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Histoire des Maires

 

Introduction
Première époque : période révolutionnaire (1789-1800)
Deuxième époque : période du Consulat et du Premier Empire (1800-1815)
Troisième époque : période de la Restauration (1814-1830)
Quatrième époque : période des Bourbons-Orléans (1830-1848)
Cinquième époque : période de la Seconde République puis du Second Empire (1848-1870)
Sixième époque : période de la Troisième République (1870-1940)
Septième époque : période de l’occupation et du gouvernement de Vichy (1940-1944)
Huitième époque : période du gouvernement provisoire puis de la Quatrième République (1944-1959)
Neuvième époque : période de la Cinquième République (depuis 1959)
Lexique

 

 

 

Cinquième époque : période de la Seconde République puis du Second Empire (1848-1870)


                                                                 

                          Louis-Napoléon Bonaparte                            Napoléon III

            Les journées révolutionnaires de février 1848 renversèrent le roi Louis-Philippe et, au début mars 1848, le suffrage universel* fut proclamé en France. Ce fut le premier état du monde à adopter ce type d’élection. La majorité électorale était fixée à 21 ans, l’éligibilité à 25 ans, et le scrutin serait secret. Les élections des 23 et 24 avril 1848 furent l’occasion de mettre en place cette nouvelle loi. Charles Alexis de Tocqueville, ministre, rapportait alors ces propos pour souligner l’irresponsabilité des auteurs de cette loi : « A-t-on jamais vu dans le monde rien de semblable à ce qui se voit aujourd’hui ? Où est le pays où l’on a jamais été jusqu’à faire voter les domestiques, les pauvres, les soldats ? Avouez que cela n’a jamais été imaginé jusqu’ici. » Cependant, les femmes étaient encore oubliées… La République va très vite réprimer les « républicains rouges » et le 31 mai 1850, une nouvelle loi restreint le suffrage universel* en imposant trois ans de résidence dans le canton pour pouvoir voter.

            Du 30 juillet 1848 à juillet 1852 nous trouvons Claude Richard comme maire de Blis-et-Born. Né à Chignaguet le 9 août 1807 de Pierre et de Jeanne Sudrie, il épousa Louise Château-Reynaud et décéda le 20 septembre 1889 dans sa maison de Chignaguet. Il avait donc pratiquement 41 ans lorsqu’il prit la charge de maire pour la première fois. D’abord élu, il fut ensuite conservé dans cette fonction par le préfet.

            Plébiscite de novembre 1852

            En mai 1852, les pouvoirs du Président et ceux de l’Assemblée expirent. Or, d’après la Constitution de l’époque, Louis-Napoléon Bonaparte n’étant pas rééligible, décide de préparer son « coup d’Etat », et le 2 décembre 1851, il s’empare du pouvoir et les maires comme les conseils municipaux républicains sont révoqués et dissous, remplacés par des maires à nouveau nommés. Ordre est donné de supprimer les inscriptions « Liberté – Egalité – Fraternité » sur les mairies et d’arracher les arbres de la liberté… Les conseillers municipaux restent élus au suffrage universel*.

            Les 21 et 22 novembre 1852, eu lieu le référendum au plébiscite suivant : « Le peuple français veut le rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui donne le droit de régler l’ordre de succession au trône dans la famille Bonaparte, ainsi qu’il est dit dans le Sénatus-Consulte* du 7 novembre 1852 ».

            Voici ce que nous dit le procès-verbal de ces élections à Blis-et-Born (AD : 3M14) :

Président du bureau de vote : Front Auguste Gautier du Defaix (maire)
Assesseurs : Pauly, Richard, Faure et Lestrade
Secrétaire du bureau : Lestrade
Nombre d’inscrits à Blis-et-Born : 191
Nombre de votants : 136
Oui au plébiscite : 135
Non au plébiscite : 1

            Le rétablissement de l’Empire intervient le 2 décembre 1852.

            Le 17 juillet 1852, Auguste Gautier du Defaix est à nouveau nommé maire de Blis-et-Born. Il y restera jusqu’en janvier 1854, date de sa démission.

            Arsène Brouillet lui succèdera jusqu’en avril 1858. Il avait 47 ans lorsqu’il fut nommé maire de Blis-et-Born. Il était marchand de vin et demeurait au Change depuis son mariage avec la fille de Jacques Chariéras (l’ancien maire de Blis-et-Born). Ses chais sont encore visibles dans la cour de sa maison (celle occupée aujourd’hui par la famille de Tessières au bourg du Change).

            Viendra ensuite, à nouveau Desmartin-Duvignaud, du 1er avril 1858 à novembre 1860, puis à nouveau Claude Richard, du 10 novembre 1860 jusqu’à septembre 1861, et enfin François Pauly, du 22 novembre 1861 jusqu’à 1871.

            François Pauly, né le 5 mars 1808 au bourg de Blis-et-Born, de Elie et de Catherine Tronche, se maria avec Philipine Desplas le 2 février 1827. Il avait 53 ans lorsqu’il fut nommé maire. Il habitait Born.

           La loi sur l’organisation municipale, plusieurs fois repoussée, est enfin votée le 5 mai 1855 et les élections municipales sont fixées aux 28 et 29 juillet 1855, et ensuite tous les cinq ans. Le maire, nommé par le préfet n’est pas forcément membre du conseil municipal. Cependant, par la volonté de Thiers, une circulaire ministérielle du 29 juin 1865 admet officiellement que le maire doit être de préférence choisi au sein du conseil municipal. Démagogiquement, le Second Empire* accepte que tous les citoyens votent, mais il ne tolère pas les opposants, et, la veille du scrutin, le garde champêtre porte à chaque électeur le bulletin officiel. Le candidat de l’opposition distribue lui-même ses bulletins avec grandes difficultés. Néanmoins, le garde de la mairie remplacera le mauvais bulletin par le bulletin officiel lorsque l’électeur entrera en mairie ou au moment du vote puisque c’est le président du bureau de vote qui a la charge de glisser dans l’urne tous les bulletins… Le 16 août 1870, une protestation, envoyée par un conseiller municipal de Blis-et-Born, nommé Siméon, est reçue par le préfet de la Dordogne (AD : 5k305). Celle-ci dénonce des opérations de substitution de bulletins avant l’entrée dans la salle de vote lors de l’élection du dimanche précédent : « un membre du bureau s’est permis de sortir de la salle pendant l’opération et aller sur la route arreter les électeurs et enlever les billets, et les changer par d’autres fais à sa fantaisie, celui-ci à opéré de cette manière pour faire nommer son cousin et son oncle. Comme ce personnage a une sertaine influance par sa position, il lui est très facile de méner certains électeurs commeil veux » ; plus loin : « non seulement il s’est permis de quiter son poste, mais encore il s’est permis d’aller à une sertaine distance de la sale pour mieux gagner les électeurs. Je ne sais s’il à fait des menasses à ceux qui ne voterois pas comme lui, mais toujours est-il qu’il a fait la propagande autant qu’il lui à été possible. Je signale loncle, le neveux et le cousin jermain qui ont été tous les trois nommés, vous comprendrez Monsieur le préfet que des choses (mots illisibles ou rayés) ne pouront pas passer inapersu à l’autorité supérieure, sans l’emprévenir, et qu’il est du dernier ridicule que dans un conseil comme dans notre commune, il est deux cousins jermains et un oncle, dans le même conseil. Dans une commune où il y à 700 habitants, jose espérez Monsieur le Préfet que vous ferez droit à la réclamation de plusieurs électeurs ».

            Voici la réponse du maire de l’époque à cette protestation (AD : 5k305) :

            « Monsieur le Préfet,
            J’ai l’honneur de répondre à l’instant même, à la protestation formulée par le sieur Siméon :
            D’après la loi, Monsieur le Préfet, deux cousins germains peuvent être en même temps membres du Conseil municipal, ou je l’interprète mal.    
S’il y avait confusion chez moi, veillez je vous prie, Monsieur le Préfet, me faire connaître, en des termes plus clairs, que les parents au degré de père, de fils, de frère, et les alliés au même degré ne peuvent entrer en même temps dans le Conseil municipal.
            Il est vrai, comme le dit le réclamant, qu’il y a deux cousins germains et un oncle dans le même Conseil municipal.
            Il y a toujours eu, Monsieur le Préfet, trois membres au bureau pendant toute la durée du scrutin.
           
Agréez, Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments très distingués.

Maire de Blis-et-Born
Pauly »

            Ne pas suivre les directives des notables et des curés peut être aussi dangereux. L’Eglise est le soutien le plus actif de l’Empire et ceci expliquera ensuite les convictions anticléricales des républicains de la IIIème République.

            Les dernières élections municipales du Second Empire* eurent lieu en août 1870 sans problèmes. Les conseillers élus ne siégèrent pas très longtemps, puisque le désastre de Sedan, le 2 septembre 1870, voit la fin de l’Empire et le rétablissement de la République.

            A Blis-et-Born, Claude Richard redevient maire ; le préfet ayant peut-être voulu répondre de cette façon (en nommant Claude Richard à la place de François Pauly) à la protestation de Siméon.

 

       Le costume particulier du maire et de ses adjoints est redéfini par le décret du 1er mars 1852. Le costume du maire est ainsi défini : « Habit bleu, broderie en argent, branche d’olivier au collet, parements* et taille, baguette au bord de l’habit ; gilet blanc ; chapeau français à plumes noires, ganse* brodée en argent ; épée argentée à poignée de nacre ; écharpe tricolore, avec glands à frange d’or. Petite tenue : même broderie au collet et parements ». Le costume des adjoints est ainsi défini : « Coins brodés au collet, parements, taille et baguette. Petite tenue : coins au collet et parements. Echarpe tricolore à franges d’argent ». Le port du costume est obligatoire pour les maires et adjoint « dans les cérémonies publiques, et toutes les fois que l’exercice de leurs fonctions peut rendre nécessaire ce signe distinctif de leur autorité ». Il faut signaler que si ce décret est de nos jours toujours en vigueur, ces dispositions ne sont toutefois plus appliquées en ce qui concerne le port du costume. L’on-t-elle été vraiment un jour en ce qui concerne les maires de communes aussi petites que la nôtre ? Seul le port de l’écharpe tricolore, obligatoire par le maire et ses adjoints fut vraiment observé et il s’agit là du seul élément qui subsistera jusqu’à nos jours.

 

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