval (environ 2,50 litres).

Pinte = Ancienne mesure pour les liquides, valant environ 93 centilitres.

Pipe = Ancienne mesure de capacité, employée dans le commerce des liquides.

Prémices = Premiers produits de la terre ou du bétail : les prémices des champs, de la ferme.

Régulier = Prêtre régulier : qui est soumis à une règle monastique.

Résigner = Se démettre d'un bénéfice (d'un office) en faveur de quelqu'un.

Séculier = Prêtre séculier : qui n'a pas fait de vœux monastiques.

Sénevé = Moutarde noire.

Setier = Ancienne mesure pour les grains ou les liquides (environ 8 pintes* pour les liquides et environ 156 litres pour les grains).

Sol = Monnaie dont la valeur a varié suivant les temps et les lieux et qui a été remplacée par le centime à la Révolution.

Subrogation = Substitution d'une personne à une autre pour l'exercice d'un droit ou d'un devoir.

Ténement = Terme féodal. Terre tenue moyennant redevance.

Tenence = Voir "ténement".

Thabor = Base, généralement en bois, posée sur l'autel et soutenant l'ostensoir.