HISTOIRE DE L'ECOLE

A BLIS ET BORN

 

L'Ecole publique

L'Ecole primaire laïque

Les instituteurs et institutrices laïques

Les élèves de l'école laïque

L'Ecole privée

 

Il y a maintenant quatre ans que le premier fascicule des "Etudes Historiques sur Blis et Born", concernant la toponymie de notre commune, vous a été remis. Vous avez pu y retrouver les anciens noms des lieux de la paroisse, noms qui furent constamment utilisés par les "Anciens" et que nous espérons voir revivre non seulement dans nos mémoires mais aussi dans nos discussions. Pourquoi par exemple nommer "Les Chabannes" le quartier où se trouvent les maisons Dupin et Lafarge puisque son nom est véritablement "Les Courtis" ? De même la maison Dumas/Thomasson, toute proche, n'est pas aux Courtis mais sur la limite de "Dardailha" (ou "Dardaillier")... Mes recherches se poursuivant depuis la publication de ce premier fascicule, je peux aujourd'hui affirmer que la maison noble de "La Mounerie", que je disais alors avoir disparu malgré sa richesse mentionnée, depuis 1508 ("Mansum de la Manouria"), correspond en fait à la chartreuse transformée en ferme et occupée actuellement par les familles Chaumande/Grandcoin. Quant au repaire noble de "Lascure", dont la fortification fut soi-disant autorisée par Henri IV, il s'agit d'un petit château aujourd'hui disparu et qui fut remplacé au siècle dernier par la maison actuelle de "La Faurie". De nombreux toponymes, qui étaient devenus de véritables fantômes, peuvent ainsi revenir et être réutilisés. Le gros travail que je prépare depuis plusieurs années sur l'histoire des maisons de Blis et Born, nous permettra de comprendre le passé riche, voire très riche de certaines de ces demeures seigneuriales, comme "Le Grand Solignac", et d'expliquer leur agonie, puis, comme pour cette dernière, leur disparition. L'ignorance nous amène parfois vers des catastrophes : par exemple, que dire de cette malheureuse amputation de "La Mounerie" qui possédait jusque dans les années 50 de notre siècle, comme bon nombre d'entre-vous s'en souviennent, un magnifique pigeonnier au dessus de son porche d'entrée. Aujourd'hui il n'en reste rien, si ce n'est un cabanon à bestiaux !

Il y a deux ans, c'est l'histoire de notre église que je vous ai racontée avec mon ami Louis Grillon. Dans ce second fascicule, vous avez pu suivre l'histoire religieuse de notre paroisse, qui porta d'abord le nom de Blis, avec son église "Saint Saturnin" aujourd'hui disparue. Ce second fascicule vous a fait remonter le temps jusqu'en 1128, date à laquelle Guillaume d'Auberoche, évêque de Périgueux, concéda à l'abbaye de Chancelade le lieu de Born où fut fondé dès cette année là, par Géraud de Monlauu, le prieuré Sainte Catherine ; vous avez pu prendre connaissance de la liste des prieurs, curés et chanoines de Born ; vous avez pu suivre les transformations successives de notre église ; vous avez aussi pu retrouver les répercussions dans notre paroisse de la révocation du Concordat de l'an IX par la loi du 9 décembre 1905, entraînant la séparation de l'Eglise et de l'Etat et en même temps les conflits sociaux et les répressions policières brutales qui s'ensuivirent...

Aujourd'hui, avec ce troisième fascicule, j'ai voulu en savoir plus sur l'éducation des enfants de notre paroisse et, après la liste des curés de Born, c'est maintenant celle des institutrices et des instituteurs que je vous donnerai, qu'il s'agisse de l'école privée ou de l'école publique. La préparation de ce fascicule fut, comme pour les autres fascicules, très longue et les recherches menées dans plusieurs séries des Archives départementales, des archives de l'Evêché, les archives de l'Inspection académique, les archives communales et même les archives personnelles de certains d'entre-vous. Ce travail m'a même amené en Ardèche pour m'informer sur l'origine des soeurs de l'ordre de Saint-Joseph d'Aubenas qui ont servi dans l'ancienne école privée de Blis et Born à la fin du siècle dernier et dans les trois premières années de ce siècle.

Je remercie ici le personnel du service des Archives de Périgueux qui ont facilité mes recherches ; Madame Carreau et Monsieur Bussy qui ont toujours apporté une attention particulière à mes demandes au niveau de la Mairie, concernant ses archives ; Soeur Marie Jean Darlix, archiviste de la Congrégation de Saint Joseph d'Aubenas en Ardèche pour les informations qu'elle m'a transmises. Mesdames Aupy, Delphin, Dumas, Goumondie, Greil, Lafaye, Lamy, Meynard et Monsieur Mespoulède pour les photographies de classes et d'instituteurs qu'ils ont bien voulu me prêter afin de préparer ce travail et que vous retrouverez reproduites en fin de fascicule.

Pour rendre compréhensible ce texte, il a fallu faire également des recherches sur l'histoire de l'enseignement dans notre département et examiner des textes officiels, des textes de lois, de nombreux journaux locaux et nationaux, de nombreuses revues spécialisées, des ouvrages de synthèse et même de nombreuses copies du certificat d'étude avec, dans un cas, ce que les écoliers d'aujourd'hui appelleraient : "une pompe" ! Je me suis efforcé de donner le maximum de mes sources tout au long de ce travail. J'ai transcrit (entre guillemets et en italique) les textes d'archives, en utilisant les expressions et l'orthographe adoptées dans les originaux et, ce qui pourrait apparaître comme des fautes d'orthographe ou de français, n'est pas de mon fait mais celui des auteurs de ces mêmes originaux ; il ne m'appartenait pas de les corriger...
Il me reste maintenant à vous souhaiter bonne lecture, en attendant le quatrième fascicule des "Etudes Historiques sur Blis et Born".

Thierry Tillet
Les Césareaux
(Le Ségelard)
le 12 Juillet 1999

 

 

L'Ecole publique

 

 

Avant la Révolution, sous l'Ancien Régime, depuis une déclaration royale datée du 13 décembre 1698, de petites écoles nommées "Régences" sont disséminées dans tout le Royaume. Cependant, elles restent très peu nombreuses, même si cette déclaration royale prévoyait une régence par paroisse. En 1758, le subdélégué de Périgueux notait : "... il manque beaucoup de régents pour apprendre à lire et à écrire, parce que c'est une profession très ingrate dans la campagne, car, dès que les enfants savent un peu lire, écrire, et les deux ou trois premières règles d'arithmétique, ce qui est appris dans l'espace d'une année, ils ne vont plus aux écoles". La répartition scolaire est elle-même très inégale et à la veille de la Révolution le simple rapport entre ceux qui savent signer et ceux qui ne le savent pas montre que l'ouest de la France est très peu alphabétisé contrairement au nord et à l'est. En 1789, le taux de ceux qui savent signés chez les hommes n'atteint pas 10 % pour la moyenne du Périgord, 3,3 % chez les femmes et dans son cahier de doléances, le Tiers Etat de Blis et Born demandait "... à faire un fond pour l'établissement d'une maison d'éducation pour l'instruction des enfants des roturiers..." (Archives départementales; voir le Bulletin municipal de Blis et Born, n° 1/93). Entre 1833 et 1842, les conscrits illettrés représentent entre 79 et 94,99 % de la population dans le canton de Saint-Pierre-de-Chignac, le plus fort pourcentage du département en dehors des cantons de la Dordogne limousine et charentaise (1). En l'an IX de la Révolution (1800-1801), Destutt de Tracy dans ses observations sur le système d'instruction publique note qu'il y a alors "deux classes d'hommes" : la "classe ouvrière" qui "tire sa substance du travail de ses bras" et la "classe savante", qui "vit du revenu de ses propriétés ou du produit de certaines fonctions dans lesquelles le travail de l'esprit a plus de part que celui du corps" (2). En Dordogne, il y a, au milieu du XVIIIe siècle, 77 régences aussi mal réparties que dans l'ensemble du Royaume (3). Le Ribéracois est assez bien pourvu avec 22 régences dans un rayon de 10 km autour de Ribérac. Autour de Bergerac, de Nontron, d'Excideuil, de Montignac, de Saint-Astier et le long de la vallée de la Dordogne nous connaissons quelques-unes de ces régences. A Blis et Born, évidemment pas de régence ; si des parents veulent envoyer leurs enfants s'instruire il leur faut, au plus près, les envoyer soit à Fossemagne, soit à Sainte-Marie-de-Chignac. Encore s'agit-il des garçons, car pour l'instruction des filles il faut aller beaucoup plus loin et il n'est évidemment pas question à cette époque d'envoyer les filles seules loin des parents. Le régent (maître dans une régence) avait non seulement une fonction scolaire mais aussi, et surtout une fonction religieuse, il était étroitement surveillé par le curé et, au-dessus dans la hiérarchie, par le chanoine "écolâtre". Le régent est rémunéré par les parents et le montant est différent suivant l'instruction recherchée : pour la lecture tant... pour l'écriture tant... et pour l'arithmétique tant... Qu'en est-il pour l'instruction religieuse ? probablement celle-ci était-elle gratuite puisque la finalité de la scolarité était avant tout religieuse. Le mode d'enseignement était alors le "mode individuel*" : à tour de rôle, les élèves allaient recevoir leurs leçons au bureau du maître pendant que les autres étaient censés étudier seuls à leur pupitre.

Un document déposé aux Archives départementales à Périgueux (MOD 1 T 2) donne la situation de la fréquentation des écoles primaires de chaque canton du département en 1835, comparée à celle de 1800. Voici les résultats pour le canton de Saint-Pierre-de-Chignac : sur 10 738 habitants, 52 enfants vont à l'école en 1835 et 50 en 1800, ce qui fait 5 écoliers pour mille habitants. D'après ce document, il s'agit là de l'une des plus basses fréquentations scolaires du département, de très loin la plus basse pour 1835. A titre de comparaison, le canton de Savignac-les-Eglises compte 9 enfants scolarisés pour 1 000 habitants en 1800 et 17 pour mille en 1835 ; Thenon : 6 pour mille en 1800 et 12 pour mille en 1835 ; Périgueux : 25 pour mille en 1800 et 62 pour mille en 1835. Une loi de 1816 stipulait pourtant que chaque commune était tenue de pourvoir à l'instruction primaire de ses enfants. Le freinage à l'instruction publique dans nos campagnes vient des réticences de certains milieux de la bourgeoisie et de l'aristocratie du XVIIIe siècle à voir s'instruire les paysans : "un paysan qui sait lire devient un cultivateur indocile, fainéant et raisonneur". En 1753, le subdélégué de Nérac (Gironde) convient qu'il est "infiniment plus nécessaire et plus convenable d'avoir des gens dans les campagnes bons laboureurs que des écrivains". D'autre part, une certaine indifférence envers l'instruction est également à noter dans les communautés rurales (4).

Le premier repaire important pour l'étude de la scolarisation dans nos campagnes est celui marqué par la "Loi Guizot" du 28 juin 1833 et qui fait obligation à chaque commune de plus de 500 habitants d'entretenir une maison d'école. L'instituteur présenté par le Conseil municipal est nommé par le comité d'arrondissement et institué par le ministre de l'instruction publique. Il doit être détenteur du Brevet Elémentaire et son traitement sera encore assuré par la commune. Il faudra attendre le second repaire, celui marqué par la "Loi Falloux", de 1850, pour que chaque commune de plus de 800 habitants ait l'obligation de créer une école de filles, enfin la "Loi Duruy", de 1867, pour que le nombre d'habitants exigé soient descendu à 500. La "Loi Falloux", par ailleurs, n'avait pas que du bon, loin de là ! En effet, pour Thiers "les instituteurs sont trente-cinq mille socialistes et communistes. Il n'y a qu'un remède : il faut confier à l'Eglise l'instruction primaire entièrement et sans réserve". Son ministre de l'instruction publique, Falloux, demande que les écoles primaires soient placées dans la dépendance absolue de l'Eglise en même temps que les plus larges possibilités soient données aux écoles libres. A la place du brevet, "les lettres d'obédience* suffiront aux soeurs institutrices dépendant des congrégations religieuses, vouées à l'enseignement et reconnues par l'Etat" (article 49 de la "Loi Falloux). Contre cette loi, Victor Hugo fut l'un des plus virulents à l'Assemblée : "/.../ En un mot, je veux, je le répète, ce que voulaient nos pères, l'Eglise chez elle, et l'Etat chez lui"...

L'instruction du peuple amène dans la pensée populaire de l'époque le risque grave de voir les élèves sortir du foyer familial ce qui aboutirait à vider les campagnes au profit des villes. Il ne s'agit pas, écrit le conventionnel Lazare Carnot dans un rapport à Napoléon daté de 1815, "de former des demi-savants et des hommes du monde", mais "de bons cultivateurs, de bons ouvriers, des hommes vertueux", et pour les filles, ajoute un Inspecteur général en 1878, "des femmes de ménage actives, courageuses, éclairées et des mères sages et dévouées". A. Rendu écrit en 1877, dans un cours de pédagogie, en citant parfois Silvio Pellico, que "non seulement l'école ne doit pas inciter les enfants de la classe inférieure à sortir de leur condition, mais elle doit encore se mettre au service de l'ordre social établi, en montrant aux ignorants des classes humbles que les inégalités sociales sont nécessaires, qu'il leur appartient d'exercer, avec une religieuse dignité, les obscures mais honorables professions auxquelles la Providence les a appelés, et qu'ils doivent cultiver à l'égard des personnes haut placées dans la hiérarchie sociale une noble disposition au respect, à la bienveillance et à la reconnaissance" (5). Un secrétaire général du ministère de l'Instruction publique s'étonne, en 1866, qu'on ait, lors d'un concours scolaire, interrogé des filles, "vouées à la vie rurale, appelées au pâturage, destinées à devenir de bonnes paysannes". Un autre danger est celui de se détourner de l'instruction religieuse et l'opposition de la "Communale" par rapport à l'école privée catholique remonte à la création de la première et revient encore de nos jours, parfois, d'actualité.

Un rapport de l'Inspection académique de Périgueux sur la situation de l'instruction primaire en Dordogne pour 1864 est très révélateur de l'esprit de rejet de l'école chez les paysans de notre département (Archives départementales : MOD 1 T 20). Ce rapport parle d'"indifférence pour l'instruction primaire et spécialement pour l'instruction des filles" de la part des populations de nos campagnes, il faut dire que le principal motif en est la crainte que l'entretien d'une école et le traitement d'un instituteur entraîne pour la commune des dépenses supplémentaires aux "centimes spéciaux*". Il y a un autre problème qui apparaît à l'époque, c'est celui de la présence des deux sexes dans les mêmes écoles. Au moment où est votée la "Loi Falloux", obligeant la création d'écoles réservées aux filles, les écoles sont, pour la plupart, des écoles mixtes, ce qui n'allait pas sans choquer. L'abbé Affre, Vicaire général d'Amiens et futur Archevêque de Paris, assure que garçons et filles doivent être dispersés dans les classes "de manière qu'ils ne puissent ni se regarder, ni se faire des signes". Quant aux lieux d'aisance, distincts pour les garçons et les filles, ils doivent être suffisamment éloignés les uns des autres pour que "ceux qui arriveraient en retard à l'école ne puissent s'y rencontrer" (6). Pourtant, comme le précise l'Inspection primaire de la Dordogne, dans son rapport de 1864, au sujet de l'obligation de séparer les sexes, "...il ne faut pas se le dissimuler, la mise à exécution de ces règlements n'atteint que momentanément le but que l'on se propose. Après avoir été séparés trois heures le matin et trois heures le soir, les enfants n'en ont que plus de tendance à se rapprocher et ils trouvent l'occasion de le faire pendant le trajet à parcourir pour se rendre de la famille à l'école et de l'école dans la famille". Cependant, il est précisé à la suite que "dans l'intérêt des moeurs, un air malsain pour les jeunes coeurs qui vont atteindre les 11, 12 et 13 ans, circulera toujours dans les écoles mixtes, quelle que soit les surveillances des maîtres. Pour l'intérêt de la direction pédagogique, cette direction ne peut évidemment être la même pour les deux sexes. Apprendre à lire, à écrire, à calculer, ne peut être en quelque sorte que l'accessoire. Il faut, d'un côté préparer l'homme, de l'autre la femme. On ne le fera jamais avec le même courant d'idées et si l'on ne sort pas des écoles mixtes on n'atteindra jamais le but le plus élevé de l'instruction primaire". Les populations elles-mêmes éprouvent une sorte de répugnance pour les écoles mixtes et les filles en sont les principales victimes puisque plutôt que les réunir avec les garçons dans les mêmes écoles, on les retient à la maison sous prétexte qu'elles n'ont pas besoin d'instruction.

Alors que l'âge obligatoire de scolarisation est, à cette époque, de 6 à 13 ans, tous les enfants d'âge scolaire ne vont pas à l'école, loin de là et le taux de fréquentation est certainement inférieur à 50 % aux environs de 1860. Il faut dire aussi que certaines périodes de l'année voient un absentéisme important qui s'explique par les travaux des champs et la garde du troupeau lorsqu'il ne s'agit pas de la garde des petits frères et petites soeurs lorsque les mères sont dans les champs. Les taux de fréquentation estivale sont très inférieurs à ceux de l'hiver (parfois plus de la moitié). Il fut donc instauré une certaine conciliation entre les heures de classe et celles où l'enfant est le plus utile à la famille. Ainsi, les vacances scolaires étaient plutôt choisies en fonction des travaux des champs. Au XIXe siècle, le nombre de jours de classe est assez restreint ; le Règlement de 1834 accorde 6 semaines de vacances, morcelées dans les campagnes, selon les principaux travaux des champs. Le Règlement de 1851 est encore plus souple. Le Règlement de 1834 préconise trois heures de classe le matin (8 h - 11 h) et autant l'après-midi (13 h - 16 h). Un arrêté du 29 décembre 1867 demande aux Conseils départementaux "de fixer les heures de classe en tenant compte des exigences des travaux agricoles ou industriels".

Jusqu'au troisième repaire important pour l'étude de la scolarisation dans nos campagnes, qui est celui marqué par la "Loi Ferry" du 16 juin 1881, rendant gratuites pour tous les écoles primaires publiques, certains parents payaient l'instruction de leurs enfants et d'autres en étaient exemptés. Il fut néanmoins démontré que le taux d'absentéisme était bien supérieur chez les élèves exemptés de frais de scolarité, ce qui s'explique par l'utilisation d'une main d'oeuvre enfantine dans les foyers les plus pauvres, pour aider aux travaux des champs etc. Dans certaines écoles on avait même séparé les élèves payants de ceux qui suivaient l'enseignement gratuitement... ce ne fut pas le cas pour Blis et Born.

Sous la "Commune de Paris", grâce à l'impulsion de Vaillant, responsable de l'Instruction publique, une grande rénovation de l'enseignement va s'opérer et on proclame la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la laïcité de l'école, la suppression des enseignements congréganistes, la gratuité de l'enseignement et des fournitures scolaires. Ces idées, qui paraissent en partie si logiques de nos jours, seront ensuite reprises avec les "Lois Ferry" de 1881 et 1882. Déjà en 1872, Jean Macé déposa à l'Assemblée Nationale, à Versailles, une pétition en faveur de l'école laïque. La loi du 27 février 1880 (déjà une "Loi Ferry") excluait les ecclésiastiques et les notables du Conseil supérieur de l'Instruction publique et des Conseils Académiques. Deux autres "Lois Ferry", celle du 16 juin 1879 et celle du 28 mars 1882 sont certainement celles que l'on a le plus retenues : il s'agit de celle qui établit la gratuité des écoles primaires publiques et celle qui rend l'école obligatoire, la suppression de l'enseignement religieux et la laïcisation des matières enseignées. Si la première ne fit pas trop de vagues, pour la seconde le combat fut rude. Jules Ferry déclarait alors : "Nous sommes dans un pays où il y a des enfants dont les familles ont toutes les opinions de groupes. /.../ Le maître laïque représente non un parti, une opinion, une croyance, mais la société elle-même en tant qu'elle prépare les enfants pour l'avenir, en tant qu'elle les veut intelligents, instruits, libres, égaux et mûrs pour la vie civique. /.../ L'instituteur doit enseigner la morale et il n'y a qu'une morale... la bonne vieille morale de nos pères". Pour l'Eglise, l'école ne doit pas échapper à son emprise, car elle constitue à ses yeux un pilier fondamental de l'ordre établi ; d'où ses attaques contre "l'école sans Dieu, l'école contre Dieu, qui prépare une ère de discorde, de licence... avec l'anarchie au bout". Jules Ferry l'emportera mais les instituteurs seront toujours nommés par le préfet, sur proposition de l'inspecteur académique et payés par les communes. Ce n'est qu'à partir de juillet 1889 que les instituteurs seront payés par l'Etat. De même, si l'école a été laïcisée, elle n'en comporte pas moins les "devoirs envers Dieu" comme le précise le programme d'instruction morale prévu dès après la loi du 28 mars 1882. Cet enseignement des devoirs envers Dieu ne sera supprimé que par un arrêté du 23 février 1923. Cela dit, tout l'enseignement libre reste soumis à l'Eglise et l'enseignement congréganiste fut poursuivi jusqu'à la loi du 7 juillet 1904. Cette loi interdisant les écoles congréganistes fut abrogée par une loi de Vichy (3 septembre 1940) qui ne fut pas remise en question à la fin du gouvernement Pétain et aujourd'hui encore la situation antérieure à la loi de 1904 est appliquée par les écoles privées religieuses (7).

Voici une motion, concernant la laïcité, votée par le Conseil municipal lors de sa séance du 30 septembre 1951 et adoptée à l'unanimité. Je la transcris ci-dessous telle qu'elle fut écrite dans le registre du Conseil municipal, en ne changeant aucun terme, aucune ponctuation et en utilisant de la même manière les majuscules :

"Le Conseil Municipal, fidèle aux principes contenus dans le préambule de la Constitution de la IVe République, conscient de la gravité du péril qui menace l'école publique et résolu à la défendre, rappelle que la laïcité c'est l'union des françaises et des français dans l'oubli ses haines d'hier, sans l'amour de la liberté, dans les joies de la Fraternité.
- Que l'école laïque, c'est l'école du peuple, ouverte à tous, respectueuse des croyances et des opinions, qu'elle n'est ni celle d'un parti, ni celle d'une croyance, d'une tendance, d'une fraction.
- Que l'originalité de l'école laïque, c'est précisément que les enfants catholiques y sont "chez eux", comme les enfants des rationalistes ; que les écarter à coups de milliards, déclarer ouvertement qu'ils doivent être mis à l'écart, élevés dans des établissements spéciaux, séparés des autres enfants de France, ce serait renier brutalement le principe d'unité nationale qu'incarne la laïcité, ce serait couper en deux l'enfance de ce pays.
- Que subventionner les écoles confessionnelles, à l'exemple du gouvernement de Vichy, c'est déclarer la guerre à la laïcité, menacer l'unité nationale, et ce qui a fait, dans le passé, la pure et pacifique grandeur de la France.
Face à cette entreprise de division, le Conseil Municipal de Blis et Born animé d'un même amour pour les enfants de France,
- affirme son attachement à l'oeuvre scolaire réalisée par la IIIe République, sous l'impulsion des Jean Macé, des Ferry, des Ferdinand Buisson, des Clémenceau, des Jaurès, des Poincaré, des Herriot,
- déclare qu'avec l'argent demandé à tous, on ne peut subventionner que les écoles ouvertes à tous, et, en conséquence, demande au Parlement de refuser toute subvention publique directe ou indirecte aux écoles et aux oeuvres privées
".

Cette motion me permet maintenant de parler plus particulièrement de la "Communale" à Blis et Born.

 

Notes

(1) Combet M. et Moretti A.-S. (1995).- La Dordogne de Cyprien Brard. Archives de la Dordogne, Etudes et documents n°1, vol. 1.

(2) Giolitto P. (1984).- Histoire de l'enseignement au 19e siècle. Paris, Nathan, 2 volumes.

(3) Butel P. et Mandon G. (1977).- Alphabétisation et scolarisation en Aquitaine au XVIIIe et au début du XIXe siècle. In F. Furet et J. Ozouf, Lire et écrire : l'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, vol. 2, p. 7 à 41.

(4) Butel P. et Mandon G. (1977). Idem.

(5) Giolitto P. (1984). Idem.

(6) Giolitto P. (1984). Idem.

(7) J'ai, en partie, emprunté les informations m'ayant permis d'écrire ce chapitre au livre de F. Dupuy, Jules Ferry réveille-toi, Editions Fayard 1981.

 

L'Ecole primaire laïque de Blis et Born

L'école primaire laïque de Blis et Born fut créée le 1er juin 1845 avec un nombre très peu élevé d'élèves puisque une inspection pédagogique, datée du 29 avril 1851 (donc 6 ans après), indique 18 élèves : 5 élèves garçons payants, 11 élèves garçons exonérés et seulement 2 élèves filles ne payant pas. La première école se situait dans l'ancienne maison de feue Madeleine Chaumande aujourd'hui maison de Brigitte et Pierre Koorenhof. Cette maison comportait une cuisine et la classe au rez-de-chaussée, deux chambres au premier étage (plan 1). La salle de classe étant insalubre, insuffisante, sans séparation des sexes, et le logement de l'instituteur, étant loin de suffire (pas de bûcher, pas de hangar, pas de grenier, pas de cellier...) il fallut rechercher une seconde domiciliation de l'école, ce qui fut fait en 1852 avec l'achat, par la commune, d'une maison appartenant à Léonard Parrat. Cette dernière correspond de nos jours au restaurant "Le Relais de Born" et était donc toute proche de la première maison d'école, ce qui permettait une extension aisée. Elle comportait (plan 2) une seule chambre (correspondant aujourd'hui à la cuisine du "Relais de Born") et un grenier au-dessus. Sur deux côtés de cette chambre, se trouvait un cellier (correspondant à la partie où se trouve aujourd'hui le billard du restaurant), deux étables ne pouvant contenir chacune qu'une seule vache, une cour, un bûcher et un four (correspondant à la partie bar du restaurant). Si la vente de cette maison pour 700 F de l'époque (correspondant à l'évaluation faite par un expert), le 15 juin 1852, ne posa aucun problème, l'agencement entre les deux parties de l'école amena quelques différents entre l'instituteur et les autorités communales. En effet, ces dernières souhaitèrent installer la salle de mairie dans la chambre de la maison nouvellement acquise et ne laisser à l'instituteur que le grenier, la cour, le cellier, les deux étables et le bûcher. Une demande d'aide à l'acquisition du nouveau bâtiment ayant été adressée à l'Etat par la commune et cette demande ayant été acceptée le 8 février 1849 seulement pour y installer une maison d'école, il va sans dire que l'installation d'une salle de mairie dans ce nouveau bâtiment constituait un détournement d'une partie de la subvention (200 F sur les 700 F accordés). La demande officielle, faite par le Conseil municipal pour que soit accordé ce détournement, fut refusée par le Préfet qui avait reçu par ailleurs deux lettres de protestation émanant de l'instituteur. Il est curieux de voir ici, dans un extrait du registre des délibérations de la commune de Blis et Born, daté du 18 avril 1852, que l'opposition au sein du Conseil dont faisait partie Richard, futur maire (le maire était alors Front Gautier du Defaix), aurait préféré voir interdire la commune d'instituteur plutôt que d'acquérir la maison pour compléter son logement. Ceci paraît encore plus curieux lorsque l'on sait, comme on le verra plus loin, que le dit Richard fut, lorsqu'il fut maire à son tour, un virulent défenseur de l'école laïque. L'idée de faire une salle de mairie dans la pièce principale de la maison nouvellement acquise ayant été refusée, la dévolution de cette pièce fut l'objet de plusieurs propositions (logement pour l'instituteur avec la réserve de pouvoir de temps à autres y organiser les réunions du Conseil municipal, salle de classe...). Quelle fut la décision prise ? je n'ai pu le savoir réellement ; cependant un plan de 1874 (plan 3) montre que la salle de mairie se trouvait alors dans l'une des pièces du rez-de-chaussée de la première maison d'école, c'est à dire la maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof.

En 1874, la commune de Blis et Born ne possédait toujours qu'une école mixte, mal aérée et insuffisamment éclairée. D'autre part, la maison acquise le 15 juin 1852 était lézardée de toutes parts et le sol, se trouvant au-dessous du niveau de la place de l'église, était traversé en hiver par un ruissellement important allant de la cour du presbytère vers le chemin vicinal n° 1 de Cubjac à Saint-Pierre-de-Chignac (il s'agit aujourd'hui de la route principale qui traverse le bourg). La décision de démolir cette dernière maison (plan 4) et de reconstruire à sa place une nouvelle école (plan 5) destinée aux garçons fut prise. La nouvelle école comporterait alors une classe de 52 m2, une cour avec un préau et un lieu d'aisance. Le pignon donnant sur la place de l'église devait être percé d'une baie vitrée à 2,20 m du sol (baie actuelle de la salle du restaurant), le pignon donnant sur la cour au sud devait être percé de même que pour le pignon nord avec, dans sa partie centrale, une porte d'accès à la classe. Enfin, sur le côté donnant sur la route, devait s'ouvrir une fenêtre. Afin de remédier aux inconvénients du ruissellement, le niveau du sol, tant pour la classe que pour la cour, fut relevé. Le coût des travaux, y compris les frais d'architecte, s'élevèrent à 3 200 F de l'époque et l'entrepreneur fut choisi lors de la séance spéciale d'adjudication des travaux du 10 septembre 1874, présidée par le maire de Blis et Born qui était alors Charles de Tessières et à laquelle assistait l'architecte (Jules Mandin).

Plan 1 : Plan de la 1ère école publique de Blis et Born (maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof)

 

Plan 2 : Plan de la maison achetée en 1852 pour l'installation du second bâtiment de l'école publique de Blis et Born (restaurant actuel)

 


Plan 3 : Plan en 1874 de la 1ère école publique de Blis et Born (maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof).

On voit maintenant que la salle de classe était aussi utilisée comme salle de mairie (à comparer avec le plan 1)

 

Plan 4 : Plan du second bâtiment de l'école publique de Blis et Born (restaurant actuel) entre 1852 et 1874 (à comparer avec le plan 2)

 


Plan 5 : Plan du second bâtiment de l'école publique de Blis et Born (restaurant actuel) entre 1874 et 1890

(à comparer avec les plans 2 et 4)

 

Le 16 juin 1880, l'inspecteur primaire de Périgueux alertait l'inspecteur d'académie sur l'état des locaux scolaires de Blis et Born :

"La maison d'école des garçons appartient à la commune ; elle comprend 2 bâtiments séparés et à proximité l'un de l'autre. L'un (le restaurant actuel), simple rez-de-chaussée, renferme la salle de classe qui serait bien si elle avait un plafond ; l'autre (la maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof), qui forme le logement de l'instituteur est insuffisant et en mauvais état ; il y a cependant 2 pièces assez propres au 1er étage ; comme il n'y a ni grenier, ni cave, ni bûcher, l'instituteur est obligé de mettre son bois et son vin dans la cuisine qui est au rez-de-chaussée ; cette pièce est d'ailleurs inhabitable, car la porte, qui donne sur la rue, ferme mal ; le logement ne se compose donc en réalité que de 2 pièces ; le jardin, qui n'a que 2 ares et demi, est à une certaine distance de l'habitation, et, comme il n'est pas clos, on ne peut y rien récolter.
Le local où est installée l'école de filles est une maison louée qui laisse aussi beaucoup à désirer. Le logement est peu convenable. La salle de classe n'a que 2,50 m de hauteur, et elle n'a pas 15 mètres de superficie ; et cependant la commune a 641 habitants, c'est-à-dire 45 petites filles environ de 6 à 13 ans. La salle de classe est donc tout à fait insuffisante.
Je crois donc que la commune ferait bien de vendre le bâtiment servant de logement à l'instituteur et de bâtir une maison d'école double
".

Cette lettre reçut un écho relativement rapide puisque le 30 juin de la même année le Préfet écrivait au Maire de Blis et Born "/.../ il serait nécessaire de vendre l'immeuble qui sert de logement à l'instituteur, d'en affecter le produit à une construction d'école double, lequel, joint à une subvention de l'Etat mettrait la commune en possession d'un local scolaire remplissant toutes les conditions d'une bonne installation".

Cette dernière lettre lançait donc le projet de construction de l'école actuelle de notre commune mais les formalités vont être longue avant que cette nouvelle école soit effectivement construite et opérationnelle. Nous sommes en 1880 lorsque le Maire est contacté par le Préfet au sujet d'une nouvelle construction et ce n'est qu'en 1890 qu'elle sera occupée par l'instituteur (M. Moreau), l'institutrice (Melle Moreau, soeur de l'instituteur) et fréquentée par les élèves garçons et filles. Que s'est-il donc passé pendant cette décennie ?

Concernant les anciens locaux scolaires : un procès-verbal d'expertise fut dressé le 1er août 1885 par l'architecte A. Cros-Puymartin, qui estima le bâtiment réservé alors à l'habitation de l'instituteur (la maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof) à 1 250 F et le bâtiment d'école des garçons (actuellement "le Relais de Born") à 750 F. Un premier cahier des charges, clauses et conditions de l'adjudication fut proposé par le même architecte à la même date. Le 10 janvier 1892, un second cahier des charges reprend les montants proposés par le premier architecte. Ce dernier document est important car il nous informe que le bâtiment servant d'habitation au couple d'instituteurs, était aussi utilisé (la pièce du bas, contiguë à la cuisine et servant auparavant de salle de mairie) comme école de filles. En effet, le registre des délibérations du Conseil municipal, à la date du 14 février 1886 précise que la commune accepte, pour un an, le montant du loyer (125 F) demandé par monsieur le curé Soulacroux, ainsi que ses exigences (que l'institutrice soit une religieuse) pour la location de la salle (salle de gauche dans l'ancienne maison Gouzon) devant servir de classe pour les filles. L'année scolaire 1885-1886 s'est donc déroulée dans cette maison qui sera par la suite l'école privée des soeurs de la Congrégation de Saint-Joseph dont je parlerai plus loin. On peut donc estimer que l'école des filles se trouva dans la maison actuelle de Brigitte et Pierre Koorenhof de l'année scolaire 1886-1887 à l'année scolaire 1889-1890. Ces anciens bâtiments furent vendus pour la somme de 2 975 F (donc 975 F de plus que l'estimation) par adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur, à l'extinction de trois feux.

Concernant la nouvelle école : un premier cahier des charges pour la construction du groupe scolaire fut rédigé le 1er août 1885 par l'architecte qui avait le même jour estimé les anciens locaux à aliéner (A. Cros-Puymartin). Ce cahier des charges stipulait que la pierre de taille tendre proviendrait de Chancelade, la pierre de taille dure de Chancelade et de Limeyrat, la chaux hydraulique des fours de Saint Astier, le plâtre des carrières de Montmartre, les bois de charpentes auraient au moins un an de coupe et celui de menuiserie au moins trois ans de coupe... Le conducteur des travaux serait évidemment l'architecte. Le devis présenté par l'architecte se montait à 28 000 F de l'époque (1 700 F d'acquisition du terrain, 299,38 F de terrassement, 9 511,98 F de maçonnerie, 3 389,81 de charpenterie, 2 971,25 de couverture, 3 027,21 F de menuiserie, 2 089,76 de platerie, peinture et vitrerie, 1 238,60 F de métaux, 1 004 F d'ameublement, 300 F pour le chauffage des classes, 225 F de clôture, 469,43 F pour les imprévus, 1 573,58 F d'architecte, 200 F de dossier de vente de la vieille école). Des travaux supplémentaires concernant un mur de clôture, le nivellement des cours, la plantation d'arbres et quelques autres menus travaux, amena un surplus de 2 883,70 F après devis daté du 2 octobre 1891.

L'acquisition du terrain ne fut pas une mince affaire. La parcelle choisie par l'Inspecteur primaire et acceptée par le Conseil municipal, était la propriété de Pierre Arsène Brouillet, marchand de vin au Change et riche propriétaire terrien de notre commune. Il convient aussi de signaler ici, et ceci explique peut-être bien des choses concernant son attitude lors du projet d'achat de son terrain par la commune, que Marie-Marguerite de Tessière, institutrice de l'école privée de Blis et Born entre 1907 et 1914, lui était parente. Le Conseil municipal, lors de sa séance ordinaire du 19 mai 1887, puis lors de sa séance extraordinaire du 28 janvier 1888, proposa d'offrir à Pierre Arsène Brouillet la somme de 1 500 F correspondant à l'estimation des 25 ares de son terrain, suite à une enquête annoncée dans le journal "L'Avenir de la Dordogne" en date du 7 janvier 1888. Un décret présidentiel (sur le rapport du Ministre de l'Intérieur, de la section de l'Intérieur, de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts) du 23 décembre 1887, concernant la construction du groupe scolaire à Blis et Born, autorise dans son article 1er l'acquisition du terrain du sieur Arsène Brouillet, soit à l'amiable au prix fixé par l'expertise, soit au besoin par voie d'expropriation. L'achat à l'amiable n'ayant pu se faire, c'est l'expropriation qui devenait la seule voie possible. Celle-ci fut décrétée par jugement rendu par le tribunal civil de première instance de Périgueux le 3 février 1888 puis, après renvoi à la chambre des assises du palais de justice du tribunal de première instance de Périgueux, par cette même chambre le 1er mai 1888, après visite des lieux par les jurés. La décision fut prise après entente de 12 jurés venant de Périgueux, Saint Astier, Mensignac, Boulazac, Chalagnac, Cendrieux, Thenon, Cherveix et Marsac. Par décision de la chambre, la somme allouée à Pierre Arsène Brouillet fut alors augmentée de 100 F par rapport à l'expertise.

Concernant la construction du groupe scolaire, la part contributive de l'Etat sur la somme de 26 000 F restant après la déduction des 2 000 F provenant de la vente des anciennes écoles, devait se monter à 69 %, soit 17 940 F, et la contribution de la commune à 31 %, soit 8 060 F. En fait, la part de la commune fut augmentée et placée à 37 % (9 620 F) et celle de l'Etat fut abaissée à 63 % (16 380 F). Pour le paiement de ces 26 000 F, la commune dut emprunter 25 900 F au Crédit Foncier de France au taux de 4,60 %, l'Etat versant annuellement sa cote part et la commune devant prélever la sienne sur un impôt extraordinaire. Une première délibération du Conseil municipal, à la date du 14 juin 1886, proposait un emprunt sur 40 ans et une imposition extraordinaire de même durée ; une seconde, à la date du 2 janvier 1887, rabaissait la durée de l'emprunt et de l'impôt extraordinaire à 30 ans. L'annuité de la commune était de 595,84 F, elle devait démarrer au 31 juillet 1888 et l'impôt avec l'année 1888, mais un changement de majorité à la Mairie (le maire Richard fut remplacé par Faure) amena encore quelques retard, il faut dire que le nouvel impôt fut certainement la cause de l'arrivée à la tête de la commune de l'ancienne opposition. Le maire nouvellement élu démissionna le 13 juillet 1890 et Richard redevint Maire ; l'alternance fut de courte durée. L'entrepreneur, qui avait demandé des dommages et intérêts à la commune pour le retard occasionné par la mauvaise volonté de la majorité menée par Faure, renonça finalement à cette demande et reprit les travaux. La première annuité versée par l'Etat arriva en 1891 et l'imposition extraordinaire de 17 centimes additionnels au principal de ses quatre contributions directes démarra également en 1891 pour 28 ans. Un décret du Président Sadi Carnot, daté du 18 septembre 1890, autorisa la commune à instaurer ce nouvel impôt. Enfin un ultime emprunt sur 20 ans, auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, fut décidé par le Conseil municipal le 7 mai 1893, cette fois pour le montant de 3 200 F au taux de 4 %. Ce nouvel emprunt devait permettre de payer les excédants en dépenses de la construction du groupe scolaire (1 818,23 F), mais aussi d'effectuer des réparations au cimetière ainsi que sur le mur de la place publique et le presbytère et diverses dépenses à la mairie. Il en résulta encore une fois un impôt supplémentaire extraordinaire de 6 centimes 30 centièmes additionnels au principal des quatre contributions devant produire en 25 années à partir du 1er janvier 1894 une somme totale de 5 100 F environ...

Parmi les sept entrepreneurs ayant répondu à l'appel d'offre, celui qui fut retenu le 29 avril 1888 pour la construction fut un certain Gay installé à La Tour Blanche qui concéda un rabais de 12 % ce qui amena le coût de la construction à 20 274 F. La livraison du groupe scolaire fut faite en 1890...


Plan 6 : Plan de l'école publique actuelle de Blis et Born au moment de son inauguration en 1890 avec la position,

en bas à droite de la citerne construite en 1939

 

Première école publique de Blis et Born de 1845 à 1890 : elle faisait également office de logement pour les instituteurs et à certains moments de mairie.

Second bâtiment de l'école publique de Blis et Born entre 1852 et 1890.

 

En 1933, une visite des écoles par un médecin de l'Inspectionmédicaledes écoles (circonscription de Terrasson), suscita le projet d'aménager une nouvelle citerne pour pourvoir l'école en eau potable. En effet, la citerne existante à l'époque était trop proche des lieux d'aisance. Le Conseil municipal sollicita alors le concours du Comité départemental des constructions scolaires de l'enseignement primaire, sollicitation qui reçu l'appui de l'Inspecteur d'académie. La Préfecture donna, le 6 décembre de la même année, un avis favorable au projet, après s'être assuré que le creusement d'un puits ne pouvait se faire, et à condition que fut prévue l'installation d'un filtre à sable. Un cahier des charges, un bordereau des prix, le détail estimatif se montant à un total de 6 730 F et un rapport sur les travaux à exécuter furent établis le 25 juin 1935 par l'ingénieur M. Desbordes. Dès 1933 il est noté dans tous les documents officiels qu'il y a urgence absolue que la nouvelle citerne soit construite pour la santé des élèves ; le 1er avril 1938, donc cinq ans après le rapport du médecin inspecteur des écoles, la Commission départementale de la Dordogne se réunissait en séance ordinaire et adoptait une proposition - émanant du Préfet - de classement en meilleure position du projet :

"Votre honorable Collègue, M. Charles BONNET attire tout spécialement votre attention sur le projet de construction d'une citerne à l'école de Blis-et-Born qui est actuellement en instance d'instruction au Ministère de l'éducation Nationale.
L'alimentation en eau de l'école de Blis-et-Born est des plus défectueuses. Cette eau recueillie dans de mauvaises conditions et contaminée est dangereuse pour la santé des enfants ; aussi dans l'intérêt de l'hygiène scolaire il y aurait lieu de construire immédiatement la citerne projetée.
C'est dans ces conditions que M. Charles BONNET vous demande de vouloir bien donner un meilleur classement au projet susvisé. Ce projet qui porte le n° 5e de la liste d'urgence établie par le Conseil Général lors de sa dernière session est de minime importance. La subvention de l'Etat sera d'environ 3.500 Fr aussi son reclassement ne peut léser en rien les projets qui sont actuellement en meilleur rang.
Je vous prie de vouloir bien donner satisfaction à M. Charles BONNET en classant sous le n° 4bis de la liste d'urgence, le projet de construction d'une citerne à l'école de Blis-et-Born
".

La Commission fit un très gros effort ! elle classa le projet en position 4bis "de la liste d'urgence valable pour 1938", il faut dire que cela ne fait pas moins de cinq années que les écoliers et écolières boivent une "eau recueillie dans de mauvaises conditions et contaminée" donc "dangereuse pour la santé des enfants".

Après une révision à la hausse du devis, on passe de 6 730 F à 9 630 F. La subvention de 4 230 F était enfin allouée par le Ministère de l'Education Nationale le 4 juillet 1939. Dans un courrier daté du 25 juillet 1939 (donc 21 jours après la lettre arrêtée du Ministère), accompagnant l'arrêté ministériel de subvention, le Préfet précise : "/.../ les travaux devront commencer au plus tard 4 mois après la décision de subvention et se terminer dans un délai qui ne saurait excéder 16 mois à compter de la date extrême fixée pour l'ouverture des chantiers. Faute par la commune de se conformer à ces prescriptions, la subvention serait annulée sans préjudice des pénalités qui pourraient être appliquées /.../". Bref ! (le mot est exagéré...) la construction va pouvoir commencer et un traité de gré à gré entre Marcel Faure (maire de la commune) et Henri Coustillas (entrepreneur domicilié au Jalagier) en fixe le début au plus tard au 1er octobre 1939 et la fin avant le 31 décembre de la même année : ce sont finalement six années que les élèves ont dû attendre pour boire de la bonne eau, voici un bon exemple de lenteur administrative...

En 1953, les classes furent remises en état pour la somme de 346 952 F de l'époque (il s'agissait encore d'anciens francs).

En 1954, une cantine scolaire fut construite et remise en état en 1963 pour la somme de 4 008,70 F (il s'agit maintenant de nouveaux francs).

 

Les instituteurs et institutrices laïques

Jean BAZINGETTE : Il fut le premier instituteur de notre commune, de 1845 au 28 mai 1852, date de son décès à Blis et Born. Au cours de son service il changea parfois de prénom et se fit appeler Henri. Fils de cultivateur, né le 6 septembre 1821 à Saint Laurent des Hommes, marié le 16 septembre 1845 à Blis et Born avec Rosette Jeanne Desplat de Pommier, il eut deux enfants nés à Blis et Born en 1847 et 1852 juste avant son décès. Il obtint son brevet élémentaire à Périgueux le 4 mars 1845 après avoir fréquenté l'Ecole normale de Périgueux.
Une inspection datée du 29 avril 1851 (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 2 T 23) nous informe que dans sa classe la discipline est assez bonne, l'enseignement faible, les progrès lents et l'éducation peu soignée. Jean Bazingette est lui-même considéré de bonne moralité mais un peu apathique et de médiocres capacités. En dehors de sa classe, il est secrétaire de mairie et ses rapports avec les autorités locales sont assez bons.
Une seconde inspection 7 mois plus tard (18 novembre 1851) lui trouve cette fois "peu de goût" et ses rapports avec les autorités semblent s'être dégradés.
Une troisième inspection, le 13 mars 1852 (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 2 T 26) lui trouve un caractère susceptible et nous apprend que ses rapports avec le curé sont difficiles.

Jean LESTRADE : Il fut instituteur dans notre commune, de 1853 jusqu'au 12 janvier 1857. Né le 25 juin 1820 à Montignac, son père, cordonnier, le déclara de sexe féminin avec le prénom de Anne. Ce n'est que par jugement du Tribunal civil de Sarlat, en date du 11 avril 1878, qu'il changea de sexe, avec le prénom de Jean, dans le registre d'Etat civil de sa commune de naissance. Il obtint son brevet élémentaire le 18 août 1853 à Périgueux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 50). Avant de servir à Blis et Born, il fut instituteur au Change en 1843 d'après un rapport et statistiques sur la situation de l'enseignement à cette époque (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 20). A cette époque il était considéré comme un instituteur zélé, capable, dévoué et moral. Dans un autre document (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 3 T 6), il est taxé, au 1er trimestre 1858 (donc après son départ de Blis et Born), d'instituteur "assez capable, dont la direction de l'école est nonchalante et pas conforme aux prescriptions".

Pierre DUMOND : Il fut nommé instituteur suppléant de 2ème classe dans notre commune, le 4 mai 1857 en remplacement de Jean Lestrade. Il y resta jusqu'au 30 juin 1858, date où il est appelé sous les drapeaux. Né le 2 février 1836 à Estivaux en Corrèze, il obtint son brevet élémentaire le 4 avril 1857 à Rodez (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 50). Dans un autre document (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 3 T 6) nous apprenons que sa solde d'instituteur suppléant est de 400 F et qu'il est un "instituteur dévoué mais manquant d'expérience".

Jacques ROLLAND : Il est nommé instituteur provisoire dans notre commune le 9 juillet 1858 en remplacement de Pierre Dumond et y resta jusqu'au 28 février 1860 après avoir été titularisé à compter du 1er octobre 1859. Né le 27 juillet 1838 à Cumond (ancienne commune de La Double), il obtint son brevet élémentaire le 25 mars 1857 à Périgueux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 50). Son salaire au 4ème trimestre 1859 (donc en tant que titulaire de 2ème classe) se monte à 500 F et il est considéré à cette époque d'"instituteur désireux de bien faire mais inexpérimenté" (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 3 T 6).

Laurent DUBOIS : Il est nommé dans notre commune le 11 avril 1860 et y reste jusqu'au 1er octobre 1860. Il est né le 24 juillet 1831 à Sainte Orse, d'un père marchand, il obtint son brevet élémentaire le 25 août 1849 à Périgueux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 50). Il fut élève de l'Ecole normale de Périgueux pendant 4 ans.
Une inspection du 28 avril 1853 indique qu'il se trouve alors à Ajat depuis quatre ans. Sa moralité est très bonne, son caractère sérieux, il a beaucoup de capacité et de zèle, son école est propre, la discipline y est très bonne, l'éducation et l'enseignement y sont assez bons, enfin les progrès y sont sensibles (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 2 T 31).
Un autre document (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 3 T 6) nous informe qu'il est nommé à Agonac le 24 septembre 1853 et quitte cette localité pour des raisons de santé et est nommé ensuite à Blis et Born en 1860 avec la solde de 600 F. Nous apprenons qu'à Agonac il était considéré comme très intelligent, zélé et excellent dirigeant d'école. Par ailleurs, au 2ème trimestre 1860, une inspection précise qu'il est un "instituteur capable mais dont le cerveau est malade" ; il est d'ailleurs mis en disponibilité au cours de ses fonctions à Blis et Born.

François FESTAL : Il est nommé instituteur à titre provisoire dans notre commune le 23 novembre 1860 et y reste jusqu'au 27 mars 1862, date de sa démission ; cependant, on le retrouve instituteur à Saint Martial de Viveyrol à partir d'avril 1863. Il est né le 27 juin 1840 à Gageac et Rouillac d'un père forgeron. Il était dépourvu de brevet élémentaire. Une inspection du 1er trimestre 1861 le considère comme ayant de "bonnes manières, d'excellentes dispositions morales, mais de nature maladive". D'autre part, on lui doit d'être "parvenu à peupler l'école" (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 50 et 1 T 6).

Michel ROUGIER : Il est nommé dans notre commune le 17 avril 1862 et y reste jusqu'en novembre 1865, date à laquelle il est muté à Azerat. Avant Blis et Born, il était instituteur adjoint au Bugue (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 50).

Gabriel François Aristé BREUILH : Après être passé par Boisseuilh et Sarliac, il est nommé dans notre commune le 22 novembre 1865 en remplacement de Michel Rougier et y reste jusqu'au 29 octobre 1866. Né le 28 juin 1841 à Saint Cyr les Champagnes, d'un père lui-même instituteur, il obtint son brevet élémentaire le 14 août 1861 à Périgueux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51). Après Blis et Born, il fut muté à Granges d'Ans où il eut quelques problèmes avec les autorités et la population locales. En effet, il est dit dans un document (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 79) le concernant, qu'il est l'un des "instituteurs les plus médiocres", qu'il est "adonné aux boissons", qu'il est "négligeant dans l'exercice de ses fonctions" qu'"il mécontenterait les habitants de la commune" et qu'il "ne jouit d'aucune considération dans la contrée". Tout ceci explique son remplacement à la tête de l'école de Granges d'Ans en 1869, par mesure disciplinaire et à la demande de la localité.

François GRONDIN : Venant d'Excideuil où il était instituteur adjoint, il est nommé instituteur dans notre commune le 29 octobre 1866 en remplacement de Gabriel François Aristé Breuilh et y reste jusqu'en décembre 1867, date de sa mutation à Saint Pierre de Côle. Il est né le 8 décembre 1845 à Vaunac. Il obtint son brevet élémentaire le 15 septembre 1865 à Bordeaux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).

Pierre Benjamin PRAT : Il est nommé instituteur dans notre commune le 9 décembre 1867 en remplacement de François Grondin et y reste jusqu'au 12 octobre 1869, date à laquelle il permute avec Jean Meynard, instituteur à Saint Michel l'Ecluse et Léparon. Né le 23 février 1845 à Toulouse (Haute-Garonne) de père cordonnier, il obtint son brevet élémentaire le 1er septembre 1866 à Bordeaux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).

Marie Dominiquette PRAT : Soeur de Pierre Benjamin Prat, elle est nommée comme première institutrice de Blis et Born (poste en création) le 9 juin 1869 et y reste jusqu'au 12 octobre 1869, date à laquelle elle permute avec Marie Meynard, institutrice à Saint Michel l'Ecluse et Léparon. Née le 25 septembre 1847 à Toulouse (Haute-Garonne), elle obtint son brevet élémentaire le 10 avril 1869 à Bordeaux (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51). A partir de la nomination de cette institutrice, Blis et Born comportera deux classes.

Jean MEYNARD : Après Saint Barthélémy de Montpon puis Saint Michel l'Ecluse et Léparon, il est nommé instituteur dans notre commune le 12 octobre 1869 par permutation avec Pierre Benjamin Prat, et y reste jusqu'au 24 novembre 1873, date à laquelle il est mis en congé de disponibilité en même temps que son épouse Marie. En effet, il fut accusé du vol de la somme de 50 F au préjudice de madame Pauly de Blis et Born ; traduit en justice il fut acquitté, faute de preuve, par le Tribunal correctionnel de Périgueux le 26 novembre 1873, sentence confirmée en janvier 1874 par la Cour de Bordeaux (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 51, 1 T 79 et MOD 5 U 883).
Né le 25 mai 1842 à Saint Girons (Gironde), il obtint son brevet élémentaire le 20 septembre 1860 à Bordeaux.

Marie ANDREAUD, épouse MEYNARD : Elle est nommée institutrice à titre provisoire dans notre commune le 12 octobre 1869 par permutation avec Marie Dominiquette Prat, et y reste jusqu'au 24 novembre 1873, date à laquelle elle est mise en congé de disponibilité en même temps que son époux Jean. Elle fut également soupçonnée du vol de la somme de 25 F à Blis et Born mais ne fut pas, contrairement à son époux, traduite en justice. Elle n'était pas brevetée et "les garanties qu'elle offrait au point de vue de la moralité et du savoir étaient loin de paraître suffisants" (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 51 et 1 T 79). Elle est née le 15 septembre 1843 à Saint Aulaye.

François GOUTEYRON : Après Savignac Lédrier il est nommé dans notre commune le 12 décembre 1873 en remplacement de Jean Meynard, et y reste jusqu'au 6 novembre 1875, date à laquelle il est muté au Pizou (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Né le 26 décembre 1841 à Ambert (Puy de Dôme), d'un père ferblantier, il obtint son brevet élémentaire le 17 avril 1861 à Clermont Ferrand.

Antoinette SALAGNAC, épouse GOUTEYRON : Elle se fit appeler Nelly Antoinette. Après Saint Cyr les Champagnes, elle est nommée institutrice à titre provisoire dans notre commune le 12 décembre 1873 en remplacement de madame Meynard, et y reste jusqu'au 6 novembre 1875, date à laquelle elle est mutée au Pizou (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Née le 17 janvier 1855 à Saint Médard d'Excideuil, d'un père scieur de long, elle a été brevetée le 30 décembre 1871 à Bordeaux.
Les Gouteyron eurent une fille née à Blis et Born en 1874.
Achille Etienne François PELOU : Après Lacassagne, il est nommé dans notre commune le 6 novembre 1875 en remplacement de François Gouteyron, et y reste jusqu'au 26 octobre 1877, date à laquelle il est muté sur Saint Vincent de Cosse (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Né le 8 juillet 1851 à Salignac (aujourd'hui Salignac Eyvigues), d'un père gendarme, il obtint son brevet élémentaire le 9 mai 1870 à Bordeaux.

Soeur Françoise Amélie COMBIER (en religion "Soeur Célestine") : Ce fut la première religieuse à être nommée institutrice à Blis et Born. Elle fut nommée à l'école laïque le 24 novembre 1875 en remplacement de madame Gouteyron et présenta une lettre d'obédience* datée du 20 novembre de la même année. Elle fut rappelée en Ardèche en 1876 (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Née le 9 novembre 1834 à Privas (Ardèche), elle appartenait à la Congrégation Saint-Joseph d'Aubenas (Ardèche) dont je vais parler plus loin au sujet de l'école privée de Blis et Born.

Soeur Marie MEYSSONNIER (en religion "Soeur Emilienne") : Elle fut nommée à l'école laïque de Blis et Born le 24 octobre 1876 en remplacement de Soeur Combier. Elle présenta une lettre d'obédience* datée du 20 septembre de la même année. Elle quitta Blis et Born en 1877 (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Née le 24 février 1849 à Chassier (Ardèche), de père cultivateur et de mère ménagère, elle appartenait à la Congrégation Saint-Joseph d'Aubenas (Ardèche).

Jean NOEL : Après Montpon, il est nommé instituteur à titre provisoire dans notre commune le 26 octobre 1877 en remplacement de Achille Etienne François Pelou, et y reste jusqu'au 1er mars 1878, date à laquelle il est muté à Saint Sauveur Lalande (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51).
Né le 16 décembre 1856 à Lussas (aujourd'hui Lussas et Nontronneau), d'un père marchand, il obtint son brevet élémentaire le 10 mai 1876 à Poitiers.

Pierre DELESTANG : Après Champniers (aujourd'hui Champniers et Reilhac), il est nommé instituteur dans notre commune le 1er mars 1878 en remplacement de Jean Noël, et y reste jusqu'au 20 octobre 1883, date à laquelle il est muté sur Chourgnac (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 51 et 1 T 54).
Né le 23 mars 1848 à Saint Simon (Cantal), d'un père fondeur, il obtint son brevet élémentaire le 2 août 1867 à Aurillac.

Soeur Joséphine Clérice ROBERT (en religion "Soeur Saint-Antoine") : Venant de Saint-Georges-les-Bains en Ardèche, où elle était déjà institutrice, elle fut nommée à l'école laïque de Blis et Born le 26 octobre 1877 en remplacement de Soeur Meyssonnier. Elle présenta une lettre d'obédience* datée du 17 septembre de la même année. Elle quitta Blis et Born en 1884 et ne fut pas immédiatement remplacée à l'école laïque puisque Soeur Dours arriva en 1886 pour diriger l'école congréganiste située d'abord au Prieuré puis chez monsieur le Curé Soulacroux (ancienne maison Gouzon) (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 51). Elle est née le 10 septembre 1833 à Courry (Gard), de père maçon.
Elle appartenait à la Congrégation Saint-Joseph d'Aubenas (Ardèche).

... FAURE : Après Périgueux où il était instituteur adjoint, il est nommé instituteur titulaire (traitement de 900 F) dans notre commune le 20 octobre 1883 en remplacement de Pierre Delestang, et n'y reste pas très longtemps semble-t-il (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 54). Je n'ai pas trouvé d'autres informations à son sujet.

Pierre François MALIGNE : Après Savignac les Eglises où il était instituteur adjoint, il est nommé, avec le même titre, dans notre commune en 1885, et y reste jusqu'au 1er janvier 1888, date à laquelle il permute avec Jean-Baptiste Emile Mariaud, instituteur à Vendoire. La raison de cette permutation, demandée par l'Inspection académique, est la laïcisation de l'école des filles qui se trouvait dans la maison privée du Curé Soulacroux (ancienne maison Gouzon) ; monsieur Mariaud arrivant avec son épouse institutrice (Maligne était célibataire), un seul logement suffisait contrairement au recrutement d'une institutrice laïque célibataire. Pierre François Maligne servit déjà en 1877 à Blis et Born mais en tant qu'instituteur adjoint, le titulaire étant alors Achille Etienne François Pelou (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 51 et 1 T 54). Né le 30 novembre 1854 à Coulaures, d'un père cultivateur, il obtint son brevet élémentaire le 29 mai 1874 à Bordeaux.

Jean-Baptiste Emile MARIAUD : Après Vendoire, il est nommé dans notre commune le 1er janvier 1888 en permutant avec Pierre François Maligne, et y reste jusqu'au 18 octobre 1889, date de sa mutation pour Coutures. Son salaire était de 1 000 F lorsqu'il était à Blis et Born (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 51 et 1 T 54).
Né le 20 septembre 1857 à Saint Vincent de Connezac, d'un père agriculteur, il obtint son brevet élémentaire le 19 mai 1877 à Bordeaux.
Une inspection de 1843, bien avant son arrivée à Blis et Born, le décrit comme un instituteur zélé, capable, dévoué et moral (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 20).
En mai 1889, Jean-Baptiste Emile Mariaud sollicite une indemnité de logement, puisque celui fourni par la commune lui étant insuffisant. Le Conseil municipal considéra, lors d'une séance ordinaire datée du 9 juin 1889, que "si la maison d'école est un peu exiguë pour loger l'instituteur et l'institutrice (plus leurs deux filles, l'une ayant 1 an et l'autre devant naître le 29 du même mois, ce que le Conseil ne mentionne pas) cet état de chose n'est que transitoire, la commune se disposant à faire bâtir une école de garçons". "Considérant que depuis plus de vingt ans, la maison d'école actuelle a presque constamment été habitée par un instituteur marié, sans qu'il ait jamais été formulé de réclamations d'indemnité", le Conseil "est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'accorder à M. l'instituteur l'indemnité qu'il réclame". Seuls les 5 membres opposants du Conseil n'ont pas signé cet avis.

Marie REBIERE, épouse MARIAUD : Après Clermont d'Excideuil et juste mariée, elle est nommée dans notre commune le 1er janvier 1888 en prenant l'école de fille juste après sa laïcisation, et y reste jusqu'au 18 octobre 1889, date de sa mutation pour Coutures, en même temps que son mari. Son salaire était de 800 F lorsqu'elle était à Blis et Born (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 54).
Née le 6 avril 1861 à Saint Mesmin, d'un père cultivateur, elle obtint son brevet élémentaire le 14 juillet 1879. Les Mariaud eurent deux filles à Blis et Born.

... MOREAU : Célibataire, il est nommé instituteur dans notre commune le 1er novembre 1889 en remplacement de Jean-Baptiste Emile Mariaud et y reste jusqu'au 1er octobre 1891, date à laquelle il est muté à Saint-Michel-de-Rivière. Son salaire à Blis et Born était de 1 200 F (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 54 et 55).

... MOREAU (Melle) : Célibataire et soeur du précédent, elle est nommée comme institutrice de Blis et Born le 1er novembre 1889 en remplacement de Mme Mariaud et y reste jusqu'au 1er octobre 1891, date à laquelle elle est mutée à Saint-Michel-de-Rivière. Son salaire à Blis et Born était de 950 F (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 54 et 55).

François Gabriel BREUILH : Il s'agit du frère de Gabriel François Aristé Breuilh (cf. plus haut). Après Cubjac, il est nommé dans notre commune le 1er octobre 1891 en remplacement de Moreau, et y reste jusqu'au 4 septembre 1893, date de sa mutation pour Soubie dans la commune de Minzac. Son salaire était de 1 250,50 F lorsqu'il était à Blis et Born (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 55 et 1 T 79).
Né le 31 août 1848 à Saint Cyr les Champagnes, d'un père également instituteur, il obtint son brevet élémentaire en août 1867. Il eut la médaille de bronze au concours départemental agricole de 1874.
Ses différents postes l'amènent à Saint-Pantaly-d'Ans, Badefol-d'Ans, Romains (Champs-Romains), Eyvirat, Saint Léon sur Vézère, Brouchaud, Cubjac, Blis et Born et Soubie (Minzac). A Cubjac il a quelques problèmes qui seront la cause de sa mutation en "disgrâce" sur Blis et Born. En effet, il aurait eut un différent avec un gendarme de Cubjac de qui il se serait moqué. En fait, on apprend par un courrier confidentiel du Directeur du Secrétariat et de la Comptabilité au Préfet, que François Breuilh portait le même nom qu'un fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères, domicilié à Cubjac, ce qui aurait gêné ce dernier et expliquerait une demande d'éloignement de la commune de cet instituteur. Etant en poste à Cubjac depuis une dizaine d'année, François Gabriel Breuilh profite de ses problèmes dans cette localité pour tenter de rejoindre sa région natale et demande ainsi son déplacement pour Lanouaille ; ce poste n'étant pas libre, il est envoyé à Blis et Born. Il y aurait eut une autre plainte contre lui lorsqu'il était à Cubjac, il n'aurait pas totalement payé une barrique de vin. Il faut dire aussi qu'il était "Libre penseur" convaincu et qu'il se tenait, avec toute sa famille, en dehors de tout culte, ce qui ne lui était certainement pas favorable. Dans une enquête sur lui, demandée par la Préfecture le 14 janvier 1889, on apprend qu'il avait "de bons antécédents, une moralité excellente", qu'il était "très franchement républicain" et qu'"il a eu à souffrir de ses opinions politiques", qu'il n'avait "pas de fortune", qu'il avait "5 enfants" et qu'il était "honnête" (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 79).

... , épouse BREUILH : Après Cubjac, elle est nommée institutrice dans notre commune le 1er octobre 1891 en remplacement de Melle Moreau, et y reste jusqu'au 4 septembre 1893, date de sa mutation pour Soubie dans la commune de Minzac. Son salaire était de 1 000 F lorsqu'elle était à Blis et Born (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 55).

Jean POUMEYROL : Après Saint Mayme et juste marié, il est nommé dans notre commune le 1er octobre 1893 en remplacement de François Gabriel Breuilh, et y reste jusqu'au 16 novembre 1895, date de sa mutation pour Sainte Orse (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 55).
Né le 21 février 1864 à Marsac sur l'Isle, d'un père cultivateur, il obtint son brevet élémentaire le 21 novembre 1883 et son certificat d'aptitude pédagogique en novembre 1886. Il prit sa retraite le 1er août 1923 et la passa à Saint Pierre de Côle. Il était très apprécié et fut proposé pour la médaille des instituteurs en 1901. Il eut une mention honorable en 1902 et fut décoré du Mérite agricole le 29 décembre 1903 (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 118 et 3 T 169 et 170).
Une épidémie de dysenterie éclata en octobre 1895 dans le bourg de Blis et Born et y causa de nombreux décès. En effet, lorsque l'on consulte les actes de décès dans notre commune pour les années 1894, 1895 et 1896, on s'aperçoit que l'on passe de onze décès en 1894, à vingt-deux en 1895, enfin à dix en 1896. Le médecin, soignant les habitants de notre commune à cette époque, estima qu'il était souhaitable de fermer pendant quinze jours les écoles, dans l'intérêt de la santé publique. Le maire, Richard, était de l'avis du médecin, cependant, l'instituteur (Jean Poumeyrol) et l'inspecteur primaire, pensèrent que le médecin avait peut-être exagéré le danger et l'inspecteur ne donna que trois jours de congé à l'instituteur. Si effectivement, comme nous venons de le voir, le nombre de décès fut plus important au cours de l'année 1895, il convient de signaler que cette année là, tout comme en 1894 et en 1896, aucun enfant d'age scolaire décéda.

Anne REBIERE, épouse POUMEYROL : Après Négrondes, elle est nommée, avec son mari, dans notre commune le 1er octobre 1893 en remplacement de Mme Breuilh, et y reste jusqu'au 16 novembre 1895, date de sa mutation pour Sainte Orse, en même temps que son mari. A Blis et Born elle prend un poste de stagiaire mais avec la fonction de directrice de l'école (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 1 T 55).
Née le 28 août 1869 à Saint Pierre de Côle, d'un père plafonneur, elle obtint son brevet élémentaire le 15 octobre 1885 (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 3 T 169 et 170).

Jean RAYNAUD : Après Savignac les Eglises, il est nommé dans notre commune le 16 novembre 1895 en remplacement de Jean Poumeyrol, et y reste jusqu'au 30 septembre 1928 (33 ans), date de son départ en retraite qu'il passe à Pressignac, sa commune de naissance. Il fut successivement instituteur à Busserolles (1886-1887), Maurens (1887-1890), Savignac les Eglises (1890-1895) et enfin à Blis et Born (1895-1928). Blis et Born faillit bien ne pas avoir les Raynaud comme instituteurs si la proposition de muter les Pény dans notre commune à la même date n'avait pas échoué (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 55 et 3 T 171).
Né le 8 janvier 1868 à Pressignac (au Labouret), d'un père charron, il obtint son brevet élémentaire le 25 juillet 1884. Il était très apprécié.

Monsieur J. Reynaud en 1926

Monsieur J. Reynaud en 1950

Catherine FAURE, épouse RAYNAUD : Elle se fit appeler Lucie. Après Savignac les Eglises, elle est nommée dans notre commune le 16 novembre 1895 en remplacement de Mme Poumeyrol, et y reste jusqu'au 30 septembre 1928 (33 ans), date de son départ en retraite qu'elle passe avec son mari à Pressignac. Elle entre en fonction comme élève-maître le 6 janvier 1886 et fut successivement institutrice à Augignac (1887-1888), Villamblard (1888-1889), Badefols d'Ans (1889), Saint Alvère (1889-1890), Savignac les Eglises (1890-1895) et enfin à Blis et Born (1895-1928) (Archives départementales de Périgueux, cotes MOD 1 T 55 et 3 T 169 et 171).
Née le 6 janvier 1868 (à 2 jours près elle avait exactement la même date de naissance que son mari) à Jumilhac le Grand (La Croix Bancaud), d'un père facteur, elle obtint son brevet élémentaire le 12 juillet 1884 (même mois, même année que son mari). Elle était très appréciée.

 

Pour les instituteurs et institutrices suivants, je ne donnerai pas d'information puisqu'elles ont moins de 100 ans et que la plupart de ces personnes sont encore de ce monde, voire encore en exercice. Je ne ferai que les citer en mentionnant les années qu'ils ont passées en fonction à Blis et Born.

André CALLEN : Du 1er octobre 1928 jusqu'à la fin décembre (?) 1946.

Simone, épouse CALLEN : Du 1er octobre 1928 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1948.

Albert CASAMAYOU : De janvier 1947 à décembre 1947.

Roger DUPAU : De janvier 1948 jusqu'à la fin de l'année scolaire de la même année.

Jean SEUGNET : Du début de l'année scolaire 1948-1949 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1958-1959.

Germaine, épouse SEUGNET : Du début de l'année scolaire 1948-1949 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1958-1959.

Jean VIALATTE : Du début de l'année scolaire 1959-1960 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1965-1966.

Jeannine, épouse VIALATTE : Du début de l'année scolaire 1959-1960 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1965-1966.

René BARRET : Du début de l'année scolaire 1966-1967 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1975-1976.

Giselle, épouse GOUMONDIE : Du début de l'année scolaire 1966-1967 jusqu'au 4 janvier 1974, date de la suppression de la seconde classe à Blis et Born. Madame Goumondie fut mutée en cours d'année scolaire à Sarliac.

Gérard BONNET : Du début de l'année scolaire 1976-1977 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1980-1981.

Gislaine, épouse LAVAL : Du début de l'année scolaire 1981-1982 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1984-1985.

Nicole, épouse ROUMASEILLE : Du début de l'année scolaire 1985-1986 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1990-1991.

Eliane, épouse LECUYER : Du début de l'année scolaire 1991-1992 jusqu'à la fin de l'année scolaire 1997-1998.

Bienvenue à Cyril IMBERTIE, gendre de Mme Goumondie et nouvel instituteur.

 

Les élèves de l'école laïque

Je ne vais pas donner la liste des élèves par années, ce qui serait très long et que je ne pourrais d'ailleurs faire que pour les années postérieures à 1914, à partir des photographies des groupes scolaires que vous trouverez ci-après, donc avec de nombreuses lacunes. De toutes façons, il m'a semblé plus amusant de laisser le lecteur reconnaître, ou parfois deviner, le nom de chaque tête apparaissant sur ces photographies...

La carte scolaire concernant notre commune pour le début de notre siècle (1902 ?) (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 3 T 196) donne les informations suivantes :

 

Villages
Habitants
Enfants
Distance de l'école en m
BORN
91
5
COURTY
4
1
200
LACOUYAUD
4
1
500
CHABANNES
12
2
1000
BLIS
8
2
1500
LE GOUR
5
2
2000

RICHARDIE Bse

18
3
2830
RICHARDIE Hte
14
3
2600
BEDER
7
2
3000
PUYVINCEAU
6
1
2170
PETIT BLANZAC
7
2
2170
SAVERDENNE
2
0
2800
GOLFERIES
28
5
2325
JALAGIER
7
2
2720
MONTUSSON
7
1
3000
GENET
16
2
2500
FAYARD
16
0
2935
LA LUCIE
37
0
3425
COMBEAU
6
0
3000
LES MOURNEAUX
27
2
3230
LA JAYE
21
2
3000
LA JUNIE
13
2
3150
GUEYROL
5
0
2800
CHIGNAGUET
28
5
2600
BAS CHIGNAGUET
37
4
2280
LA BROUSSE
9
2
1630
BARCHAT
9
3
1400
LAFORET
6
2
1505
LAC FERIER
9
0
2000
POMMIER
22
3
2360
MANEGRE
3
0
1450
CHATEAUBRANLANT
6
0
1990
MONTPLAISIR
3
1
1685
LACAUD
5
1
2150
LES MARGUIS
8
2
1680
LA GONDIE
13
2
1375
LA COUTIE
12
2
1580
FONTBREGEADE
7
2
1505
LES MAUROUX
4
0
1280
LA GRANGELATE
13
2
930
LA MIRANDERIE
5
0
2310
LA VEYSSIERE
6
1
2500
LES GRANGES
9
1
1670
SEILHAC
5
0
2400
LES DEFEIX
20
3
1710
LES MARGOUTIES
4
1
930
RENAUDIES
5
0
200
LIMOUZIES
7
0
832
SABLOUX
25
3
340

 


On voit là que bon nombre d'élèves étaient contraints de faire, matin et soir, une longue distance à pied ou à vélo, les cars de ramassage scolaire n'existant pas encore.

La même année (1902) et le 6 novembre, la préfecture approuvait la création d'une "caisse des écoles" à Blis et Born. La "Loi Barange" du 28 septembre 1951, établit une allocation scolaire trimestrielle à laquelle ouvrent droit les enfants âgés de 6 à 14 ans qui fréquentent un établissement d'enseignement du premier degré. En ce qui concerne les écoles publiques, cette allocation est versée à un compte hors budget, de la responsabilité départementale, intitulé "caisse départementale scolaire" qui remplace dorénavant la "caisse des écoles". Cette caisse, qui est gérée par le Conseil Général, a pour rôle essentiel de répartir entre les collectivités intéressées les sommes ainsi mises à sa disposition.

Voici les effectifs d'écoliers que j'ai pu trouver, soit aux Archives départementales pour les périodes les plus anciennes, soit à l'Inspection d'Académie pour les périodes les plus récentes, soit à partir des photographies de groupes scolaires que j'ai pu retrouver et présentées dans ce fascicule (sur ces photographies n'apparaissent que les enfants présents le jour du cliché, certains élèves pouvaient manquer la classe ce jour là) :

En 1851 (7 ans après sa création), sur 791 habitants recensés, l'école publique de Blis et Born comptait entre 7 et 18 élèves suivant la saison (en été le nombre d'élèves était toujours inférieur à celui de l'hiver, les travaux des champs en retenant un bon nombre). Pour cette année 1851, les garçons sont au nombre de 6 à 16 (1 à 5 payants et 0 à 11 ne payant pas) et les filles de 1 à 2 (0 à 1 payante et 0 à 2 ne payant pas) (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 2 T 23).

L'année suivante, en 1852, sur 761 habitants recensés, le nombre des élèves est de 14 à 21 élèves toujours suivant la saison. Ceux-ci se répartissent de 14 à 17 garçons (2 à 6 payants et 11 à 12 ne payant pas) et 3 à 4 filles (1 à 2 payantes et 2 ne payants pas) à (Archives départementales de Périgueux, cote MOD 2 T 26).

Pour l'année scolaire 1893-1894, les Poumeyrol avaient au moins 34 élèves (au moins 20 garçons et 14 filles) ; le nombre d'habitants recensés était alors de 576.

En 1898, M. et Mme Raynaud avaient au moins 28 élèves (au moins 15 garçons et 13 filles) ; le nombre d'habitants recensés était alors de 531.

 

Les résultats au certificat d'études primaires

Années

Réussites

Garçons

Réussites

Filles

Echecs

Garçons

Echecs

Filles

1910
-
2
-
-
1920
1
-
-
-
1921
1
-
-
-
1922
2
3
-
-
1923
4
2
-
-
1924
2
4
-
-
1925
1
-
-
-
1926
3
1
-
-
1927
1
1
-
-
1928
2
1
-
-
1931
3
-
-
-
1932
3
-
-
-
1933
-
2
-
-
1934
2
-
-
-
1935
1
-
-
-
1936
1
3
-
-
1937
1
-
-
-
1938
1
-
-
-
1940
5
2
-
-
1941
-
2
-
-
1942
2
-
-
-
1943
1
1
-
-
1944
4
1
-
-
1945
5
1
-
-
1946
1
-
-
-
1947
-
3
-
-
1949
1
2
-
-
1950
0
2
1
-
1951
1
-
-
-
1952
1
1
-
-
1953
1
1
-
-
1954
-
1
-
-
1955
0
2
1
-
1957
3
1
-
-
1958
1
2
-
-
1959
2
1
-
-
1960
4
1
-
1
1961
1
-
-
-
1962
3
2
-
-
1963
3
-
-
-
1965
-
1
-
-
1966
5
1
-
-
1967
0
0
1
1
1968
2
-
1
-


Ce tableau nous montre clairement que jusqu'à 1950, seuls les élèves les mieux préparés étaient présentés par leur instituteur pour l'obtention du certificat d'études primaires ; un élève présenté qui aurait échoué aurait constitué un déshonneur pour l'enseignant. Il convient d'ajouter que de nombreuses mentions assez-bien, voire parfois bien, étaient décernées aux élèves (garçons comme filles) diplômés : j'ai noté une mention assez-bien pour 1920, 4 pour 1922 et 3 pour 1923 ; la mention bien a été décernée à 1 élève en 1921, 1 en 1922, 3 en 1923, 1 en 1924, 1 en 1926, 2 en 1928, 1 en 1931, 1 en 1932, 1 en 1933, 1 en 1934, 1 en 1936 et 1 en 1937 (à ce sujet, je n'ai pas d'informations plus précises pour les années postérieures à 1940). Ici, seules les années pour lesquelles j'avais des informations sont présentées ; l'absence de mention d'année ne sous-entend pas forcément absence de candidat. Pour l'année 1970, une seule élève fut présentée par l'instituteur de Blis et Born (élève reçue), les deux garçons résidant à Blis et Born et ayant obtenu cette année-là le certificat d'études primaires, étaient alors élèves au collège de Thenon. Par la suite, tous les enfants de Blis et Born passant le certificat d'études primaires, l'ont fait en tant qu'élèves au collège.

Le certificat d'études primaires préparé à l'école de Blis et Born était toujours passé à Saint Pierre de Chignac.

1893 1898

1913

1930 1935

1937 1938-39

1952-53

entre 1952 et 1956

1956-57 1957-58

1958-59 1959-60

1962-63 1963-64

1965-66 1967-68

1968-69 1969-70

 

 

L'Ecole privée

La maison Soulacroux avant restauration

...aile correspondant à la classe

 

La Congrégation de l'ordre de Saint-Joseph

La Congrégation de Saint-Joseph est née en France, en la ville du Puy-en-Velay, au milieu du XVIIe siècle, alors qu'une nouvelle conception de la vie religieuse qui tendait à faire sortir les religieuses du cloître, pour témoigner de l'Evangile dans le monde par les "oeuvres de miséricorde spirituelles et corporelles" se faisait jour. Un Jésuite, le Père Jean-Pierre Médaille, formé par la tradition pédagogique des Exercices Spirituels, et influencé par la spiritualité de Saint-François de Sales, avait rencontré dans ses missions "quelques bonnes veuves et filles", non appelées au cloître, mais désireuses de se consacrer tout à Dieu et au service du prochain. Pour elles, et avec elles, le Père Médaille conçut le projet de cette nouvelle congrégation. L'Evêque du Puy, Monseigneur Henri de Maupas, grand admirateur et biographe de Saint-François de Sales, informé de cette volonté par le Père Médaille, l'encouragea et donna existence officielle à cette congrégation, en lui conférant, en même temps que le nom de Saint-Joseph (15 octobre 1650), son statut canonique, par les Lettres Patentes du 10 mars 1651. La nouvelle congrégation se répandit rapidement et un peu avant 1684 la fondation d'Aubenas (Ardèche) vit le jour. Cependant, pendant la Révolution, la suppression des congrégations obligea les Soeurs à se disperser dans les villages et dès 1803 elles se regroupèrent de nouveau en communautés. A Vesseaux (Ardèche), une communauté allait prendre le relais de celle d'Aubenas qui n'avait pas survécu à la tourmente. En 1880, la Maison-Mère fut transférée de Vesseaux à Aubenas et c'est à partir de cette localisation que des Soeurs furent envoyées en Périgord comme à Blis et Born. L'application des lois contre les congrégations, au début du XXe siècle, entraîna la fermeture de nombreuses communautés et Monseigneur Bonnet, donna aux religieuses enseignantes de son diocèse la consigne : " à tout prix, sauvez les écoles". C'est ainsi que des querelles clochemerlesques éclatèrent entre les farouches défenseurs de l'Ecole républicaine et ceux de l'Ecole congréganiste des Soeurs et Blis et Born offrit alors un bon exemple de cette joute, mais je vous en ai déjà parlé dans le fascicule concernant le Prieuré Ste Catherine de Born (p. 28-29).

La première Soeur de la Congrégation de Saint-Joseph d'Aubenas à s'installer à Blis et Born est Françoise Amélie COMBIER (Soeur Célestine en religion), née le 9 novembre 1834 à Privas (Ardèche). Cependant, elle fut nommée à Blis et Born, le 24 novembre 1875, fut par l'Académie de Bordeaux pour enseigner aux élèves filles, à l'école publique, en remplacement de Madame Gouteyron, mutée, en même temps que son mari, au Pizou.

L'année suivante, en 1876, Françoise Amélie Combier fut rappelée par sa congrégation en Ardèche et fut alors remplacée à Blis et Born le 24 octobre, par Marie MEYSSONNIER (Soeur Emilienne en religion). Née le 24 février 1849 à Chassier (Ardèche), cette dernière était également dépendante de la Congrégation de Saint-Joseph d'Aubenas.

Le 26 octobre 1877, Marie Meyssonnier était elle même remplacée par une autre Soeur de la Congrégation de Saint-Joseph, Joséphine Clérice ROBERT (Soeur St-Antoine en religion). Elle venait de St Georges les Bains en Ardèche où elle était institutrice et était née à Courry dans le Gard le 10 septembre 1833. Elle resta à Blis et Born jusqu'en 1884 ou 1885.

Si ces trois institutrices religieuses furent nommées à l'école laïque de Blis et Born, c'est tout simplement parce que les instituteurs, nommés pour prendre la classe des garçons, étaient alors célibataires, depuis le départ du couple Gouteyron en novembre 1875. En examinant les registres de nominations et de mouvements de l'Inspection Académique de Périgueux, pour le XIXème siècle, il n'est pas rare de voir apparaître la nomination de religieuses dans les écoles laïques, et ceci jusqu'à la loi de 1886, interdisant aux congrégations d'enseigner.

Soeur Zénaïde DOURS (en religion "Soeur Symphorose") :
Elle est née le 16 avril 1842 à Pradons en Ardèche.
Elle prit l'habit le 11 septembre 1861 à Vesseaux (Ardèche) et rejoignit Aubenas en même temps que le transfert de la communauté de Vesseaux (1880). Zénaïde Dours fut envoyée en Périgord en 1864, où elle demeura jusqu'à 1898. Elle débuta à Montenceix, ou elle séjourna de 1864 à 1867 et termina son séjour Périgourdin à Blis et Born où elle séjourna de 1886 à 1901. Entre temps, elle passa par Carlux et Boisse. A partir de 1899, elle n'était plus considérée officiellement comme institutrice religieuse.
Soeur Marceline CHAMOUTIN ou CHOMENTIN (en religion "Soeur ?") : Aucune trace de cette soeur n'a pu être retrouvée dans les archives de Vesseaux-Aubenas, ni dans celles du Cheylard (Ardèche) qui avait également envoyé des soeurs en Périgord durant la même période. Elle séjourna à Blis et Born jusqu'en juillet 1902, date de fermeture de l'école congréganiste. La date de son arrivée dans notre commune m'est inconnue.

Soeur Julie SAUNIER (en religion "Soeur Marie Thomasie") :
Elle est née le 25 avril 1859 à Vesseaux (Ardèche).
Elle prit l'habit le 8 septembre 1883 à Aubenas. Elle séjourna à Blis et Born en 1902 et en 1903. Elle était présente au moment de la fermeture de l'école congréganiste (juillet 1902). Elle fut rayée des registres des membres de la congrégation en quittant l'habit religieux le 30 octobre 1902 afin d'obtenir la réouverture de l'école privée de Blis et Born.

Soeur Marie Rosalie MASCLAUX (en religion "Soeur Marie Elisabeth") :
Elle est née le 10 octobre 1866 à Coucouron (Ardèche).
Elle prit l'habit le 28 octobre 1886 à Aubenas. Elle arriva à Blis et Born en octobre 1902 et termina son séjour Périgourdin à Blis et Born en 1903. Elle fut rayée des registres des membres de la congrégation en quittant l'habit religieux le 30 octobre 1902 afin d'obtenir la réouverture de l'école privée de Blis et Born.

Mathilde-Félicité BALEYTE (née DAUVERGNE) :
Elle était originaire de Cuba-Cherveix et était mariée à A. Dauvergne, épicier mercier ayant fait "banqueroute" à Villamblard en 1904 et faillite à Thenon en 1905.
Elle enseigna quelques jours en 1905 à l'école privée de Blis et Born.

Marie-Marguerite DE TESSIERES (née DE LASESCURAS DE LEPINE) :
Elle enseigna à l'école privée de Blis et Born de 1905 à 1914.

L'école privée de Blis et Born entre 1888 et 1914

Le 16 janvier 1888, Soeur Zénaïde Dours, de la Congrégation de Saint-Joseph d'Aubenas, se présentait à la mairie de Blis et Born pour demander l'autorisation d'ouvrir une école privée de filles, dans le local du Prieuré. L'école primaire religieuse de Blis et Born était alors créée, mais pas encore dans la maison du Père Soulacroux (maison Gouzon par la suite) pourtant existante depuis 1882.

La loi du 1er juillet 1901 interdisait l'enseignement privé religieux et le 13 juillet 1902, une circulaire émanant de la préfecture, demandait la fermeture des écoles privées du département. Soeur Marceline Chamoutin, ayant remplacée Soeur Zénaïde Dours, écrivait cinq jours plus tard au Préfet de la Dordogne pour lui signifier son intention de fermer l'école privée de Blis et Born dans les huit jours, comme la circulaire préfectorale le l'y obligeait. Un bon nombre d'habitants de notre commune s'élevèrent contre cette circulaire, voici la lettre qu'ils écrivirent alors au Préfet:

"Les soussignés habitants la commune de Blis-et-Born ont été bien péniblement affectés par la circulaire reçue le 13 courant par nos bonnes religieuses Directrices de l'école libre de filles de Born.
Nos religieuses sont déjà depuis longtemps au milieu de nous et ont la sympathie universelle qu'elles méritent du reste à tous égards, car elles ont toujours passé leur temps et usé leurs forces au service des enfants, des pauvres et des malades. Leurs succès dans l'instruction et l'éducation des jeunes filles sont connus.
Leur charité envers les infortunés, plus discrète, est cependant bien visible dans tous nos villages.
Votre circulaire, Monsieur le Préfet, semble ne pas s'appliquer à notre école, car nos religieuses ont obtenu des autorités l'établissement d'une école libre d'après les prescriptions de la loi ; elles appartiennent à une congrégation approuvée trois fois par l'Etat. - Deux décrets impériaux et un décret du Président de la République. - Que si par impossible il se trouvait y avoir quelque illégalité dans leur établissement, illégalité qui nous échappes, veuillez croire, Monsieur le Préfet que nos relieuses ne sont point des révoltées et qu'elles sont prêtes à faire le nécessaire pour se mettre en règle.
Dans ces conditions nous avons recours à votre justice et aussi à votre humanité pour ne pas mettre sans gîte et sans pain deux pauvres et saintes femmes qui ont passé au milieu de nous de nombreuses années en faisant le bien.
" (document conservé aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

Parmi les 52 signataires, un seul conseiller municipal figurait : un certain Faure. En effet, le Conseil municipal se réunissait le 19 octobre de la même année pour se prononcer sur une demande de création d'une nouvelle école laïque de filles, en remplacement de celle nouvellement fermée. Voici les conclusions du Conseil :

"Considérant que l'école laïque, pour laquelle la commune s'est imposé de lourds sacrifices, est plus que suffisante pour recevoir tous les enfants de la commune ; qu'il n'est donc pas utile de fonder une nouvelle école ;
Considérant d'ailleurs que la rivalité de l'école laïque et de l'école congréganiste, crée un état de division et allume des haines dont souffre la commune : pour n'en citer qu'un exemple, mais récent, ne voyons-nous pas certaines personnalités hautaines qui voudraient cependant passer pour des champions de la liberté et chercher à affamer des ouvriers (ce qui est la pire des oppressions) parce que ceux-ci n'ont pas voulu signer une pétition demandant le maintien des soeurs) ;
Considérant qu'autoriser les religieuses à enseigner comme avant serait creuser sciemment le fossé qui sépare les deux fractions de la jeunesse et serait, de ce fait, un acte anti républicain et anti patriotique ;
Considérant, enfin, que le personnel laïque est digne à tous égards de donner l'instruction et l'éducation à tous les enfants de la commune et peut largement suffire à cette noble tâche ;
Dans un but de pacification et d'affranchissement, Emetons l'avis que l'autorisation demandée soit catégoriquement refusée.
" (document conservé aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

Cette proposition du Conseil municipal fut adoptée à l'unanimité moins une voix, celle du conseiller Faure, signataire de la lettre pétition demandant le maintien des soeurs. Cet opposant motivait son refus d'approuver la proposition du Conseil, par le seul fait que l'école congréganiste ne coûtait rien à la commune.

Au même moment, l'institutrice laïque de l'époque, Lucie Raynaud, écrivait à l'Inspecteur primaire de Périgueux :

"/.../ Les deux religieuses qui dirigeaient l'école congréganiste, rivale de la mienne, ou plutôt l'une d'elles et une autre nouvelle, sont de retour à Blis-et-Born depuis mercredi soir, 1er Octobre, avec tous leurs bagages, bien décidées à n'en plus partir. Elles ont réintégré leur ancien domicile, c'est-à-dire la maison de Mr le Curé, et agissent à peu près comme si leur établissement n'avait pas été fermé. Elles font visite à tout le monde et sont plus particulièrement aimables avec les parents de mes élèves. Elles disent qu'elles sont revenues pour empêcher leurs pauvres petites de fréquenter mon école, que du reste elles auront l'autorisation sous peu et qu'alors il est bien inutile de les changer pour quelques jours. Hier samedi, 5 ou 6 de leurs plus grandes élèves ont passé à peu près la journée avec elles, pour les faire coudre, ont-elles dit. Aujourd'hui dimanche, elles les ont toutes réunies, à la sortie de la messe et les ont conduites à leur habitation et là, elles leur ont expressément recommandé, paraît-il, de s'abstenir d'entrer à l'école laïque, car les pauvres y seraient bien mal considérées. Elles ajoutent qu'elles vont monter un /mot illisible/ pour les plus âgées et qu'elles iront une heure par jour donner l'instruction aux plus jeunes dans les maisons. Elles veulent aussi reprendre leurs deux pensionnaires.
En un mot, leur propagande est aussi et même plus haineuse et plus déloyale qu'avant leur départ.
J'ignore, Monsieur l'Inspecteur, si ces religieuses ont le droit d'agir de la sorte, mais ce que je sais bien c'est que leur présence et leurs aimables procédés mettent obstacle à la venue de leurs élèves chez moi.
/.../" (lettre conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

En effet, le 24 octobre de la même année, une nouvelle demande était faite à la mairie pour l'ouverture d'une école libre, mais cette fois laïque, devant être tenue par des religieuses "défroquées". La lettre du Maire de Blis et Born (Richard) au Préfet, est très claire sur ce sujet et sur ses intentions "/.../ Ce n'est pas parce que cette ex soeur aura remplacé le voile par la voilette et la coiffe par le chapeau que mon opinion changera à l'égard de l'oeuvre poursuivie dans ma commune /.../. et il ne signa aucune demande. L'instituteur (Jean Raynaud) était lui-même furieux : "...les bonnes soeurs de Blis-et-Born se métamorphosent : l'une a jeté le voile et l'autre est, paraît-il, à la recherche d'habits pour se déguiser en laïque. /.../" (lettre à l'Inspecteur primaire de Périgueux, datée du 25 octobre 1902, conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Marie Rosalie Masclaux, étant dégagée de tout lien à l'égard de la Congrégation de St Joseph, se représenta de nouveau à la mairie le 30 octobre pour obtenir le récépissé refusé par le Maire le 24 ; malgré la présence cette fois de Maître Chabrière, huissier près du tribunal civil de Périgueux, ce récépissé ne fut pas remis, ce qui était contraire à la charge des fonctions du Maire et le mettait ainsi en faute par rapport aux textes de loi (article 37 de la loi du 30 octobre 1886). Conscient de cette mise en faute monsieur le Maire expliqua son refus de remettre le récépissé demandé par le fait que le local prévu pour la nouvelle école libre n'était pas mentionné dans les demandes. La mention du local (ancienne école privée) fut portée dans la troisième demande et cette fois le récépissé fut donné (le 14 novembre 1902). Cependant, le Conseil municipal et le Maire en tête, ne désarma pas :

"/.../ Melle Masclaux est l'instrument docile d'une coterie politique haineuse et vindicative /.../. Pour ces gens-là, une école n'est pas un lieu où les enfants peuvent recevoir l'instruction et l'éducation, sans aucun voisinage gênant, à l'abri de toute suggestion contraire aux bonnes moeurs. Dans leur aveuglement, ils installeraient une classe qui leur paraît indispensable pour satisfaire leur rancune politique, comme on installerait un restaurant. Que leur importe le local, pourvu que leur oppression reste ! Mais les gens que n'ont pas aigri de multiples et retentissants échecs électoraux, se demandent s'il est admissible que des religieuses, quoique défroquées, puissent réunir des enfants dans une salle qui communique avec les appartements particuliers du propriétaire ? Si la morale, même la plus élémentaire, ne condamne pas l'obligation d'astreindre des enfants à aller dans des lieux d'aisance servant au propriétaire et à ses invités quand il en a ? " et plus loin : "La malignité publique, déjà éveillée par le sans-gêne avec lequel les "bonnes soeurs" ont jeté le froc aux orties et par la satisfaction qu'elles semblent vouloir affecter d'avoir accompli un acte dont elles n'auraient pas, à mon avis, le droit d'être fières puisqu'en somme cela dénote chez elles un manque de sincérité religieuse que beaucoup ne soupçonnaient probablement pas, la malignité publique, dis-je, ne manquerait pas de trouver là des aliments nouveaux pour s'exercer. Et n'y a-t-il donc pas lieu de se demander si ces ex-religieuses n'ont pas perdu la considération que doivent avoir tous les éducateurs de la jeunesse ? /.../" (lettre du Maire de Blis et Born au Préfet, datée du 20 novembre 1902, conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

En cette fin de 1902, les "bonnes" raisons de s'opposer à la création d'une nouvelle école privée, fut elle laïque, ne manquèrent pas et au fil des jours de nouvelles étaient forgées. Le 14 décembre 1902, le Maire se plaignait de la construction d'un nouveau chemin devant permettre de desservir la salle de classe sans passer par le portail utilisé par le propriétaire de la maison. Pour lui, ce chemin serait dangereux en temps de gelée à cause des marches en pierre où il prend naissance. Ce chemin devait longer la salle de classe (aile gauche de l'ancienne maison Gouzon) pour rejoindre la route. Par ailleurs, une fenêtre a bien été transformée en porte pour permettre aux élèves d'entrer en salle de classe sans passer par les appartements du propriétaire mais il existe toujours une porte entre ces deux parties de la maison. De plus, la maison est la résidence de l'ancien curé (Soulacroux), de sa servante, de sa soeur et du beau-frère de cette dernière, sans compter l'ânesse qui devait être logée au rez-de-chaussée ! A tout ceci s'ajoute le manque de cour de récréation (d'après une lettre du Maire au Préfet, conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

Important est le courrier qui s'ensuivit entre le Maire, le Préfet, l'inspection académique, l'Académie de Bordeaux, le Conseil d'hygiène et les soeurs défroquées. Je ne pourrais malheureusement pas tout citer, mais je lis parmi elles certains passages truculents : "... l'école libre que l'on peut appeler, avec plus de raison, l'école de la servitude ..." et un peu plus loin, "... la question de cette école n'est qu'une question exclusivement politique et de son sort, dépend le sort de la République à Blis-et-Born /.../" (dans une lettre du Maire au Préfet, datée du 2 janvier 1903 et conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256) ; au sujet de Melle Masclaux : "/.../ on ne saurait admettre un seul instant qu'une institutrice, quelle qu'elle soit, publique ou privée, ne donne pas l'exemple des enseignements moraux qu'elle est appelée à inculquer à ses élèves" (dans une lettre de l'Inspecteur primaire de Périgueux, datée du 22 janvier 1903 et conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Dès janvier 1903, le débat fut orienté du côté de la cour de récréation nouvellement aménagée et le puits utilisé par les soeurs pour faire boire les élèves, sans oublier le problème non résolu des toilettes qui demeuraient communes aux élèves et aux résidents de la maison.

Les toilettes

Selon le Maire, les enfants n'étaient pas dans la cour de récréation en sécurité : non sablée, ne comportant pas de préaux, non solidement clôturée : "La clôture n'est d'aucune solidité, elle ne peut empêcher un simple chien de passer et avec un coup de pied, le premier venu peut la démolir..." (lettre du Maire au Préfet, datée du 7 janvier 1903).

Par ailleurs, le maire s'opposant à l'utilisation du puits se trouvant devant la porte du Père Soulacroux, les soeurs proposèrent d'utiliser le puits communal se trouvant à 150 m environ de l'école privée. Nous apprenons alors, grâce à la lettre du Maire au Préfet du 7 janvier 1903, que ce dernier puits est d'un abord excessivement dangereux pour les enfants, qu'il ne fournit de l'eau que huit mois par an en moyenne ("... pendant le reste du temps les habitants du bourg vont chercher l'eau à 2 kilom. environ. Ne les a-t-on pas vus, il y a trois ans, être dans la nécessité de faire fondre de la neige, pour se procurer de l'eau"). Le Maire se demande aussi si l'eau de ce puits est bien saine ("Ne peut-on pas craindre les infiltrations des eaux des fumiers entraînées par la pente dans des mares placées à côté du puits ?"). Le 11 janvier, dans une nouvelle lettre du Maire au Préfet, nous apprenons que "... puisque le puits communal est si dangereux /.../ et comme il ne donne de l'eau que 8 mois en moyenne chaque année /.../ les élèves de l'école libre iront puiser l'eau au puits du presbytère".

En date du 7 janvier 1903, l'Académie de Bordeaux, circonscription de Périgueux, suite à la visite des locaux, faite le 2 janvier 1903 par le Comité d'hygiène du canton de St Pierre de Chignac, fait opposition à l'ouverture de l'école privée "dans l'intérêt de l'hygiène et des bonnes moeurs" (document conservé aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Cette opposition fut suivie d'une opposition officielle envoyée en recommandé par la Préfecture à Melle Masclaux le 21 janvier et d'une autre émanant du Ministère de l'Intérieur et des Cultes et partie de Paris le 2 février de la même année. Dans son rapport du 2 janvier 1903, le Comité d'hygiène ajoutait ceci "la voûte de la salle n'est pas plafonnée, et, comme elle se trouve immédiatement sous les combles, il en résulte que la salle sera trop froide l'hiver et trop chaude l'été".

Une contre expertise fut commandée par Faure (Conseiller municipal opposant) au cabinet d'architecte de F. Paul Mauraud (1 rue de la Boëtie à Périgueux). Voici quelques éléments de son rapport daté du 10 février 1903 :

"/.../ Le bâtiment formant salle de classe et la cour sont très bien placés et très bien aérés, suffisamment loin du cimetière (plus de 200 mètres). La salle de classe bien orientée est éclairée sur trois faces, l'éclairage en est bien suffisant. Le cube d'air est de 116 mètres, la surface de la salle de classe est de 36 m2. La surface de la cour ou préau découvert est de 191m60. Cette cour est entourée sur toutes ses faces d'une clôture dite de chemin de fer de 1m20 de hauteur environ et à barreau serrés. Une pompe est dans la cour. La surface du préau couvert est de 22 m2. Il y a de plus dans la cour une série de vignes sur berceau en fer de 7 m de long sur 3 m de largeur environ qui augmenterait l'abri pendant l'été. /.../ (au sujet du plafond de la salle de classe) Il est absolument suffisant d'autant que le solvage qui le porte, porte aussi un parquet et le matelas d'air entre la charpente et le parquet est d'un assez grand volume. /.../ (au sujet de la porte de communication entre la salle de classe et le bâtiment attenant) ... l'ouverture a été hermétiquement fermée par une maçonnerie de briques avec enduit au plâtre. (il concluait) ... toutes ces dimensions sont suffisantes pour une moyenne de 25 élèves /.../" (document conservé aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256).

Il y eut aussi l'affaire des ruches de Maurice Geneste se trouvant le long d'une haie servant de limite à son jardin et à celui de l'instituteur public. En effet, plusieurs élèves de l'école publique ayant été piqués il devenait nécessaire de les déplacer. Leur propriétaire étant plutôt un défenseur de l'école privée, il fallut faire intervenir les autorités

Le 24 février 1903, puis le 30 avril, sont faites de nouvelles demandes d'ouverture d'école libre, s'ensuivent de nouveaux récépissés du Maire, de nouvelles oppositions de sa part pour les mêmes raisons que précédemment et de nouveaux courriers . Entre temps, certaines insuffisances ont trouvé une solution acceptable par l'Inspection académique (préau et cour devenus suffisants). Par contre, la clôture reste insuffisante du côté nord-ouest car la présence de bestiaux ou chevaux dans la prairie attenante pourrait provoquer quelques accidents. D'autre part, le Père Soulacroux, pour remédier au fait que les toilettes soient communes, a fait entre temps installer un caisson dans sa cave pour ses besoins et ceux des personnes vivant sous son toit, réservant ainsi les toilettes du jardin aux élèves de l'école libre. Ces nouvelles toilettes installées dans la cave étant si rudimentaire qu'elles constituèrent un danger pour l'hygiène d'autant plus que celles-ci se trouvaient pratiquement sous la salle de classe ("... en ouvrant la porte de la cave, une odeur caractéristique vous avertit qu'il faut avancer avec prudence et pour pouvoir séjourner en ce lieu odorant, il faudrait avoir les narines bouchées à l'émeri. Et que sera-ce donc, quand les chaleurs seront arrivées ? La maison entière va être empestée et sera un vaste réceptacle de milliers de microbes de la fièvre typhoïde ou de toute autre maladie contagieuse. Au lieu de permettre d'ouvrir une école dans la chambre d'une telle maison, je crois, si le propriétaire ne rentre pas bientôt en possession de ses privés et afin d'éviter que la population tout entière ne soit contaminée, qu'il y aura lieu de mettre en grosses lettres, au fronton de cet édifice cambronnisé et en attendant le cordon sanitaire : "Maison pestilentielle ; il est interdit de stationner en face" /.../" (lettre du Maire au Préfet, datée du 5 mai 1903 et conservée aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Donc, de nouveau des refus de toutes parts, d'autant plus que l'eau du puits de la maison Soulacroux est maintenant jugée malsaine.

En mars 1903 une affaire dans l'affaire est créée, celle de classe clandestine. En effet, le 16 mars plusieurs habitants du bourg de Blis-et-Born certifient avoir vu à plusieurs reprises trois à quatre enfants de six à treize ans aller prendre des leçons chez Melle Masclaux. Nouvelle plainte à ce sujet le 2 mai, où cette fois il est dit que quatre à cinq jeunes filles d'âge scolaire se réunissent presque chaque jour au domicile de Melle Masclaux et parfois même dans la salle aménagée pour la classe dans la maison du Père Soulacroux (ancienne maison Gouzon). Le 15 mai, Melle Masclaux reconnaît donner des leçons particulières d'écriture, de lecture, de catéchisme et de travail manuel mais jamais de leçons simultanées à plusieurs élèves, sauf pour le travail manuel dont la charge était donnée à Melle Saunier. "Si on a vu plus de 3 élèves entrer chez Melle Masclaux, c'est le matin à la sortie du catéchisme où elles venaient prendre mesure pour des vêtements ou essayer des vêtements faits par Melle Saunier ..." (document conservé aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Par ailleurs, Melle Saunier donnait quelques leçons particulières à domicile dans les hameaux.

En mai de la même année, les conditions d'ouverture de l'école libre sont relativement satisfaisantes, en particulier depuis que le Père Soulacroux a fait enlever de sa cave le caisson qui lui servait de toilettes et qu'il l'a fait remplacer par de véritables cabinets privés. Néanmoins, l'opposition demeure de la part de l'Inspecteur primaire (M. Burollet) pour le motif principal d'ouverture de classe clandestine. Après avoir entendu Melle Masclaux accompagnée de son avocat (Maître Roubenne), le Maire de Blis et Born (Pierre Richard), l'Inspecteur d'académie (M. Ameline), le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire, dans sa séance de jeudi 4 juin 1903 maintient les oppositions à l'ouverture d'une école privée à Blis et Born. Le 17 juin, Melle Masclaux se pourvoie contre le jugement du Conseil départemental de l'instruction publique et refuse d'accepter la juridiction des membres du Conseil départemental en demandant à s'expliquer devant le Tribunal compétent, en l'occurrence le Tribunal correctionnel puisque le grief principal contre l'ouverture de son école est le délit d'ouverture de classe clandestine. Le 24 juin le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire confirme sa décision du 4 juin et le 1er juillet Marie Masclaux fait une démarche de pourvoi pour les mêmes raisons que pour la précédente demande. Cette fois elle est entendue et c'est le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique (instance ministérielle) qui, lors de ses séances du 22 et 27 juillet, infirme la décision du Conseil départemental et donne main levée de l'opposition faite par le Maire de Blis et Born à l'ouverture d'une école privée par Melle Masclaux. Le 17 août 1903, l'école privée est de nouveaux ouverte dans une aile de la maison Soulacroux, cette fois de façon tout à fait officielle et autorisée.

En janvier 1905, Mme Mathilde Félicité Baleyte, née Dauvergne, formule une demande d'ouverture d'école privée à Blis et Born, toujours dans les locaux du Père Soulacroux. Nouveau refus du Maire Pierre Richard pour le motif "d'eau malsaine ou de manque d'eau" et "de salle de classe faisant partie d'une maison habitée". L'Inspection primaire de Périgueux ne s'opposerait à cette nouvelle demande que s'il était démontré que l'eau du puits de la maison Soulacroux est en effet malsaine et, le 27 février, le rapport d'analyse de l'échantillon remis par Monsieur de Tessières, conclu que l'eau est potable. Seulement un prélèvement effectué officiellement le 28 février par l'Inspecteur primaire et envoyé à la Faculté de Médecine de Bordeaux, n'étant toujours pas analysé le 13 mars, le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire autorisa Mme Baleyte à ouvrir son école. Ce qui aurait été fait si le lendemain, les résultats d'analyse n'avaient révélé que l'eau prélevée était "suspecte en raison d'un excès de matières organiques qu'elle contient" et le 14 avril, le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire fit opposition à cette ouverture (documents conservés aux Archives du Périgord, sous la cote MOD O V 256). Quatre litres prélevés à nouveau dans le même puits et analysés à Paris par la Société privée Adrian & Cie, à la demande de Maître Roubenne (avocat de Mme Baleyte), paraissaient cette fois remplir, à la date du 13 avril, les conditions voulues pour tous les usages domestiques mais toutefois, et suivant la demande, les matières organiques n'avaient pas été dosées. Soutenue par son avocat, Mme Baleyte fit donc appel le 19 avril de la décision du Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire, cependant, le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique maintint la décision d'opposition lors de sa séance du 21 juillet suivant.

Le 7 septembre 1905, c'est au tour de Mme de Tessières de faire une demande d'ouverture d'école privée à Blis et Born et toujours dans les mêmes locaux. Nouveau refus du Maire et de l'Inspecteur d'Académie. Oppositions confirmées par le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire lors de sa séance du 8 novembre. Seulement, entre les 17 et 31 août de la même année, le puits de la maison Soulacroux avait été transformé en citerne par une entreprise du Change. Mme de Tessières fit donc appel le 17 novembre et le 18 décembre le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique lui donna raison. L'école privée resta donc ouverte à partir de cette date (1905) et j'usqu'en 1914, année de la vente de la maison Soulacroux à Pierre Chastaing (père de Mme feue Gouzon).

La citerne

La crise avait durée trois ans ; trois ans de brouille avec le Maire et l'instituteur public d'un côté et les institutrices privées de l'autre ; trois ans de brouille entre deux parties de la population blis et bornaise, brouille dont certaines petites filles de notre commune ont souffert ! Dans cette crise, de hautes autorités de l'Etat, basées à Paris, Bordeaux et Périgueux ont été impliquées. Aujourd'hui plus personne ne demandera l'ouverture d'une école privée dans la maison Soulacroux puisque celle-ci est maintenant propriété de la commune et est en cours de transformation en appartements...


Plan 6 : Plan de l'école privée de Blis et Born en 1903 (aile droite de la maison Soulacroux puis maison Gouzon)

 

LEXIQUE

Centimes spéciaux : Supplément d'impôt.

Lettre d'obédience : Lettre délivrée par un supérieur à un religieux, à une religieuse appartenant à un ordre enseignant, et qui tenait
lieu, en France, de brevet de capacité.

Mode individuel : Système d'enseignement à faire la classe successivement à chaque élève. L'élève était appelé au bureau du maître d'école pour recevoir la leçon pendant que les autres élèves étaient censés travailler seuls à leur pupitre. La méthode actuelle est le "mode simultané", la leçon étant donnée à l'ensemble des élèves à la fois.

FIN